PSA Peugeot Citroên a réalisé l'an dernier un tiers de ses ventes hors d'Europe. En 2015, le groupe veut porter cette part à 50%. Trois marchés, essentiellement, vont lui permettre d'y parvenir, explique Philippe Varin, président du directoire dans une interview au "Figaro". "En Amérique latine, nous investissons 700 millions sur trois ans pour renforcer NOS capacités de production. En Russie, grâce à notre coentreprise avec Mitsubishi, nous produirons 125.000 voitures par an à partir de 2012. Surtout, nous mettons les bouchées doubles en Chine", précise t-il.
Avec son partenaire chinois Dongfeng, le groupe va lancer un nouveau modèle par an au cours des cinq prochaines années pour chacune des marques Peugeot et Citroên. La construction d'une troisième usine va porter sa capacité de production avec ce partenaire à 750.000 voitures par an en 2015.
C'est bien, mais pas suffisant, estime le dirigeant. C'est pourquoi PSA Peugeot Citroên est en cours de création d'une deuxième coentreprise, avec Chang'An.
La Chine est le deuxième marché du constructeur français et il devrait dépasser les 350.000 ventes cette année, soit un doublement par rapport à 2008. Loin derrière la France (738.000 ventes en 2009).
"Mais si notre croissance se déroule comme prévu, ce marché est effectivement destiné à devenir notre premier débouché. Au total, nous visons 8% de part de marché en Chine entre 2015 et 2020 avec nos deux coentreprises, contre 3,4% actuellement. Avec une telle part de marché, nous dépasserions aujourd'hui le million de véhicules vendu par an dans ce pays !", souligne Philippe Varin.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- PSA Peugeot Citroên est le deuxième constructeur automobile européen et le huitième mondial.
- Le groupe est bien parti pour consolider ses parts de marché avec une gamme renouvelée, grâce aux lancements récents de modèles phares comme la C3 chez Citroên, ou les monospaces et la 3008 chez Peugeot.
- Selon le groupe, la jeunesse de ses gammes devrait lui permettre de gagner des parts de marché sans sacrifier les prix.
- Le management de PSA a été visionnaire sur la problématique des économies d'énergie pour les petites voitures.
- Le groupe s'est doté d'un plan ambitieux d'amélioration de ses performances opérationnelles.
- Le groupe réalise plus du tiers de ses ventes hors d'Europe occidentale, ce qui lui permet de limiter les effets de la crise dans ces pays. L'objectif est d'atteindre 50% à HORIZON 2015 et des parts de marché de 8% en Chine d'ici 2015-2020.
- La structure financière du groupe est saine avec un taux d'endettement de seulement 12,5%.
- PSA bénéficie d'une stabilité actionnariale, le groupe familial Peugeot détenant plus de 30% du capital.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Le marché européen représente la plus grande partie de ses ventes : l'année 2010 devrait donc être délicate avec la réduction ou la fin des dispositifs de prime à la casse.
- Le plan d'amélioration des performances opérationnelles comporte une incertitude de taille : la croissance des ventes en Europe, qui suppose un redémarrage durable du marché automobile.
- Les perspectives affichées pour le second semestre ont déçu le marché.
- Le groupe n'a pas distribué pas de dividende au titre de l'année 2008. Rien n'a été annoncé pour 2009.
Comment suivre la valeur
- Peugeot est une valeur cyclique, directement liée à la conjoncture économique et au moral des ménages.
- L'évolution des taux d'intérêt est à observer du fait de l'importance de la vente à crédit dans le secteur (qui concerne deux voitures sur trois).
- Les constructeurs menant des politiques commerciales agressives, les politiques de remise et les lancements sont à examiner.
- Jusqu'ici attaché à son indépendance, le groupe a seulement conclu des accords de coopération ponctuelle avec certains constructeurs : Fiat, Toyota, Mitsubishi ou BMW.
- L'échec d'un rapprochement capitalistique n'empêche pas PSA Peugeot Citroên et son homologue japonais Mitsubishi de poursuivre leurs pourparlers sur des projets industriels.
- Suivre l'évolution de la participation dans l'équipementier Faurecia, qui vient d'être réduite à 57% suite au rapprochement entre cette filiale et Emcom. PSA n'exclut pas de réduire encore sa participation à l'avenir.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobiles - Constructeurs
Certains analystes estiment qu'au niveau mondial, le premier semestre 2010 devrait s'achever sur un bond de 30% des fabrications automobiles, comparé à la même période l'an dernier. D'autres, encore plus optimistes, prévoient une croissance de la production de 36% sur la même période, à 34,4 millions de véhicules (voitures particulières et utilitaires légers). Les récentes déclarations du dirigeant de Renault vont dans le sens de ces estimations. Carlos Ghosn prévoit un nouveau record pour l'industrie automobile mondiale dès cette année, avec un total de 70 millions de véhicules produits, contre seulement 57 millions l'an dernier. Toutefois les situations sont très disparates selon les régions. Sur le continent européen, les constructeurs espèrent que la baisse des ventes totales ne sera pas supérieure à 9% ou 10% sur 2010. Aux Etats-Unis, le marché devrait rester compris entre 10 et 11 millions de livraisons, entraînant des fermetures d'usines de General Motors et Chrysler. En revanche en Chine, la production sur les six premiers mois a quasiment couvert les besoins intérieurs, à environ 6,9 millions de véhicules.