En hausse de 1,98% à 35,20 euros, Saint-Gobain signe l'une des plus fortes hausses du CAC 40 après l'annonce d'une probable introduction en Bourse de son pôle conditionnement. Cette branche, valorisée entre 3,5 et 4,3 milliards d'euros (8 à 10 fois l'Ebitda) par les analystes du secteur, ne s'inscrivait plus depuis plusieurs années dans la stratégie du leader mondial des matériaux de construction désormais centrée sur l'habitat. Envisagée dès 2007, Saint-Gobain a préféré attendre des conditions de marché moins difficiles pour opérer la scission.
"Dès 2007, j'avais clairement indiqué que le Conditionnement ne s'inscrivait plus dans la stratégie de développement du groupe, désormais centrée sur les marchés de l'habitat", a rappelé Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain.
"Après trois années difficiles, les conditions de marché pourraient être susceptibles en 2011 de valoriser à son juste prix une activité qui a démontré à travers la crise sa solidité industrielle et financière. Nous lançons donc aujourd'hui la procédure visant à une éventuelle mise en bourse qui permettrait aux investisseurs de participer au développement de cette belle activité", a-t-il ajouté.
A l'époque, c'est-à-dire en 2007, les investisseurs misaient plutôt sur une cession pure et simple du pôle conditionnement. Mais sans doute, Saint-Gobain n'a pas repéré de candidat suffisamment intéressé par le projet.
Selon la presse, le groupe a déjà trouvé un nom à sa filiale : Veralia. Dans un premier temps, Saint-Gobain ne devrait céder qu'une part minoritaire sans exclure par la suite de vendre plus par la suite. L'opération pourrait avoir lieu au deuxième trimestre 2011, au plus tôt.
Numéro deux mondial de l'emballage en verre, le pôle conditionnement est un producteur de bouteilles pour le marché des vins et spiritueux, et de pots pour les produits alimentaires. Il est également présent sur les marchés de la bière, des jus de fruits, des boissons non-alcoolisées, des eaux minérales et des huiles. Présent dans 12 pays avec près de 15 000 salariés, le pôle conditionnement a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 3,445 milliards d'euros.
A la Bourse de Paris, Saint-Gobain n'est pas le seul titre à profiter de cette nouvelle. Wendel, l'actionnaire principal du groupe avec 17,5% du capital, gagne 2,46% à 54,60 euros. Les investisseurs estiment que l'opération sera forcément bénéfique pour la société d'investissement.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Pierre-André de Chalendar, le Pdg du groupe, souhaite que Saint-Gobain soit davantage positionné sur des produits à forte valeur ajoutée que sur des produits de base.
- Le groupe est présent dans les matériaux innovants, notamment dans le domaine prometteur de la rénovation énergétique, ce qui sécurise son avenir. Le groupe fait également du solaire un axe de développement majeur.
- Ce positionnement devrait permettre à Saint-Gobain de tirer profit des plans de relance et d'économies d'énergie lancés par les principaux gouvernements.
- Le groupe est réactif face à la dégradation de son ENVIRONNEMENT en mettant en place un ensemble de mesures. Il a renforcé son plan de restructuration, ce qui lui a permis d'atteindre ses objectifs de réductions de coûts (1,1 milliard d'euros sur l'année) et de génération d'autofinancement libre (1 milliard).
- L'année 2010 devrait bénéficier de la forte reprise dans les marchés émergents, qui a déjà été constatée pour le groupe sur le second semestre 2009.
- Grâce à la baisse des coûts, à la réduction du besoin en fonds de roulement, à son augmentation de capital réussie de 1,5 milliard d'euros et à un dividende 2008 versé à 65% sous forme d'actions, le groupe est parvenu à se désendetter de 3,1 milliards d'euros.
Les points faibles de la valeur
- Le secteur de la construction est un de ceux qui a le plus souffert de la crise. Il affiche encore l'une des plus mauvaises performances depuis le début de l'année, sur fonds d'inquiétude sur le rythme de la reprise, notamment aux Etats-Unis. Saint-Gobain affiche l'une des plus fortes baisses du CAC 40 depuis le 1er janvier.
- La part de l'activité dans les pays émergents n'est pas encore suffisante (17% du chiffre d'affaires en 2009).
- Le groupe n'a pas fixé d'objectifs de croissance à moyen terme.
- Le marché s'interroge régulièrement sur les intentions de Wendel, l'actionnaire de référence.
- L'augmentation de capital de 1,5 milliards d'euros n'avait pas été bien perçue par les investisseurs qui ont été surpris et n'ont pas apprécié la forte décote qui a été appliquée sur le cours de l'action.
Comment suivre la valeur
- Le cours de l'action est corrélé aux données macroéconomiques car Saint-Gobain exerce une activité cyclique.
- La conjoncture du secteur du BTP, à travers notamment l'évolution des mises en chantier et des permis de construire, est à surveiller de près.
- Saint-Gobain réalise près de la moitié de ses résultats hors zone euro et est donc sensible aux variations de change.
- Les cours des matières premières influent sur les performances du groupe.
- Le groupe souhaite réaliser de petites opérations dans les pays émergents, l'efficacité énergétique ou le solaire.
- Le groupe projette de céder son activité conditionnement.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les perspectives ne sont pas bonnes pour le secteur. Alors que Lafarge a réduit ses estimations de ventes de ciment pour 2010 en raison d'une conjoncture maussade, Holcim ne fait pas de prévisions pour l'évolution de ses marchés européen et nord-américain et constate un certain degré d'incertitude dans ces régions ainsi qu'une instabilité en Amérique latine. Seule l'Afrique et l'Asie Pacifique montreraient des tendances positives. Le mexicain Cemex est le seul à estimer que le climat économique s'est stabilisé. Dans un contexte morose, les agences de notation soulignent la faiblesse des fondamentaux de certains acteurs. C'est le cas de Lafarge. Sa notation risque d'être dégradée en junk bond. Il doit donc impérativement réduire sa dette nette, qui atteignait 15,16 milliards d'euros à la fin du premier semestre, pour ne pas voir s'accroître le coût de son financement.