Ave un repli de 0,64% à 36,215 euros, Alstom a enregistré l'unique baisse du marché parisien mardi. Les investisseurs ont sanctionné le plan d'économie du groupes, qui concerne 5% des effectifs totaux et 8% de la division Power, pas assez ambitieux. Alstom a annoncé la suppression de 4 000 postes d'ici mars 2012 dans sa division Power, qui fabrique des turbines électriques. Société Générale a dégradé son objectif de cours sur la valeur de 45 à 38 euros tout en conservant sa recommandation Conserver.
Certes écrit le broker, ce programme, qui devrait permettre d'économiser 250 millions d'euros d'ici 2012, soit 1,3% du chiffre d'affaires en 2009, pourrait permettre au champion français d'atteindre le bas de son objectif de marge de 7% à 8% sur l'exercice 2011/2012 (contre 9,1% en 2009/2010). Mais il ne répond pas aux problématiques structurelles comme la concurrence de la Chine et de la Corée du Sud dans les marchés du charbon et de l'hydraulique.
Pour JPMorgan, l'accroissement des restructurations devrait soutenir les marges, mais les objectifs risquent malgré cela de ne pas être atteints. Aussi, la banque américaine reste Neutre sur la valeur. CA Cheuvreux partage le scepticisme de ses confrères. S'interrogeant sur la faiblesse du plan, CA Cheuvreux a confirmé son opinion Sous-performance et son objectif de 34 euros. Le broker pense qu'Alstom pourrait annoncer de nouvelles mesures d'économies le mois prochain.
Alors que le carnet de commandes reste au point mort, il ne reste semble-t-il d'autres choix à Alstom que de durcir son plan d'austérité pour soutenir une action qui a perdu plus de 26% depuis le début de l'année.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La qualité du portefeuille de clients d'Alstom est excellente : les entreprises publiques et les opérateurs privés de grande taille représentent 80% des clients de la branche Power et 90% de celle du Secteur Transport. Ces proportions limitent la sensibilité d'Alstom à des difficultés de paiement et de financement des projets.
- Sur le long terme, le groupe évolue dans un secteur en croissance, dopé par les besoins en infrastructures des pays émergents et de modernisation dans les pays occidentaux. Bien que certaines dépenses aient été reportées à court terme, les besoins d'infrastructures restent importants dans le monde.
- En reprenant une partie des activités d'Areva T&D, Alstom se diversifie dans la transmission d'électricité (très haute et haute tension), complète ses deux autres activités (Power & Transport) et peut rivaliser avec Siemens et ABB.
- En dépit d'un contexte qui reste difficile, le carnet de commandes offre une certaine visibilité : un montant de 15 milliards est à réaliser en 2010-2011.
- Pour accompagner sa stratégie de croissance organique à long terme, le Groupe va maintenir un niveau élevé d'investissements et de dépenses en recherche et développement.
- La situation financière du groupe est très saine.
Les points faibles de la valeur
- Les effets des retournements économiques se manifestent avec du retard dans les comptes du groupe de transport et d'énergie.
- L'absence de rebond des marchés de l'équipementier inquiète les investisseurs ; la visibilité reste faible : même si les appels d'offre sont actuellement nombreux, ils se concrétisent lentement, voire pas du tout.
- Les marchés publics des transports et des infrastructures énergétiques subissent la conséquence de la nécessité du désendettement dans les pays occidentaux, qui représentent près de 55% des commandes d'Alstom.
- Le processus d'intégration d'une partie des activités d'Areva T&D va être long.
- Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.
Comment suivre la valeur
- Le cours de l'action pâtit régulièrement du caractère cyclique de l'activité d'équipements destinés à la production d'électricité.
- Le carnet de commandes et le rythme des entrées de commandes permettent de bien cerner les perspectives du groupe.
- L'attention devra également se porter sur le processus d'intégration d'Areva T&D.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Alors qu'initialement ils prévoyaient une deuxième mauvaise année en 2010, les professionnels de la mécanique et de la machine-outil en France prévoient désormais une légère amélioration. La Fédération des industries mécaniques (FIM) estime que le redressement de la production dans l'Hexagone devrait se situer entre 3% et 5% cette année par rapport à 2009. En début d'année, elle s'attendait plutôt à une baisse de 5% par rapport à une année 2009 durant laquelle la production avait déjà chuté de 15%. Les statistiques de l'Insee confirment qu'un point bas a été atteint car, au second trimestre, les investissements des entreprises ont contribué positivement au PIB pour la première fois depuis le premier trimestre 2008. D'après le ministère de l'Industrie, les industriels français anticipent une hausse de 5% de leurs investissements en 2010 après une chute de 21% en 2009. Dans le BTP, le Seimat, le syndicat qui représente les importateurs de machines, anticipe un redressement de 10% de l'activité cette année, même si les perspectives sont encore floues.