La banque helvétique Crédit Suisse, qui a vu son bénéfice stagner au deuxième trimestre, a tenté jeudi de rassurer sur sa situation mais a manqué de convaincre les investisseurs qui ont sanctionné le titre.
Entre avril et juin, le numéro deux du secteur en Suisse a enregistré un profit net en hausse d'à peine 1% sur un an à 1,6 milliard de francs suisses (1,2 milliard d'euros), dépassant ainsi légèrement les prévisions des analystes. Comparé au trimestre précédent, il a même chuté de 22%.
Le produit net bancaire, qui mesure l'activité de l'établissement zurichois, a reculé de 2% à 8,4 milliards de francs suisses et les actifs sous gestion ont gagné 5,7% à 1.242,6 milliards sur la période, a précisé le groupe dans un communiqué.
Après avoir fortement rebondi en début d'année, les performances de la banque d'affaires ont particulièrement souffert du recul des marchés et notamment des mauvais résultats du négoce de titres à revenus fixes.
Le bénéfice avant impôts de cette division a ainsi reculé de 53% à 784 millions de francs suisses.
Les autres branches ont également souffert, la gestion d'actifs cédant 60% à 22 millions de francs suisses et la banque privée de 7% à 874 millions, a précisé la banque.
"Au vu du deuxième trimestre qui a été difficile pour le secteur bancaire, notre performance a été robuste", a estimé le directeur général Brady Dougan.
Sur la période, les entrées nettes d'argent nouveau ont reculé de 44% à 14,5 milliards de francs suisses par rapport au premier trimestre, mais le groupe a constaté un afflux important en provenance des marchés émergents.
Pour le directeur financier Renato Fassbind, la deuxième banque suisse a "réalisé une solide performance (...) dans un environnement de marché difficile".
Il a également assuré que Credit Suisse aurait aisément surmonté le test de résistance auquel sont soumis 91 banques européennes, mais pas d'établissement suisse, et dont les résultats doivent être publiés vendredi.
"Credit Suisse est régulièrement sujet à des tests de résistance de la Finma," l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, a précisé M. Fassbind, ajoutant que les tests du régulateur suisse sont "deux fois plus sévères que ceux de la BCE", la Banque centrale européenne.
"Si nous avions été soumis à un tel test de résistance, nous aurions été parmi les banques les mieux capitalisées au monde", a-t-il souligné. Credit Suisse a affiché au deuxième trimestre un ratio de fonds propres Tier 1 de 16,3%, en hausse de 0,8 point de pourcentage.
La direction n'a par contre rien laissé filtrer sur les perquisitions la semaine dernière dans plusieurs filiales allemandes de Credit Suisse dans le cadre d'une affaire d'évasion fiscale.
M. Dougan a répété que le groupe "coopérait" avec les autorités allemandes et qu'il se conformait à la réglementation en vigueur en Allemagne.
La banque a cependant admis avoir subi en Suisse des "reflux modestes" d'argent nouveau de clients allemands, à mettre sur le compte de la lutte contre l'évasion fiscale.
Les investisseurs ont sanctionné le titre à la Bourse suisse, où l'action reculait de 2,42% à 43,18 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,48% à 10H17 GMT.
"Les résultats (...) sont mitigés mais avec un résultat net touché par des éléments exceptionnels", ont estimé les analystes de Vontobel, ajoutant que les entrées d'argent nouveau dans la gestion de fortune étaient "bons".