
Le groupe français d'électricité EDF va verser 249 millions de dollars (179 millions d'euros) en actions et en cash à son partenaire américain Constellation Energy Group (CEG) dans le cadre d'un accord global réglant leur différend sur le nucléaire américain, selon un communiqué commun.
EDF va racheter à Constellation sa participation de 50% dans leur coentreprise nucléaire UniStar pour 140 millions de dollars.
L'électricien français va en outre transférer à son partenaire américain 3,5 millions d'actions de Constellation qu'il détenait jusqu'alors, pour un montant de 109,2 millions de dollars au cours de clôture de mardi soir.
EDF verra ainsi sa participation dans Constellation descendre de 8,44% à 6,7% et va abandonner son siège au conseil d'administration de l'américain.
En échange, Constellation renonce à exercer une OPTION de vente négociée en 2008 avec EDF. Cette dernière aurait obligé EDF à débourser 2 milliards de dollars (1,44 md EUR) pour racheter au groupe de Baltimore des centrales thermiques à un coût prohibitif.
"Cet accord a reçu l?approbation des conseils d?administration d?EDF et de Constellation", indiquent les deux groupes dans leur communiqué.
"Cet accord semble équilibré pour les deux parties. Il évitera à EDF d'enregistrer une nouvelle perte de valeurs aux Etats-Unis qui se serait élevée à 600 millions d'euros en cas d'exercice" de l'option de vente, a commenté dans une note Louis Boujard, analyste de la maison de courtage Aurel.
L'annonce faisait monter l'action d'EDF à la Bourse de Paris: le titre prenait 1,42% à 32,81 euros vers 11H05 sur un marché en baisse de 0,35%.
L'analyste de la banque Natixis Ivan Pavlovic a lui aussi salué "une bonne nouvelle pour le crédit d'EDF". "Reste maintenant pour EDF à trouver un autre partenaire local" dans la coentreprise Unistar qui est censée construire 4 réacteurs nucléaires EPR aux Etats-Unis, remarque-t-il.
Selon la loi américaine, EDF doit en effet s'associer à un groupe américain pour construire et exploiter des réacteurs nucléaires aux Etats-Unis.
Le groupe français détient désormais 100% d'Unistar et est donc propriétaire des "sites nucléaires potentiels" de Nine Mile Point et R.E. Ginna dans l?Etat de New York ainsi que de deux sites à Calvert Cliffs dans le Maryland (est).
L'électricien français envisage de construire un premier EPR à Calvert Cliffs. La certification par l'autorité de sûreté américaine (NRC) de ce réacteur conçu par Areva ne devrait toutefois pas intervenir avant 2012.
D'ici cette date, EDF estime avoir le temps de trouver un nouveau partenaire américain. Le groupe aurait déjà été approché par des électriciens américains, selon une source proche du dossier.
EDF doit en outre négocier une garantie de prêt avec le département américain de l'Energie (DoE), un préalable essentiel au démarrage de la construction d'un EPR à Clavert Cliffs.
Alliés depuis juillet 2007, Constellation et EDF s'étaient rapprochés davantage en décembre 2008 avec le rachat par le français de la moitié des activités nucléaires de l'américain. Le groupe tricolore avait alors déboursé 4,5 milliards d'euros à l'issue d'une bataille qui l'avait opposé au milliardaire Warren Buffett.
Depuis, les relations entre les deux alliés se sont dégradées, Constellation étant moins enclin à adhérer à se lancer dans le nucléaire, une énergie qui a perdu en compétitivité aux Etats-Unis face à la baisse des prix du gaz.