Les évènements se succèdent pour BP (+2,90% à 698,70 pence). Alors que le Premier ministre britannique David Cameron s'est efforcé mardi d'apaiser la polémique autour de la compagnie pétrolière lors d'une rencontre avec le président américain Barack Obama, le groupe britannique, qui a perdu près de moitié de sa valeur depuis l'explosion de la plate-forme Deepwater le 20 avril, a annoncé la cession de 7 milliards d'actifs à son homologue américain Apache.
Cette cession s'inscrit dans le cadre du plan de cession de 10 milliards de dollars d'actifs non-stratégiques en Exploration-Production annoncé il y a quelques semaines par BP pour faire face aux dépenses liées à la marée noire dans le Golfe du Mexique.
Plusieurs accords ont été conclus. Ils concernent les actifs de BP dans le Bassin permien (Texas et sud-est du Nouveau-Mexique), les actifs amont de gaz sur la côte ouest canadienne et des concessions en Egypte. Soit un total de 385 millions de barils équivalent pétrole de réserves nettes prouvées.
Apache versera à BP 5 milliards de dollars en numéraire le 30 juillet, soit 3,25 milliards de dollars pour le Canada, 1,5 milliard pour le bassin permien et 250 millions pour l'Egypte.
« Nous avons obtenu un excellent prix pour un ensemble de propriétés qui valent davantage pour d'autres que pour BP », a déclaré Tony Hayward, le directeur général de la major, dans un communiqué.
« Le prix moyen de 19,4 dollars par baril pour les réserves prouvées nous semble satisfaisant, illustrant que BP n'est pas disposé à brader ses actifs », a commenté Oddo Securities dans une note publiée ce matin.
CM-CIC Securties relativise ce point de vue. Pour le broker, la valeur par baril payée par Apache (18,18 dollars par baril de réserves prouvées) « montre clairement la sous-valorisation de BP en Bourse ».
La signature de ces contrats est une bonne nouvelle pour BP qui tentait depuis une dizaine de jours de céder une partie de ses actifs considérés comme non stratégiques pour alimenter son fonds « marée noire » de 20 milliards de dollars.
D'autant que le dernier rapport publié par Moody's concernant les conséquences de la marée noire n'est pas favorable au groupe britannique. En effet, selon le scénario le plus pessimiste échafaudé par l'agence de notation, la poursuite de la fuite de pétrole jusqu'en décembre et le moratoire décidé par le président Obama sur le forage en eau profonde jusqu'à la fin de l'année entraîneraient la perte de 7,4 milliards de dollars d'activité et la suppression de 100.000 emplois.
Pour autant, à l'aune des efforts de BP pour arrêter la fuite, le scénario central des autorités américaines et de BP - un arrêt de la marée noire d'ici à fin août - semble aujourd'hui le plus probable. Dans cette hypothèse, la marée noire coûterait tout de même au moins 1,2 milliard de dollars de perte d'activité et la disparition de 17 000 emplois dans la région du Golfe d'ici à fin de l'année.
L'enjeu est d'importance pour BP qui risque sans doute de payer une partie, encore non définie, de cette perte d'activité en plus des coûts de réparation et de nettoyage ainsi que des indemnisations pour dommages et intérêts. Ce lundi, le groupe avait déjà dépensé près de 4 milliards de dollars en ce sens. Certains analystes évoquent une facture totale supérieure à 30 milliards de dollars.
La réalisation du scénario privilégié par les protagonistes ne devrait pas permettre à Tony Hayward, de sauver son poste. Celui qui a suscité la colère des Américains le mois dernier en participant à une régate de voiliers de luxe au lieu d'arpenter les côtes de Louisiane pourrait quitter ses fonctions à la fin août ou en septembre, écrit ce matin le site internet du « Times ».
Le départ de Tony Hayward serait une manière pour BP de restaurer un semblant de crédibilité en attendant l'arrivée de nouveaux actionnaires de « long terme », susceptibles de protéger le groupe d'une OPA hostile.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
Le poids de la Chine sur la scène énergétique mondiale ne cesse de croître. Ainsi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que ce pays va assurer à lui seul près de 40% de la croissance de la demande de pétrole cette année. La Chine représente actuellement environ 10% de la consommation mondiale de pétrole, contre près de 20% pour les Etats-Unis. Sa consommation va s'accroître de 7,6%, pour atteindre un volume de 9,2 millions de barils par jour. En revanche la consommation des pays de l'OCDE va demeurer quasiment stable (- 0,1%), en l'absence de vraie reprise économique. L'AIE prévoit que la demande mondiale de pétrole devrait progresser en moyenne de 1,4% par an, soit 1,2 million de barils par jour, jusqu'en 2015, pour atteindre 92 millions de barils par jour. Quant aux prix, ils devraient légèrement augmenter, le prix du baril passant de 76 dollars cette année à 85 dollars en 2015. L'AIE observe une sensible dichotomie dans les domaines du pétrole ou du gaz, entre les pays de l'OCDE et les pays émergents. Ces derniers se caractérisent par une forte croissance en Chine, en Inde et au Moyen-Orient contre une demande faible ou stable, notamment en Europe.