Lafarge (- 1,61% à 38,46 euros) affiche l'une des plus fortes baisses de l'indice CAC 40. Son concurrent Holcim a fait part de perspectives prudentes, en particulier pour l'Europe, pour le marché du ciment. Fin juillet, le cimentier français avait été sanctionné après avoir révisé en baisse sa prévision de demande de ciment pour 2010. Il y a pratiquement un an Lafarge avait bénéficié des résultats supérieurs aux attentes du groupe suisse...
Sur les six premiers mois de l'année, Holcim a dégagé un bénéfice net après intérêts minoritaires de 331 millions de francs suisses, en recul de 37,2%. Le résultat net a été ponctionné par une charge exceptionnelle de 186 millions de francs suisses liée à la restructuration de son activité aux Etats-Unis. L'Ebitda a lui augmenté de 9,3% à 2,3 milliards de francs pour un chiffre d'affaires en hausse de 8,1% à 10,9 milliards de francs suisses. Ses ventes ont cependant reculé de 0,8% sur une base organique.
Les analystes interrogés par Thomson Reuters anticipaient un bénéfice net de 469 millions, un Ebitda de 2,43 milliards et un chiffre d'affaires de 10,786 milliards.
Holcim a souligné que les pays émergents avaient représenté plus de 50% des ventes et plus de 70% de l'Ebitda sur cette période. Malgré le dynamisme de l'activité dans ces pays, il n'est pas possible, pour le cimentier suisse, de parler de reprise économique globale.
En effet, si la demande pour les matériaux de construction a augmenté dans certains pays d'Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, les conditions de marché demeurent difficiles sur de nombreux marchés européens. « Des éléments d'incertitude existent encore et rendent difficiles toutes prévisions, » a résumé Holcim.
Dans ce contexte incertain, le groupe entend continuer à mettre l'accent sur le contrôle des coûts.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Lafarge est le leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre.
- Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisé au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008). Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor.
- La politique de désendettement combinant cessions et augmentation de capital a permis non seulement au groupe de réduire son endettement net mais aussi d'éliminer son covenant bancaire associé et optimiser l'échéancier de ses remboursements.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité s'est détériorée sur la vitesse de redressement des volumes et donc des résultats des pays matures et en particulier dans plusieurs pays d'Europe de l'Ouest, voire de l'Est. Les volumes ont globalement touché le fond, mais leur redressement sera plus lent que prévu, n'intervenant au mieux qu'en 2012.
- Les plans d'austérité en Europe pourraient se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures.
- Même si l'augmentation de capital a renforcé la structure financière du groupe, elle aura un impact dilutif sur le bénéfice net par action.
- La génération de trésorerie reste un enjeu primordial dans les prochains mois car le groupe continue à supporter une dette élevée (14,5 milliards d'euros nets).
Comment suivre la valeur
- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique, ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance.
- Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment.
- Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis.
- Le groupe souhaite accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Même si leur ENVIRONNEMENT s'améliore progressivement, les intervenants du secteur sont encore confrontés à un certain nombre de risques. Le marché européen de la construction demeure fragile car il n'y a pas de nette reprise de la demande de permis de construire. De plus, comme la crise de ce marché a débuté plus tard qu'aux Etats-Unis, la reprise se réalisera également plus tardivement. Les experts estiment qu'il faudra attendre 2011 pour que le marché du BTP européen se stabilise. Par conséquent certains analystes estiment que cette année, la demande de matériaux de construction devrait baisser de 5% en France. L'activité du secteur va donc continuer à être soutenue par la croissance dans les pays émergents. L'autre menace qui pèse sur les acteurs est l'évolution des couvertures sur les coûts énergétiques. Si elles sont actuellement favorables, ces couvertures devraient avoir un impact négatif dès le second semestre 2010.