Sur les cinq dernières séances, Michelin a dégringolé de près de 18%. Les investisseurs ont réagi vivement à l'annonce la semaine dernière par le fabricant de pneumatiques d'une augmentation de capital de 1,2 milliard d'euros. Cette opération sera destinée à financer des investissements visant à accélérer la croissance du groupe, tout particulièrement dans les pays en voie de développement. Lors d'une conférence de presse, Michelin a évoqué des perspectives favorables à l'HORIZON 2020 grâce à cette levée de fonds.
Mais ces prévisions ont laissé les investisseurs de marbre : redoutant l'effet dilutif de cette levée de fonds, ils ont lourdement sanctionné le titre en bourse.
L'augmentation de capital prévue par Michelin devrait permettre au groupe de porter ses investissements annuels à 1,6 milliard d'euros contre 1,2 milliard actuellement, a détaillé Michel Rollier, le gérant du groupe. Elle lui permettra également de conforter sa notation de crédit et sa capacité d'accès aux marchés de financement et d'une manière générale, de renforcer sa flexibilité financière.
Ces investissements plus massifs permettront selon le groupe de Clermont-Ferrand d'accélérer la croissance, avec une augmentation des volumes vendus de 25% d'ici 2015 et de 50% d'ici 2020.
A l'horizon 2015, le groupe anticipe un résultat opérationnel avant éléments non récurrents nettement supérieur à 2 milliards d'euros. Michelin a par ailleurs annoncé son intention de maintenir un taux de distribution de dividende de l'ordre de 30% entre 2010 et 2015.
Le prix unitaire de souscription de l'augmentation de capital a été fixé à 45 euros par action nouvelle, soit un prix très inférieur au cours de clôture de l'action lundi soir à 65,26 euros. Les actions nouvelles émises à cette occasion sont réservées aux actionnaires actuels à raison de deux actions nouvelles pour onze existantes. La période de souscription sera ouverte jusqu'au 13 octobre inclus.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Michelin est le leader mondial des pneumatiques avec environ 17% du marché mondial en valeur.
- Michelin est une entreprise bien gérée, capable de défendre ses marges grâce à la fermeté de ses prix de vente. A cela s'ajoute un important travail pour réduire les coûts et accroître les gains de productivité.
- Le pneumaticien dispose d'une bonne capacité de recherche et d'innovation, qui lui confère un avantage stratégique indéniable dans un contexte extrêmement concurrentiel.
- La grande partie de son activité est réalisée sur le marché des pneus de remplacement, qui est moins cyclique que celui de la première monte.
- Michelin sort de la crise avec une situation financière plus solide que ses concurrents.
- Michelin est l'une des sociétés préférées des actionnaires individuels.
=/Les points faibles de la valeur/=
- La visibilité reste faible dans l'activité poids lourds, contrairement au marché du véhicule de tourisme, qui bénéficie d'un rebond des remplacements de pneus.
- Michelin ne bénéficie pas de prime au leader dans son secteur en Bourse. Une partie de sa faible valorisation chronique est liée au caractère non opéable de la société du fait de son statut de commandite.
=/Comment suivre la valeur/=
- En tant qu'équipementier automobile, les performances du groupe sont étroitement liées à celle du marché automobile mondial (du fait de sa diversification géographique), qui impacte son activité de première monte.
- L'activité de remplacement est sensible aux évolutions de l'économie, en particulier au taux de chômage et à l'évolution du PIB.
- L'évolution du cours des matières premières est également à surveiller de près : le caoutchouc naturel représente près du tiers de ses achats de matières premières en valeur et les noirs de carbone et les matières premières entrant dans la fabrication du caoutchouc synthétique (dérivées du pétrole) en représentent 40%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobile - Equipementiers
Les prévisions des fabricants de pneumatiques sont bonnes pour l'année 2010. Bridgestone prévoit un profit net de 91 milliards de yens. Michelin se déclare optimiste car la hausse des cours des matières premières, si elle devait se poursuivre, devrait être compensée par des hausses de prix. Pirelli a, lui, revu à la hausse ses objectifs pour l'ensemble de l'année. Même optimisme chez les autres équipementiers : la plupart d'entre eux considèrent qu'ils sont sortis de la crise. Faurecia, le numéro un français du secteur, considère que la situation risque d'être encore difficile en Europe au second semestre. Toutefois il compte reprendre ses dépenses d'investissements et de R&D sur un horizon de deux-trois ans. Quant à Plastic Omnium, il affirme que la moitié des équipementiers est sortie de la crise, mais que les autres doivent faire attention aux problèmes de liquidité.