PagesJaunes (-4,95% à 7,737 euros) a enregistré l'une des plus fortes baisses de l'indice sbf 120 cette semaine, toujours pénalisé par des abaissements de recommandation. Après HSBC, qui est passé de Surpondérer à Neutre la semaine précédente, JPMorgan a fait de même jeudi dernier. Le spécialiste des annuaires a également été sorti de sa liste de valeurs préférées. Le bureau cite quatre raisons pour lesquelles la valeur ne devrait pas surperformer au cours des six prochains mois.
Celles-ci sont : l'absence de catalyseurs positifs à court terme, un chiffre d'affaires du troisième trimestre qui devrait refléter une activité commerciale faible au quatrième trimestre 2009/premier trimestre 2010, les informations selon lesquelles Google va pénétrer le marché des entreprises locales et enfin le risque de retour de « papier » en provenance de l'actionnaire majoritaire.
Au premier semestre, PagesJaunes a réalisé une marge opérationnelle brute (MBO) de 255,3 millions d'euros, en recul de 2,5%. Elle a représenté 47,1% d'un chiffre d'affaires en recul de 3,5% à 542,3 millions d'euros, contre 46,6% un an plus tôt. internet a représenté 48,7% du chiffre d'affaires, à comparer avec 44,8% au premier semestre 2010.
Jean-Pierre Remy, directeur général du groupe, a averti que le marché de la publicité locale ne montrait pas de reprise.
Si PagesJaunes a réitéré son objectif d'une MBO 2010 comprise entre 510 et 530 millions d'euros, il anticipe désormais un chiffre d'affaires dans le bas de la fourchette de -1% à -3%. Le groupe anticipe un rebond de l'activité à partir du second semestre grâce à la montée en puissance des nouveaux produits Internet. Il prévoit également le maintien d'une politique de dividende élevé.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe s'est adapté au métier mature de l'édition d'annuaires imprimés grâce à ses diversifications dans les services en ligne et à l'international, ainsi qu'à un positionnement haut de gamme.
- Le groupe a réussi son passage sur Internet, qui représente près de 50% de ses recettes. Le contenu est régulièrement enrichi et de nouvelles offres sont proposées, sous l'impulsion de la nouvelle direction.
- Le groupe est également le numéro un de la publicité locale. Sa force commerciale, très présente sur le terrain, connaît bien les entreprises en régions.
- La valeur offre un rendement de plus de 8%.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe subit une forte décroissance des annuaires imprimés qui pèse sur ses résultats.
- Le marché de la communication locale, qui a mieux résisté pendant la crise, ne rebondira pas autant que celui de la publicité télévisuelle.
- La situation financière du groupe inquiète. Depuis l'arrivée en mai 2006 de KKR et Goldman Sachs au capital, regroupés dans la holding Mediannuaire, le groupe est passé d'une situation de trésorerie nette à un endettement net de près de 2 milliards d'euros.
- Les déboires de ses concurrents Yell et de Seat Pagine Gialle incitent à la prudence.
- Les moteurs de recherche pourraient venir concurrencer PagesJaunes sur le segment des annuaires.
- La valeur se traite nettement en-dessous de son cours d'introduction en juillet 2004 (14,10 EUR pour les particuliers).
Comment suivre la valeur
- PagesJaunes n'échappe pas à la détérioration du marché publicitaire français. Mais le groupe subit ses effets avec du retard, à cause de la façon dont sont enregistrés les contrats.
- Le niveau de valorisation du titre par rapport à son cours d'introduction en Bourse doit être pris en compte dans une stratégie d'investissement.
- La bonne présence de PagesJaunes sur Internet et au niveau local en fait une cible de choix, notamment pour des moteurs de recherche comme Yahoo ! ou Google. Les déclarations de Mediannuaire, actionnaire à 54,8%, sont également à suivre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Tous les intervenants soulignent le manque de visibilité pour la fin de l'année 2010. Ils sont toutefois certains que le retour aux niveaux de revenus publicitaires de 2008, année précédant la crise, ne sera pas pour 2010. Il leur faudra attendre au moins deux à trois ans. D'après une étude de l'OCDE, portant sur la situation des médias dans le monde, le principal défi pour la presse est de parvenir à s'adapter à l'essor d'Internet. Selon l'organisation, les nouveaux médias engendrent des changements de consommation, particulièrement pour les jeunes lecteurs. Ces deux dernières années, 20 pays sur les 31 étudiés par l'OCDE ont ainsi subi un déclin de leur lectorat. Les Etats-Unis sont le plus durement touchés par cette érosion avec un nombre de lecteurs qui a chuté de 30% entre 2007 et 2009. Sur le plan économique, les recettes générées par Internet ne compenseraient pas encore les pertes liées à la crise. La part de la publicité sur Internet dans les revenus des journaux n'était que de 4% en 2009. Toutefois elle a fortement progressé : aux Etats-Unis, elle est ainsi passée de 2,6% en 2003 à 8,2% en 2008.