L'action GDF Suez rétrograde désormais de 1,34 % à 26,415 euros après avoir ouvert en hausse de plus de 2%. L'énergéticien français a sans surprise officialisé sa prise de contrôle de l'électricien britannique International Power et présenté des résultats semestriels supérieurs aux attentes. Grâce à cette opération, GDF Suez accroît nettement sa présence à l'international, en particulier dans les pays émergents en forte croissance.
GDF Suez apporte ses activités à l'international, hors Europe, en échange de 70% d'International Power, rebaptisé New International Power. Les actionnaires du groupe britannique détiendront 30% du nouvel ensemble et ils recevront un dividende exceptionnel de 92 pence par action en numéraire.
Ce rapprochement se traduira par 197 millions d'euros avant impôts de synergies par an, dont 75% devraient être réalisées au cours de la seconde année suivant la finalisation de l'opération. Celle-ci est attendue entre la fin 2010 et le début 2011.
« International Power sera particulièrement bien positionné pour capturer les opportunités de croissance dans les marchés émergents, où les besoins énergétiques resteront importants au cours des prochaines années », s'est félicité Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez.
Au premier semestre, GDF Suez a réalisé un Ebitda de 8,2 milliards d'euros, en hausse de 4,3%. Les analystes interrogés par Reuters attendaient en moyenne un Ebitda de 7,86 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires s'est élevé à 42,3 milliards d'euros, en hausse de 0,3%. « Le premier semestre 2010 se caractérise par un ENVIRONNEMENT économique difficile malgré quelques signes de reprise, notamment de la demande en électricité et en gaz », a commenté le groupe.
Le groupe énergétique a par ailleurs confirmé ses objectifs 2010 et 2011. Il table sur un Ebitda supérieur en 2010 à celui de 2009 et en croissance d'au moins 15% en 2011 par rapport à l'année dernière.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- GDF Suez est le premier opérateur gazier en France et l'un des premiers énergéticiens au niveau mondial.
- La diversité de ses métiers, sur l'ensemble de la chaine énergétique, ainsi qu'un modèle économique qui combine activités régulées et concurrentielles, assurent une certaine visibilité des résultats.
- Le groupe s'est fixé un plan d'investissements ambitieux, qu'il met méthodiquement en oeuvre.
- Le groupe bénéficie d'un bilan solide, qui le met à l'abri de cessions d'actifs dans l'urgence ou d'opérations de recapitalisation, le point faible de beaucoup de ses concurrents.
- L'action offre un rendement élevé (environ 6%).
=/Les points faibles de la valeur/=
- Le groupe est très dépendant de son marché domestique.
- L'environnement va rester difficile cette année. En conséquence, les objectifs ambitieux qui avaient été fixés pour 2011, à savoir essentiellement un Ebitda de 17 à 18 milliards d'euros, ont été reportés.
- On assiste à une décorrélation nouvelle des prix du gaz et du pétrole : alors que les cours du pétrole sont remontés, les prix du gaz restent déprimés, du fait de la faiblesse de la demande et de la mise en service de nouvelles capacités de production.
- GDF-Suez pâtit d'un retard dans le nucléaire par rapport à EDF, qui a quatre à cinq ans d'avance sur ses concurrents.
- Un risque politique est attaché au titre car les tarifs de gaz pratiqués par le groupe dépendent des décisions de l'Etat français.
Comment suivre la valeur
- GDF Suez fait partie du secteur des « utilities », traditionnellement sensible à l'évolution des taux d'intérêt.
- C'est une valeur considérée comme défensive, grâce à la régularité de ses résultats et à son modèle économique. Le groupe a encore prouvé la solidité de son modèle économique l'an passé.
- Les performances de GDF Suez sont liées à l'évolution des prix du gaz, eux-mêmes dépendants du fioul domestique, du fioul lourd, du Brent et de la parité de change entre l'euro et le dollar.
- La formule d'indexation des coûts d'approvisionnement de GDF Suez fait l'objet d'un audit régulier. Un audit est actuellement en cours et les conclusions sont attendues pour septembre. Mais une nouvelle révision à la hausse des prix du gaz au 1er octobre n'est pas acquise.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le projet de loi « Nome » («nouvelle organisation du marché de l'électricité») a été adopté le 15 juin 2010 par l'Assemblée nationale. Il soulève une forte résistance d'EDF, qui doit céder 20% de sa production à la concurrence. L'objectif est d'assurer le nouvel équilibre du système électrique français, principalement au bénéfice des concurrents d'EDF. Ces derniers devraient pouvoir revendre de l'électricité en France sans perdre de l'argent. Ce n'est actuellement pas le cas pour Poweo et Direct Energie par exemple. Ils ne peuvent pas, pour le moment, produire ou acheter de l'électricité à un prix inférieur au tarif réglementé appliqué aux particuliers. Ces opérateurs promettent en échange de proposer des services innovants, permettant notamment de maîtriser la consommation d'électricité. Le président d'EDF, Henri Proglio, prévient, lui, que la cession d'une partie de sa production à la concurrence ne se fera pas en dessous de son coût de revient, soit entre 42 et 45 euros par mégawattheure (MWh).