Accor (+ 0,66% à 23,515 euros) échappe à la baisse du marché parisien grâce à une cession d'actifs immobiliers d'envergure dans de bonnes conditions. Le groupe hôtelier poursuit ainsi son programme de cessions de murs d'hôtels afin de se recentrer sur son coeur de métier et de réduire son endettement. Accor va céder les murs de 48 hôtels pour 367 millions d'euros, ce qui lui permettra de réduire son endettement net de 282 millions d'euros. Grâce à cette opération, le groupe a dépassé son objectif de cessions immobilières hôtelières 2010 de 450 millions d'euros.
L'opération aura également un effet positif d'environ 3 millions d'euros par an sur le résultat avant impôt.
Cette transaction sera réalisée avant la fin de l'année 2010 avec un consortium composé de deux investisseurs: Predica, filiale de Crédit Agricole Assurances et qui portera 80% de l'opération et Foncière des Murs, filiale de Foncière des Régions et partenaire immobilier du groupe depuis 2005, pour le solde.
Les hôtels cédés continueront à être gérés par Accor sous les mêmes enseignes, dans le cadre d'un contrat de location variable, pour une période de 12 ans renouvelable 6 fois à l'initiative de Accor, soit 84 ans au total. La transaction inclut un programme de rénovation de 47,6 millions d'euros, dont 33 millions d'euros financés par l'acquéreur.
« La conclusion d'un bloc de cession significatif, le retour des foncières cotées sur le marché de l'immobilier hôtelier, les conditions favorables de la transaction confirment le potentiel de création de valeur immobilière du groupe », explique Oddo qui a réitéré sa recommandation d'Achat sur la valeur.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Accor est le leader européen de l'hôtellerie. Du luxe à l'économique en passant par le haut et milieu de gamme, Accor couvre tous les segments du marché.
- Accor est désormais un pure player de l'hôtellerie après la scission du groupe et la cotation de la branche services pré-payés (Edenred). Cette opération va permettre de mieux valoriser le groupe, désormais recentré sur des marques comme Sofitel, Novotel, Pullman, Mercure, Ibis ou Etap.
- Sa stratégie de gestion des actifs immobiliers, appelée asset right, démarque le groupe de ses concurrents. D'ici 2015, 80% des hôtels du groupe ne seront plus détenus en pleine propriété, mais gérés en contrat de management ou en franchise, un vrai changement de modèle économique.
- Accor bénéficie d'une structure financière solide avec un ratio d'endettement net rapporté aux fonds propres de 50% à fin 2009.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est peu diversifié géographiquement et tire plus de 70% de ses revenus de l'Europe (France incluse).
- La dégradation des performances du groupe l'an passé reflète l'impact de la crise : c'est le haut et milieu de gamme où Accor réalise 58% de son chiffre d'affaires qui a été le plus touché, ainsi que la chaîne économique Motel 6 aux Etats-Unis.
- Le plan « Ariane 2015 » est jugé très ambitieux. Ce programme, qui prévoit la cession de 450 murs d'hôtels sur la période 2010-2013, doit rapporter 2 milliards d'euros et permettre le désendettement complet de l'hôtellerie. La question est de savoir si la conjoncture permettra de tenir ces engagements.
- Le nouveau groupe doit convaincre la communauté financière de sa capacité à créer de la valeur.
Comment suivre la valeur
- L'hôtellerie est une activité cyclique. Très présent en Europe, Accor est particulièrement sensible à la conjoncture européenne.
- Les indices sectoriels à suivre sont le taux d'occupation des hôtels et le RevPar, revenu par chambre disponible.
- Bien que déjà opéable, Accor l'est encore davantage après la scission entre l'hôtellerie et les activités de services prépayés. Le groupe peut intéresser un concurrent qui souhaiterait se renforcer en Europe sur le milieu de gamme et sur l'hôtellerie économique, où Accor est leader avec des marques comme Ibis et Formule 1.
- Le plan « Ariane 2015 » vise à faire d'Accor le troisième groupe mondial dans l'hôtellerie.
- La cession de 60% de Wagons Lits et la mise en bourse éventuelle de Lucien Barrière permettrait d'atteindre l'objectif d'un endettement zéro en 2011/2012.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
Pour le moment, l'activité du tourisme mondial est portée par les marchés émergents, comme le Brésil, l'Inde, la Chine, la Corée ou la Malaisie. L'OMT estime que la crise économique en Europe menace la reprise du secteur, déjà très fragile. Le secteur a subi un recul de son activité de 4% l'an passé. La situation économique en Europe est d'autant plus importante que ce continent constitue le premier marché touristique mondial. L'OMT s'inquiète notamment du chômage élevé et de déficits ainsi que d'un endettement élevé en Europe. Cette organisation se veut donc « prudemment optimiste » pour l'avenir. L'OMT continue à tabler sur une croissance de 3% à 4% du tourisme en 2010 et sur un flux de 1,6 milliard de touristes internationaux dans le monde en 2020. Le secteur touristique européen a déjà subi des pertes de 1,72 milliard d'euros provoquées par l'éruption du volcan Eyjafj&*#8221;ll en Islande. Uniquement en France, la paralysie du transport aérien a coûté environ 500 millions d'euros à l'industrie touristique, selon le cabinet Protourisme.