Le fournisseur d'accès internet Iliad (Free/Alice) a affiché au premier semestre une nette amélioration de sa rentabilité grâce au redressement de sa filiale Alice, lui permettant d'aborder le tournant de la téléphonie mobile dans de solides conditions.
Son bénéfice net a plus que doublé, à 171,4 millions d'euros, grâce notamment à 39,9 millions de résultat exceptionnel, dont une partie liée à la fin de litiges. Orange et Free ont récemment enterré la hache de guerre, mais aucune information n'a filtré sur d'éventuelles compensations financières.
L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du groupe a de son côté augmenté de 27,2% à 391,6 millions, selon un communiqué publié mardi.
Ces résultats, supérieurs aux attentes du marché, ont été salués par les investisseurs: à la Bourse de Paris, le titre a clôturé en hausse de 6,76%, à 74,20 euros, dans un marché quasi stable (+0,11%).
"Ce sont de très beaux résultats qui montrent que l'on a fait les bons choix" avec "l'acquisition d'Alice" et "en investissant dans le dégroupage", a déclaré à l'AFP le directeur financier d'Iliad, Thomas Reynaud.
Lors d'une conférence de presse, M. Reynaud a précisé que de telles hausses de la rentabilité constituaient "une situation quasi unique au sein des valeurs télécoms en Europe".
M. Reynaud s'est notamment félicité du "redressement financier d'Alice plus rapide qu?anticipé": cette filiale, qui perdait 1 million d'euros par jour lors de son rachat en 2008 et qui a longtemps pénalisé Iliad, a généré 38 millions d'euros d'excédent brut d'exploitation sur le semestre.
"L'intégration d'Alice est maintenant terminée", a jugé le directeur général Maxime Lombardini.
Le groupe devra néanmoins continuer ses efforts pour stabiliser sa base d'abonnés: au deuxième trimestre, cette filiale a encore perdu 27.000 clients nets, même si M. Reynaud évoque "un début de stabilisation".
Fort de ces résultats, Iliad a confirmé ses objectifs, notamment "une très forte augmentation du résultat net" en 2010.
M. Reynaud a souligné que ces bons chiffres allaient permettre "de continuer à investir pour la croissance future du groupe, que ce soit vers la fibre, le dégroupage et surtout le mobile". "On a l'ambition de doubler la taille de la société à l'HORIZON cinq ou six ans", a-t-il affirmé.
"Le projet mobile, économiquement, financièrement, opérationnellement, est très maîtrisé", a affirmé M. Lombardini.
Iliad, qui doit lancer ses premières offres en 2012, avec l'objectif de casser les prix, a déjà signé des contrats avec une trentaine de sociétés.
Les négociations "ont plutôt bien avancé" avec les trois opérateurs pour pouvoir utiliser un de leurs réseaux, en 2G. En revanche, Iliad dit toujours faire face "à une fin de non-recevoir" concernant l'itinérance 3G (nécessaire pour l'internet en mobilité).
"Nous avons bon espoir de l'obtenir soit par un accord (...), soit dans un cadre contentieux", ce que l'"on ne souhaite pas", a affirmé M. Lombardini, qui a précisé que le groupe sera "candidat à de nouvelles fréquences", tout en refusant de payer "des prix fous".
Il a estimé que malgré les nouvelles offres des opérateurs, les tarifs mobiles en France "restaient extraordinairement cher".
Côté internet, alors que le marché devient de plus en plus difficile, car mature, Iliad vise à long terme le maintien d'une part de marché de 25%. Dans cette perspective, il lancera d'"ici la fin de l'année une innovation majeure dans l'ADSL" (qui permet d'accéder à l'internet via les lignes téléphoniques classiques) autour de sa FreeBox.
Il va également poursuivre ses investissements dans la fibre optique, technologie qui permet le très haut débit (environ 200 millions d'euros en 2010) avec l'objectif de compter "plusieurs dizaines de milliers d'abonnés à la fin de l'année". Le groupe a à cet égard obtenu un financement de 150 millions d'euros de la Banque européenne d'investissement.