General Motors a déposé mercredi son projet d'introduction en Bourse, qui sera l'une des plus importantes jamais connues aux Etats-Unis et devrait permettre au gouvernement de récupérer une partie des 50 milliards de dollars investis pour sauver le constructeur automobile.
GM, ancien composant du prestigieux indice Dow Jones dont il faisait partie depuis 1925, a annoncé aux autorités boursières qu'il comptait revenir à la cotation, sans préciser le montant qui sera levé, le nombre d'actions ou la fourchette de prix, qui seront déterminés ultérieurement.
La vente des actions devrait permettre au gouvernement, actionnaire du groupe à quelque 61%, de réduire sa part dans le capital et de récupérer une partie des quelque 50 milliards de dollars injectés dans le constructeur au plus fort de la crise.
GM avait déjà fini de rembourser en avril des prêts de 6,7 milliards de dollars de l'État américain, de 1,4 milliard du Canada et 1,3 milliard de l'Allemagne.
Le Trésor américain ne devrait vendre qu'une partie de ses actions de GM lors de cette opération boursière, et les analystes prévoient une ou plusieurs ventes d'actions ultérieures.
Le Trésor a souligné dans un communiqué que l'introduction en Bourse annoncée mercredi et qui devrait intervenir à la fin de l'année "ne comporterait pas les actions préférentielles de type A" qu'il détient, et qui représentent 2,1 milliards de dollars.
Il prévient aussi qu'il se "garde le droit, à tout moment, de décider s'il participe à l'offre et à quel niveau".
Le marché évalue pour l'instant le montant possible de cette introduction en Bourse entre 12 et 16 milliards de dollars, ce qui en ferait la deuxième plus grosse aux Etats-Unis après celle de Visa en 2008 (19,7 milliards de dollars).
Le "Vieux GM" était sorti de la cote en juin 2009, au moment de son dépôt de bilan. Un "nouveau GM" avait émergé six semaines plus tard, restructuré et allégé d'une grande partie de ses dettes, et quasi-nationalisé.
Le gouvernement s'est tenu à distance de la gestion au quotidien du constructeur automobile, après avoir mis en place le conseil d'administration (CA) à l'origine de son redressement, notamment le PDG Ed Whitacre.
Depuis sa sortie de faillite, GM s'est délesté de quatre marques (Hummer, Pontiac et Saturn, arrêtées, et Saab, vendue). La direction du groupe a été réorganisée, avec l'arrivée de nouveaux dirigeants, comme le directeur financier Chris Liddell, débauché chez Microsoft.
Depuis un an, la part de marché est repartie à la hausse. Les quatre marques restantes (Buick, Cadillac, Chevrolet, GMC) ont profité du rebond du marché automobile américain, qui avait connu en 2009 sa pire année depuis près de 30 ans.
Le constructeur a aussi affiché deux trimestres de bénéfices de suite, dont 1,3 milliard de dollars au deuxième, le meilleur depuis six ans, après des pertes accumulées depuis 2007 qui ont totalisé "plus de 80 milliards de dollars", fait remarquer Gregori Volokhine, analyste de Meeschaert New York.
Certaines voix critiques ont toutefois estimé que le retour en Bourse de GM pourrait être précipité, dans un contexte de fébrilité des marchés financiers face aux doutes sur la solidité de la reprise économique.
L'hypothèse a été émise que le gouvernement souhaite hâter la vente de ses parts avant les élections de novembre, afin de montrer que l'Etat est rentré dans ses frais dans le sauvetage de GM.
En outre, le PDG Ed Whitacre a annoncé la semaine dernière à la surprise générale qu'il allait quitter le groupe fin 2010, et qu'il cèderait le siège de directeur général dès le 1er septembre à Dan Akerson, administrateur du groupe, qui avait été choisi comme lui par l'Etat.
L'introduction en Bourse de GM précédera probablement celle, moins importante, de Chrysler, l'autre constructeur américain ayant dû faire appel à l'aide gouvernementale pour ne pas mettre la clé sous la porte.