
L'alliance Renault-Nissan pourrait prendre le contrôle du constructeur russe Avtovaz, une éventualité évoquée mardi par Vladimir Poutine, le Premier ministre de Russie, où le secteur automobile, très lourdement affecté par la crise de 2009, est en pleine reprise.
"Le Premier ministre a indiqué qu'il n'était pas opposé (...) à ce que la part de Renault Nissan (dans Avtovaz) soit élargie, et qu'elle puisse atteindre 50%", a déclaré le patron de l'alliance, Carlos Ghosn, après une rencontre à Moscou avec le Premier ministre.
L'alliance franco-japonaise deviendrait ainsi l'actionnaire majoritaire du constructeur russe.
Actuellement, le japonais Nissan ne détient pas de part dans Avtovaz, dont les principaux actionnaires sont, outre Renault (25% plus une action), le conglomérat russe Rostekhnologuii (25,1%) et la banque d'investissement Troïka Dialog (25%), selon le dernier rapport d'activité disponible d'Avtovaz.
"Nous saluons la possibilité d'élargissement de votre participation dans le capital de la compagnie" Avtovaz, a souligné Vladimir Poutine.
Le 27 octobre, Carlos Ghosn avait fait part à la chaîne russe Russia Today d'un éventuel rachat des 25% de la banque d'investissement Troïka Dialog dans Avtovaz, sans donner plus de précisions, si ce n'est "qu'aucune décision concrète n'a été prise".
Renault avait déjà acquis 25% plus une action d'Avtovaz pour un milliard de dollars en février 2008. Le fabricant des célèbres Lada a entre-temps été pris au piège de la crise économique mondiale et s'est retrouvé confronté à une dette colossale.

L'Etat russe a alors à plusieurs reprises exprimé le souhait que Renault augmente sa participation, mais le groupe français avait jusqu'à présent indiqué ne pas prévoir d'acquérir des parts supplémentaires.
Cependant depuis 2010, le secteur automobile russe, lourdement affecté par la crise de 2009 avec un recul de 49% des ventes par rapport à 2008, est sur la voie de la reprise, y compris Avtovaz.
Le groupe est sorti du rouge et a renoué avec les bénéfices au premier semestre 2010, dégageant un bénéfice net de 3,1 milliards de roubles (74,8 millions d'euros), après une année noire en 2009 avec une perte de 49,2 milliards de roubles (1,28 milliard d'euros).
"Chez Avtovaz, les choses vont de mieux en mieux", a ainsi déclaré le Premier ministre russe, précisant que cette année la capitalisation du groupe s'établissait déjà à 1,79 milliards de dollars.
M. Ghosn a quant à lui fait part de sa confiance dans la reprise du secteur en Russie et indiqué vouloir renforcer la production de véhicules pour faire face à la hausse de la demande russe et "conserver la part de 40%" de l'alliance sur ce marché.
"Les ventes sur le marché russe doivent atteindre quatre millions de véhicules d'ici cinq ans, ce qui signifie que l'alliance doit (pour conserver sa part actuelle) en vendre 1,6 million", a-t-il déclaré.
De son côté, le patron de Rostekhnologuii, Sergueï Tchemezov, a réaffirmé mardi la possibilité de vendre à Renault-Nissan 4% d'Avtovaz, issus d'une augmentation de capital annoncée en juillet et qui devrait faire grimper la part du conglomérat à 29%.
"Il n'y aucune raison pour que Rostekhnologuii détienne plus de 25% (dans Avtovaz) et si (Renault-Nissan) a l'intention d'élargir sa part, nous sommes prêt à soutenir cette opération", a-t-il déclaré.
Mardi, M. Ghosn s'est contenté de répondre que l'alliance réagissait "de manière positive" à l'invitation de Vladimir Poutine, sans donner plus précisions sur les intentions du groupe.
"Pour Renault-Nissan, c'est absolument logique et nous comprenons cette demande. Nous allons étudier cette possibilité avec plaisir" avec les autres actionnaires d'Avtovaz, a-t-il conclu.