Air France-KLM a révisé à la hausse son objectif de résultat d'exploitation pour l'exercice 2010-2011, clos fin mars. La compagnie aérienne prévoit désormais de dégager un résultat d'exploitation supérieur à 300 millions d'euros contre un « résultat d'exploitation positif » auparavant. Au premier semestre, Air France-KLM a réalisé un résultat net part du groupe de 1,03 milliard d'euros, après 1,03 milliard d'euros de plus-value sur Amadeus et une provision complémentaire liée à l'amende cargo, à comparer avec une perte de 573 millions d'euros au 30 septembre 2009.
Le résultat d'exploitation courant s'est élevé à 444 millions d'euros (-543 millions d'euros au 30 septembre 2009) et le résultat d'exploitation ajusté atteint 585 millions d'euros. La marge opérationnelle ajustée est de 4,7%. La perte d'exploitation imputable à la fermeture de l'espace aérien européen au mois d'avril est estimée à 158 millions d'euros. Le chiffre d'affaires total a atteint 12,37 milliards d'euros, en hausse de 14,8%.
Dans le cadre de son plan à trois ans (2011-12/2013-14), le groupe s'est fixé pour objectifs financiers une baisse des coûts unitaires de 3% à change et prix du carburant constants, une marge opérationnelle ajustée supérieure à 7%, un retour à un ratio d'endettement de 0,5 et un ROCE (retour sur capitaux employés) de 8% après impôt.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La fusion Air France-KLM s'affirme comme une très grande réussite. Les synergies montent en puissance, ce qui, combiné à une politique stricte de contrôle des coûts, permet d'améliorer fortement la rentabilité du groupe.
- Air France bénéficie d'une forte réactivité aux évolutions économiques et géopolitiques, grâce au contrôle des coûts et à l'ajustement des capacités.
- La compagnie aérienne est la première à adapter son offre à une clientèle qui met l'accent sur le prix plutôt que sur le confort.
- Son modèle de double hub intercontinental lui permet d'offrir une offre de correspondance sans équivalent en combinant Roissy-Charles de Gaulle et Amsterdam.
- L'appartenance à l'alliance Skyteam et sa flotte rajeunie constituent également des atouts majeurs.
Air France bénéficie d'une des plus fortes expositions aux pays émergents avec près de 40% de son chiffre d'affaires passager contre environ 20% pour British Airways et Lufthansa.
Les points faibles de la valeur
- Les compagnies à faible coût comme EasyJet ou Ryanair ravivent la concurrence sur les trajets court-courriers alors que le prix du billet est devenu le premier critère du passager.
- La hausse des prix du fuel est susceptible de peser sur les résultats du groupe. Les couvertures auront encore un effet négatif en 2010.
- Le trafic cargo est la principale source de pertes. L'équilibre n'est pas attendu avant l'exercice 2011/2012.
Comment suivre la valeur
- Air France KLM est considérée comme une valeur de retournement. Mais seule une confirmation de la reprise vigoureuse du trafic ou l'annonce d'une opération de consolidation sont susceptibles de soutenir le titre.
- Le groupe est sensible au niveau du trafic aérien, et donc à la conjoncture, aux flux touristiques, à la confiance des voyageurs, aux intempéries, et au climat général (guerres, craintes d'attentats, épidémies).
- Gros consommateur de carburant, Air France-KLM est aussi sensible à l'évolution des cours du pétrole, bien que sa politique de couverture en atténue l'impact.
- Les mesures de protection des marges (adaptabilité de la flotte, réduction des coûts) et parallèlement, le coefficient de remplissage des avions, indicateur clé, sont à suivre.
- Air France-KLM est un acteur de poids dans le mouvement de consolidation du secteur.
- Air France réfléchirait à créer dès l'année prochaine une filiale basée à Marseille, Nice et Toulouse, pour faire face à la concurrence d'EasyJet dans le secteur.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
L'Association internationale du transport aérien (Iata) a revu nettement à la hausse ses prévisions de résultat du secteur. Elle table désormais sur un bénéfice de 8,9 milliards de dollars en 2010, soit trois fois plus que sa précédente estimation en juin, grâce à une reprise plus importante et rapide que prévue. Cela constitue un redressement spectaculaire du secteur car, en 2009, les compagnies aériennes avaient subi des pertes estimées à près de 10 milliards de dollars. Ce sont essentiellement les compagnies de la région Asie-Pacifique qui vont tirer parti de ce redressement, avec une forte reprise de l'activité de transport de fret. La prévision de bénéfices pour la région a ainsi été revue à 5,2 milliards de dollars, trois milliards de plus qu'auparavant. En revanche, les compagnies européennes devraient rester globalement déficitaires cette année, même si la prévision de pertes pour 2010 a été réduite à 1,3 milliard de dollars, contre 2,3 milliards précédemment estimés. Le décalage entre l'Europe et l'Asie devrait perdurer en 2011.