
Les ventes de voitures neuves en France ont continué à reculer en septembre, pour le cinquième mois consécutif, les acheteurs s'étant moins pressés que l'an dernier après la réduction de la prime à la casse, mais la profession estime qu'ils limiteront les dégâts cette année.
En septembre, mois traditionnellement assez important, les immatriculations de voitures neuves ont baissé de 8,1% par rapport au même mois de 2009, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) publiés vendredi alors que Paris accueille le Mondial de l'Auto.
Sur les neuf premiers mois de l'année, les ventes restent en hausse modérée de 0,8%.
Dopées l'an passé par la prime à la casse, les immatriculations de voitures neuves sont reparties à la baisse depuis mai, suite à la réduction de cette prime qui est passée de 1.000 euros l'an dernier à 700 euros en janvier, puis à 500 euros en juillet. Le dispositif doit prendre fin le 31 décembre 2010.
Pour François Roudier, porte-parole du CCFA, le chiffre de septembre "reflète la sortie progressive de la prime à la casse" anticipée par la profession.
Cette année, "il faut en premier lieu voir dans ces chiffres l'impact des politiques commerciales très agressives des constructeurs pour soutenir les ventes face à la disparition progressive de la prime à la casse", observe Philippe Gattet, analyste automobile du cabinet Xerfi.

Le monde de l'automobile français garde en effet un très mauvais souvenir de la fin de la "juppette", la prime à la casse mise en place par Alain Juppé en 1995-96, qui avait été suivie par un effondrement du marché.
En Espagne, la fin en juillet de la prime à la casse en vigueur depuis mi-2009, couplée à une augmentation de deux points de la TVA, a fait plonger les ventes de voitures neuves de 26,9% le mois dernier.
D'ores et déjà, on sait que les chiffres français de la fin de l'année seront mauvais, quand on les comparera aux chiffres "délirants" atteints à la fin 2009, prévient François Roudier. Les Français s'étaient alors précipités pour bénéficier de la prime à la casse "plein pot".
"On devrait finir l'année avec plus de 2 millions de voitures, ce qui est ma foi très positif puisque c'est le niveau normal du marché sur les dix dernières années", a-t-il estimé. L'an dernier, les ventes avaient atteint 2,3 millions de véhicules.
"Sur un parc de 33 millions de voitures en France, il s'en renouvelle à peu près 2 millions tous les ans", a rappelé le représentant du CCFA
Chez Xerfi, M. Gattet a une vision plus pessimiste, même s'il attend les mêmes chiffres au final: "Un plongeon du marché automobile français devient donc inéluctable au cours des prochains mois. D?autant que le moral des ménages est encore au plus bas et les fondamentaux de l?économie fragiles."
"Le marché français devrait donc reculer de près de 10% cette année avant de se stabiliser dans le meilleur des cas en 2011. Cela porterait les ventes de véhicules particuliers autour de 2 millions, c'est-à-dire proche de la moyenne historique", ajoute-t-il.
Pour l'an prochain, le CCFA estime que la santé du marché automobile français devrait être tiré par le renouvellement des flottes des professionnels.
Dans ce contexte, les deux groupes automobiles français sont à la baisse en septembre: -3,8% pour PSA Peugeot Citroën et surtout -16,0% pour le groupe Renault. Ils gardent une part de marché de 55,1%, en baisse de 1,9 point en un an.