En hausse de 2,56% à 25,05 euros, ArcelorMittal a enregistré la plus forte hausse du CAC 40 dans le sillage d'Alcoa. Le premier producteur américain a publié jeudi soir des résultats trimestriels supérieurs aux attentes et relevé sa prévision de demande d'aluminium pour 2010. Le groupe a par ailleurs indiqué entrevoir une amélioration de la conjoncture sur ses marchés. En outre, ce matin Credit Suisse a confirmé son opinion Surperformance et son objectif de cours de 40 dollars (29 euros) sur le leader mondial de la sidérurgie.
Le bureau d'études a cependant réduit ses prévisions de résultats 2010 en raison des risques qui pèsent sur la conjoncture au dernier trimestre. Il anticipe un Ebitda de 9,4 milliards dollars contre 10,2 milliards auparavant et un bénéfice par action de 2,30 dollars conte 2,41 dollars auparavant.
L'analyste anticipe pour 2011 et 2012 respectivement un Ebitda de 12 milliards et 13,5 milliards de dollars.
Credit Suisse souligne que le consensus sous-estime le potentiel de rebond du titre. Il attend pour part un rally du titre au début de l'année 2011.
CA Cheuvreux ne partage pas l'optimisme de son homologue helvète. Le courtier français a maintenu son opinion Sous-performance et son objectif de cours de 21 euros sur ArcelorMittal. Le broker, qui table sur une baisse des prix du minerai de fer à l'automne, attend par conséquent un repli des profits du groupe dans le secteur minier.
En outre, le projet de reporter séparément les mines et l'acier risque de mettre en avant la faiblesse du secteur de l'acier face à ses pairs. Enfin, l'analyste estime que le consensus des analystes pour le quatrième trimestre est trop élevé.
A la Bourse de Paris, ArcelorMittal aligne sa quatrième séance de hausse consécutive. Le titre a terminé en baisse 3% lundi malgré la prévision de la a fédération World Steel Association (WSA) selon laquelle la demande d'acier dans le monde progressera en 2010 de 13,1%, avant d'atteindre un niveau record en 2011.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Arcelormittal est le numéro un mondial de la sidérurgie. C'est un acteur global présent à la fois dans l'extraction minière et dans la distribution des produits sidérurgiques, ce qui lui confère un avantage concurrentiel conséquent.
- La répartition géographique de ses activités est relativement équilibrée entre l'Europe de l'Ouest, l'Amérique du Nord et les pays émergents : son activité n'est donc pas trop dépendante de la conjoncture dans une région donnée.
- Le groupe opère un recentrage stratégique sur les pays émergents, Brésil et Inde en tête, ainsi que sur les activités minières (activités en amont).
- ArcelorMittal a par ailleurs rassuré la communauté financière sur son endettement et sa réactivité pour adapter son outil de production.
- La réduction de son endettement permet au groupe d'accroître sa flexibilité financière.
- Compte tenu des efforts effectués sur les coûts, l'effet de levier sur les résultats sera très important en cas de reprise significative de l'activité. Le titre est un bon sous-jacent pour jouer la reprise de l'économie mondiale, en particulier celle des pays émergents.
Les points faibles de la valeur
- La faiblesse de la reprise en Europe et le retournement du cours des matières premières pèsent sur le cours d'ArcelorMittal.
- Le sidérurgiste a affiché des perspectives peu encourageantes pour le troisième trimestre 2010. Le défi est de répercuter la totalité des hausses de coûts sur les clients.
- La mise en place d'un nouveau mécanisme de fixation des prix, trimestriel et non plus annuel, menace les marges, selon les analystes.
- Le retour aux niveaux d'activité atteints avant la crise est prévu au plus tôt en 2012 ou 2013. La prudence reste donc de mise, d'autant que la croissance chinoise décélère. Or, la Chine représente 40% de la consommation mondiale d'acier.
Comment suivre la valeur
- Arcelormittal est une valeur cyclique, dont le cours amplifie les évolutions du marché (à la hausse comme à la baisse). Sa volatilité peut être élevée.
- L'évolution du prix des matières premières composant l'acier est à surveiller de près. En particulier celui du minerai fer, qui représente environ 30% des coûts d'achats des producteurs d'acier.
- Le groupe se dit prêt à réaliser des acquisitions, une fois que le marché se redressera. Le marché spécule actuellement sur une offre concernant US Steel mais de nombreux analystes sont sceptiques sur une telle éventualité.
- A surveiller l'éventuelle scission de l'activité acier inoxydable par spin-off.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Selon des données de Bloomberg, depuis début 2010, 290 transactions ont eu lieu dans le secteur aurifère, pour un total de 38,4 milliards de dollars. Goldcorp veut fusionner avec le groupe de mines d'or Andean pour 3,6 milliards de dollars canadiens. Cette opération intervient dans un contexte où le cours de l'or a dépassé les plus hauts atteints en juin dernier, au-dessus de 1.300 dollars l'once. Cet été, le canadien Kinross Gold s'est rapproché de Red Back Mining, à travers une opération de plus de 7 milliards de dollars. Auparavant, le rapprochement entre Newcrest Mining et Lihir Gold a donné naissance au cinquième producteur mondial de ce métal précieux. Le secteur minier dans son ensemble est soumis à une vague de fusions-acquistions. Dernier en date, BHP-Billiton cherche à acquérir le producteur canadien d'engrais Potash pour 43 milliards de dollars. Toutefois, les analystes estiment que le temps des OPA géantes est fini car les grandes sociétés minières vont poursuivre leur assainissement financier. Elles pourront ainsi mener des acquisitions de sociétés spécialisées dans un seul minerai et qui n'ont pas les capacités d'en assumer des investissements.