Mersen (ex Carbone Lorraine) bondit de 3,79% à 30,10 euros à la Bourse de Paris, soutenu par la révision à hausse de ses perspectives annuelles. Le 30 août dernier, le titre du spécialiste des solutions en graphite et des composants électriques avait chuté de plus de 4%, pénalisé par sa prudence concernant l'avenir en raison des incertitudes qui plane sur l'évolution de la conjoncture économique. Dans ce climat morose, les investisseurs attendaient des précisions sur les perspectives du groupe lors d'une réunion d'analystes le 15 septembre. Ils n'ont pas été déçus.
Ainsi en préambule à cette réunion, Mersen a actualisé ce matin ses prévisions pour l'année 2010. Le groupe prévoit sur l'exercice une croissance organique à deux chiffres et une marge opérationnelle courante au moins égale à celle du premier semestre de 9,9%. "Ces prévisions tiennent compte d'une activité toujours en reprise sur l'ensemble de NOS marchés et du dynamisme de nos ventes pour l'industrie photovoltaîque", a indiqué le groupe industriel.
Fin août, à l'occasion de la publication de ses résultats pour le premier semestre, Mersen avait déclaré tabler, pour l'ensemble de l'exercice 2010, sur une croissance de son chiffre d'affaires en base organique et sur une amélioration de sa marge opérationnelle courante.
A l'époque, Gilbert Dupont avait abaissé de 3% à 1,69 euro son estimation de bénéfice par action 2010, tout en restant à Accumuler sur le titre. Plus optimiste, Portzamparc avait confirmé son opinion Renforcer sur la valeur.
"Sur fond d'un discours toujours prudent des dirigeants pour le deuxième semestre, les signaux de reprise initiés au premier semestre sur les marchés traditionnels de Mersen devraient se poursuivre sur l'ensemble de l'exercice et contribuer, par un effet volume, à l'accroissement de la rentabilité", avait il écrit.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Rebaptisé Mersen au printemps 2010, l'ex-Carbone Lorraine bénéficie d'une réputation centenaire et occupe des positions de premier rang sur ses principaux marchés, avec une situation financière solide.
- Le groupe opère sur des secteurs en forte croissance comme la chimie-pharmacie, l'électronique et les énergies renouvelables (éolien et solaire).
La vente de l'ensemble des activités liées à l'industrie automobile est une étape essentielle du repositionnement du groupe sur ses marchés porteurs.
Le groupe compte réaliser à terme 50% de son chiffre d'affaires dans le développement durable, qui regroupe les énergies alternatives, l'efficacité énergétique et le transport ferroviaire.
La démarche de R&D et le positionnement du groupe sur des marchés très techniques sont considérés comme des atouts.
Le groupe se développe fortement en Asie, qui devrait représenter près de 30% du chiffre d'affaires à moyen terme, contre 22% mi-2009. Les efforts se concentrent notamment sur la Chine.
Carbone Lorraine a un nouvel actionnaire significatif, aux côtés d'Axa IM Private Equity (16,4%) et de la société d'investissement belge Sofina (7,2%). La CDC détient désormais 5,04% du capital, en partie grâce à un mouvement du Fonds stratégique d'investissement (FSI).
Les points faibles de la valeur
La visibilité reste faible sur une amélioration des résultats.
- Carbone Lorraine réalise 37% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, ce qui le rend très dépendant de la conjoncture américaine et de l'évolution du dollar.
Comment suivre la valeur
- Le groupe est exposé au dollar et à la hausse des prix du cuivre et de l'énergie.
- La société étant dépendante des investissements industriels des entreprises et donc très sensible à la conjoncture économique, les marchés sur lesquels ses clients interviennent sont à suivre.
La valeur est considérée comme « late cyclical » : la reprise de l'activité intervient en décalage par rapport à celle de la conjoncture économique.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Selon Fitch rating, les opérations de fusions-acquisitions devraient revenir en force parmi les groupes de biens d'équipement du fait de l'existence de réserves de liquidités. Au sein des dix groupes du secteur notés par l'agence ces réserves s'élèvent à plus de 10 milliards d'euros, soit une progression de 50% l'an passé. Des acteurs majeurs tels Schneider ou ABB ont déjà franchi le pas alors que d'autres tels que Siemens ou Legrand ont annoncé leur intention de réaliser des acquisitions en 2010. C'est la structure du secteur qui crée un besoin de rapprochements, permettant aux acteurs de bénéficier de synergies ou d'ouvertures vers de nouveaux marchés, dans un marché marqué par une lente reprise. En outre, les valorisations sont actuellement attractives, à 9,1 fois l'Ebitda au premier trimestre 2010 contre un plus haut de 12,9 fois atteint en 2007. Néanmoins Fitch souligne que, si elles ne sont pas menées prudemment, les opérations de croissance externe pourraient menacer les notations crédit. C'est le risque des acquisitions de grande ampleur.