Pressé par l'Autorité des marchés financiers, Safran a fait connaître sa décision concernant Zodiac : il ne fera pas d'offre car les conditions d'un rapprochement amical ne sont pas réunies. Cette déclaration entraîne la disparition de la prime spéculative sur Zodiac qui chute de 6,28% à 48,635 euros tandis que Safran progresse de 4,95% à 23,76 euros. Les investisseurs saluent la disparition d'une incertitude majeure. Selon la réglementation boursière, cette décision engage Safran pour une période de 6 mois, sauf modifications importantes des conditions de marché.
Ce qui signifie que si Zodiac faisait l'objet d'une OPA de la part d'une autre société, Safran pourrait lancer une contre offre.
« Depuis juin dernier, Safran, a approfondi et confirmé pleinement son analyse du bien fondé industriel et des complémentarités technologiques de portée stratégique offertes par un rapprochement avec Zodiac Aerospace », a souligné l'équipementier aéronautique dans son communiqué. Le développement de l'avion « plus électrique », c'est-à-dire comportant plus de systèmes électroniques qu'actuellement est prometteur, était l'une des raisons avancées pour justifier ce rapprochement.
Les investisseurs ne croyaient guère au lancement d'une offre. D'une part, le management et les principaux actionnaires de Zodiac ont fait part à plusieurs reprises de leur opposition. D'autre part, Safran doit intégrer deux acquisitions récentes : SNPE Matériaux Energétiques dans la propulsion-fusée à propergol solide et la société américaine L-1 Identity Solutions dans les solutions de sécurité biométrique.
UBS a abaissé sa recommandation sur Zodiac d'Acheter à Neutre à la suite de cette annonce en raison de sa valorisation. L'américain Hamilton Sundstrand ayant officiellement démenti être intéressé par Zodiac, l'analyste ne voit aucune raison d'intégrer une prime spéculative dans son objectif de cours de 52 euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La notoriété de la marque Zodiac est extrêmement forte partout dans le monde.
- La croissance par acquisitions est un axe majeur de la stratégie du groupe. Zodiac sélectionne des sociétés ayant une compétence reconnue dans leur domaine et qui sont complémentaires pour développer des synergies commerciales. Il renforce ainsi ses leaderships et améliore sa compétitivité grâce aux synergies industrielles.
- C'est l'une des entreprises du secteur aéronautique qui sera la plus sensible à la reprise du cycle en raison de son exposition importante à l'aviation d'affaires et régionale.
- Sa situation financière est saine.
- L'activité après-vente (40% du chiffre d'affaires) affiche une capacité de résistance en période de retournement. Elle est regroupée depuis septembre 2008 au sein de Zodiac Service dont la plateforme est désormais opérationnelle.
- Le pacte d'actionnaires des familles historiques du groupe Zodiac renforce la visibilité sur l'actionnariat
Les points faibles de la valeur
- Zodiac est plus exposé que ses pairs à l'aéronautique civile. Les difficultés persistantes sur certains programme (A 380, B 787) rendent incertain le nombre de livraisons possibles.
- Les équipementiers aéronautiques ont un comportement cyclique tardif. Le plein impact de la crise se fera sentir en 2010. La reprise du secteur n'est pas attendue avant 2011.
Comment suivre la valeur
- Zodiac est une valeur de croissance. Elle dépend du cycle général du secteur aéronautique civil.
- Une baisse de 10 cents de la parité euro-dollar coûte à Zodiac 1 point de rentabilité opérationnelle courante. A l'inverse, une hausse a un effet positif.
- L'exercice 2009-2010 sera un exercice de transition.
- Le dossier est spéculatif. En juillet 2010, Zodiac a refusé de répondre à l'offre non sollicitée envoyée par Safran sur une éventuelle fusion entre les deux groupes.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les analystes s'attendent à un rebond des fusions acquisitions dans le secteur, qui était jusqu'ici resté en marge du mouvement. La dernière opération a été réalisée fin octobre 2008, lorsque Finmeccanica a acquis DRS Technologies pour 5,2 milliards de dollars. Safran vient de boucler le rachat de l'américain L1 pour 1 milliard de dollars. Il aimerait également racheter Zodiac, alors que celui-ci tient à son indépendance. Plusieurs indicateurs soulignent la consolidation potentielle du secteur. Pendant la crise, les différents intervenants ont généralement géré leur trésorerie de façon prudente, ce qui leur permet aujourd'hui de bénéficier de liquidités abondantes. En outre, restructurés, ils bénéficient de finances assainies.