Le titre BNP Paribas se distingue dans la matinée, avec une progression de 1,34% à 55,9 euros ; la plus forte de l'indice CAC 40. Cette performance se compare à une hausse de 0,18% seulement pour l'indice DJStoxx européen des banques. Cette hausse survient alors que Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas, a déclaré dans une interview accordée aux Echos que le groupe bancaire n'aurait pas besoin de faire appel aux marchés pour respecter les nouvelles exigences imposées par Bâle III.
« Nous allons continuer à mettre deux tiers de notre bénéfice en réserve et à en distribuer un tiers comme nous le faisons déjà depuis plusieurs années en moyenne », explique le dirigeant. « Avec une telle politique de distribution et en gérant notre bilan de manière active, nous devrions être en permanence au dessus des 7% tout au long de la période de transition sans avoir à lever de capital supplémentaire », ajoute-t-il.
Interrogé sur la portée des décisions prises par le Comité de Bâle, Baudouin Prot estime qu'il s'agit d'un « véritable New Deal bancaire » comme il n'y en a que tous les cinquante ans. Il évoque une réglementation beaucoup plus stricte qu'auparavant. Selon lui, le seuil de 7% de capital rapporté aux actifs pondérés des risques équivaut à un ratio d'environ 10% dans l'ancienne définition.
Il estime par ailleurs que ces exigences de capital vont exiger un effort important et continu des banques françaises, et avertit qu'elles pèseront inévitablement sur le coût et le volume du crédit, ce qui pourrait entraîner un financement moins dynamique et plus cher pour l'économie.
Autre conséquence de Bâle III : les acquisitions devraient être plus difficiles au sein du secteur selon Baudouin Prot. « Dans les prochaines années, les banques n'auront sans doute pas les moyens de réaliser des acquisitions significatives payées en cash sans lever de capitaux sur les marchés », a-t-il anticipé, ajoutant que les opérations réalisées par échange de titres resteront possibles.
Sur ce plan, le dirigeant s'est dit intéressé par Pioneer, la filiale de gestion d'actifs d'UniCredit, « lorsqu'elle sera sur le marché ». Il a en revanche écarté tout intérêt pour la banque privée allemande BHF.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas est devenue une véritable banque européenne depuis le rachat de Fortis et la première banque de dépôt du continent. Avec deux marchés domestiques en plus, le groupe a 540 milliards d'euros de dépôts, soit la base la plus importante de la zone euro. Il devient aussi numéro 1 en banque privée et numéro 4 en gestion d'actifs pour la zone euro.
- Ce leadership lui permet de bénéficier d'une situation de liquidité favorable et d'être peu dépendant du marché interbancaire.
- BNP Paribas fait partie des groupes bancaires de taille mondiale qui ont le mieux traversé la crise.
- Le groupe a enregistré, dans un contexte économique pourtant dégradé, d'excellents résultats en 2009 grâce à de bonnes performances opérationnelles dans l'ensemble de ses activités.
- Anticipant le nouveau cadre réglementaire « Bâle III », le groupe a pris soin d'augmenter ses fonds propres, afin d'éviter notamment une augmentation de capital.
- La banque est l'un des établissements les plus vertueux sur le plan des bonus versés aux opérateurs de marché en 2009. La part des revenus allouée aux rémunérations dans la banque de financement et d'investissement a été ramenée de 40% à 27,7% l'an dernier.
- Le groupe redistribue environ un tiers de ses résultats en dividende.
Les points faibles de la valeur
- Bien que sortie renforcée de la crise, par comparaison aux autres acteurs du secteur, la banque est très volatile en Bourse à l'image de l'ensemble du secteur financier depuis 2008.
- Les inquiétudes sur le secteur sont persistantes. Même si les règles annoncées par le Comité « Bâle III » mi-septembre ont soulagé, avec des ratios prudentiels dans le bas de la fourchette des attentes, les marchés s'interrogent sur la validité des « stress tests » (tests de résistance) menés en Europe. Certains estiment qu'ils minimisent le risque pris par certaines institutions.
- Les inquiétudes sur la dette souveraine des Etats périphériques de la zone euro pèsent également sur la valeur. Mais les engagements commerciaux de BNP Paribas en Grèce et son exposition à la dette du pays sont très limités par rapport à la taille de la banque.
=/Comment suivre la valeur/=
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur.
- En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail.
- Le coût du risque reste à surveiller.
- Surveiller également la mise en place du dispositif «de Bâle III» qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon Moody's, les banques européennes ont un niveau de fonds propres suffisant pour absorber les pertes qui pourraient résulter de leurs portefeuilles de créances en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande. Les 30 banques européennes étudiées par l'agence de notation ont un ratio de fonds propres moyen de 9%. Ces établissements peuvent compter sur l'intervention de la Banque Centrale Européenne, qui a décidé d'acheter des obligations de pays qui subissent un fort déficit budgétaire. Sous la pression des marchés, notamment inquiets des difficultés économiques de l'Espagne, les pays de l'Union Européenne vont publier les résultats des tests de résistance des banques d'ici fin juillet. L'an passé, les tests avaient démontré que les banques européennes étaient suffisamment capitalisées pour affronter une détérioration sévère des conditions macroéconomiques. Aujourd'hui, la crise de la dette souveraine oblige à récidiver. Cette initiative permettra de mettre en lumière les banques les plus fragiles du système européen, posant ainsi la question de leur recapitalisation.