L'Umih, premier syndicat d'hôteliers et de restaurateurs a élu lundi le duo Roland Héguy et Hervé Becam a sa tête, mettant fin à une situation ubuesque, qui a ralenti son fonctionnement et brouillé la communication d'un secteur très décrié sur fond de baisse contestée de la TVA.
Présidente en titre, mais récusée par une majorité des élus départementaux, Christine Pujol n'était pas candidate à ce scrutin, organisé à la demande de la justice pour sortir d'un conflit inextricable.
Si tous les observateurs du secteur admettent que ces élections vont "éclaircir la situation du principal syndicat", elles ne mettent pas automatiquement un terme aux querelles intestines.
D'abord, l'Umih devrait retrouver une voix et un fonctionnement normal. Depuis un an, et un putsch mené entre autres par son prédécesseur André Daguin, Mme Pujol, a été mise à l'écart par la majorité des élus de l'Umih et des permanents du syndicat.
Même confirmée dans sa fonction par la justice, elle a toujours été empêchée de travailler, et même d'accéder à ses bureaux, par ses opposants.
Ces derniers avaient organisé en mars des élections, déjà remportées par le duo Héguy-Becam, que la justice a ensuite invalidées.
La confédération avait donc à sa tête une femme empêchée d'exercer sa fonction et des dirigeants majoritaires, mais sans aucune légitimité, obligés de faire profil bas.
Seul candidat à ce scrutin, le ticket Héguy-Becam a été élu par 97,5% des voix dans un scrutin marqué par une forte participation (94%).
Ces scores vont permettre "de tourner la page, retrouver un climat serein", estime M. Héguy, joint par l'AFP et aussi "faire réfléchir" ceux qui n'ont pas voté ou ont voté contre.
Sont visées: les unions départementales de Loire-Atlantique/Maine-et-Loire et de l'Aude. En fin de semaine, elles ont saisi en vain la justice pour faire interdire le scrutin. Et l'Umih 44/49 menace toujours de faire sécession.
En cause, selon Philippe Quintana, président de l'Umih 44/49, le poids des chaînes hôtelières dans la confédération nationale, un vieux sujet de conflit.
Associé à l'Umih, le GNC (Groupement national des chaînes qui représente le groupe Accor, Hyatt, Hilton, ou encore B&B Hotels) pèse près du quart des cotisations et... des droits de vote aux élections pour la présidence.
"L'Umih, ce sont surtout des indépendants. On n'a pas les mêmes intérêts que les chaînes", explique M. Quintana qui préférerait que le GNC ne soit plus associé.
Analyse que ne partage pas Jacques Barré, président du GNC, qui "défend aussi les indépendants, notamment tous les franchisés". Même s'ils sont sous enseigne Ibis, Mercure ou Novotel, plus de la moitié des hôtels Accor en France sont exploités en franchise, et donc peuvent appartenir à un indépendant.
"L'Umih a besoin des grands noms du GNC pour se faire ouvrir les portes des ministères, mais le GNC a besoin du poids de l'Umih et de ses 80.000 adhérents", souligne un autre proche du dossier.
Proche d'André Daguin, Roland Héguy, président de l'Umih Pays Basque, aura sans doute moins de difficultés que Christine Pujol à se glisser dans le fauteuil longtemps occupé par le bouillonnant Gersois.
Quant à Mme Pujol, moins charismatique que son prédécesseur, elle n'était pas la candidate choisie par M. Daguin pour lui succéder, et n'a "jamais eu les coudées franches", selon ses proches.