En repli de 3,97% à 34,375 euros, Alstom a signé vendredi la plus forte baisse de l'indice sbf 120 (et donc du CAC 40) pénalisé par la dégradation de la Société Générale de Neutre à Vendre. Le titre poursuit sa chute entamée hier (-1,68%) avec la publication de résultats jugés décevants par les bureaux d'études. « Alstom a publié des résultats très faibles marqués notamment par un fort déclin de la croissance organique et nous sommes également très inquiets pour la trésorerie du groupe », a commenté la Société Générale.
La génération de trésorerie a été négative à hauteur de 963 millions d'euros. D'une situation de trésorerie nette de 2,22 milliards d'euros au 31 mars, Alstom est ainsi passé au 30 septembre à une situation de dette nette de 1,47 milliard. Cette évolution s'explique par le financement de l'acquisition de Grid, du cash flow libre négatif sur la période et du paiement du dividende au titre de 2009/10.
Le bénéfice net du groupe a chuté de 29% au premier semestre de son exercice 2010/2011, tandis que les prises de commandes ont reculé de 21%, dans « un ENVIRONNEMENT commercial difficile » en particulier dans le secteur énergétique. Des résultats nettement inférieurs aux attentes du marché.
La Société Générale souligne par ailleurs une pression accrue sur les prix et un environnement de plus en plus concurrentiel alors que le niveau de la demande reste faible sur les marchés européen et américain. Fort de ce constat, la banque a réduit son objectif de cours de 38 à 32 euros.
Partageant un constat similaire, UBS a revu à la baisse son objectif de cours de 40 à 38 euros et réitéré son opinion Neutre, JPMorgan a réduit son objectif de 42 à 40 euros tout en maintenant son opinion Neutre. Enfin, l'objectif de Credit Suisse est passé de 45 à 40,5 euros avec une opinion maintenue à Neutre.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La qualité du portefeuille de clients d'Alstom est excellente : les entreprises publiques et les opérateurs privés de grande taille représentent 80% des clients de la branche Power et 90% de celle du Secteur Transport. Ces proportions limitent la sensibilité d'Alstom à des difficultés de paiement et de financement des projets.
- Sur le long terme, le groupe évolue dans un secteur en croissance, dopé par les besoins en infrastructures des pays émergents et de modernisation dans les pays occidentaux. Bien que certaines dépenses aient été reportées à court terme, les besoins d'infrastructures restent importants dans le monde.
- En reprenant une partie des activités d'Areva T&D, Alstom se diversifie dans la transmission d'électricité (très haute et haute tension), complète ses deux autres activités (Power & Transport) et peut rivaliser avec Siemens et ABB.
- En dépit d'un contexte qui reste difficile, le carnet de commandes offre une certaine visibilité : un montant de 15 milliards est à réaliser en 2010-2011.
- Pour accompagner sa stratégie de croissance organique à long terme, le Groupe va maintenir un niveau élevé d'investissements et de dépenses en recherche et développement.
- La situation financière du groupe est très saine.
Les points faibles de la valeur
- Les effets des retournements économiques se manifestent avec du retard dans les comptes du groupe de transport et d'énergie.
- L'absence de rebond des marchés de l'équipementier inquiète les investisseurs ; la visibilité reste faible : même si les appels d'offre sont actuellement nombreux, ils se concrétisent lentement, voire pas du tout.
- Les marchés publics des transports et des infrastructures énergétiques subissent la conséquence de la nécessité du désendettement dans les pays occidentaux, qui représentent près de 55% des commandes d'Alstom.
- Le processus d'intégration d'une partie des activités d'Areva T&D va être long.
- Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.
Comment suivre la valeur
- Le cours de l'action pâtit régulièrement du caractère cyclique de l'activité d'équipements destinés à la production d'électricité.
- Le carnet de commandes et le rythme des entrées de commandes permettent de bien cerner les perspectives du groupe.
- L'attention devra également se porter sur le processus d'intégration d'Areva T&D.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Alors qu'initialement ils prévoyaient une deuxième mauvaise année en 2010, les professionnels de la mécanique et de la machine-outil en France prévoient désormais une légère amélioration. La Fédération des industries mécaniques (FIM) estime que le redressement de la production dans l'Hexagone devrait se situer entre 3% et 5% cette année par rapport à 2009. En début d'année, elle s'attendait plutôt à une baisse de 5% par rapport à une année 2009 durant laquelle la production avait déjà chuté de 15%. Les statistiques de l'Insee confirment qu'un point bas a été atteint car, au second trimestre, les investissements des entreprises ont contribué positivement au PIB pour la première fois depuis le premier trimestre 2008. D'après le ministère de l'Industrie, les industriels français anticipent une hausse de 5% de leurs investissements en 2010 après une chute de 21% en 2009. Dans le BTP, le Seimat, le syndicat qui représente les importateurs de machines, anticipe un redressement de 10% de l'activité cette année, même si les perspectives sont encore floues.