L'agence de notation financière Moody's a abaissé mardi de deux crans la note souveraine du Portugal, à l'instar de Fitch et Standard and Poor's il y a quelques mois, faisant valoir de faibles perspectives de croissance et une détérioration des finances publiques.
Moodys's, qui a rétrogradé la note du Portugal à A1 contre AA2 avec une perspective stable, dit s'attendre à une détérioration "pour au moins deux ans encore" des paramètres de la dette, dont le poids par rapport au Produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 90% avant de se stabiliser.
L'agence de notation, qui avait déjà annoncé le 5 mai envisager d'abaisser la note du Portugal, doute également que les réformes du gouvernement puissent soutenir suffisamment la croissance pour permettre une amélioration de la situation de la dette.
En début d'après-midi, la Banque du Portugal a revu ses prévisions de croissance en hausse pour cette année, de +0,4 à +0,9% du PIB, mais en baisse pour 2011, en raison notamment de l'impact des mesures d'austérité mises en place par le gouvernement.
La banque centrale portugaise table désormais sur une croissance du PIB de 0,2% l'année prochaine, contre une précédente projection de 0,8%.
La décision de Moodys "était attendue", a affirmé aux médias portugais le ministre portugais des Finances Fernando Teixeira dos Santos, précisant que l'agence n'avait pas revu la note du Portugal depuis "douze ans" et qu'elle n'avait fait que se "mettre au niveau des autres agences".
"Les opérateurs avaient largement anticipé cette baisse et l'avait déjà intégrée dans les prix", a affirmé à l'AFP Philippe Sabuco, analyste à la banque BNP Paribas.
Le fait que la note soit assortie d'une perspective stable est "positif" pour Frederik Ducrozet, économiste chez Crédit agricole. "Cela suggère que d'autres baisses de la part de Moody?s ne sont pas à l?ordre du jour", précise-t-il, rappelant que les notes des autres agences financières étaient assorties d'une perspective négative.
Après Fitch, qui avait dégradé en mars la note du Portugal de AA à AA-, Standard and Poor's avait abaissé de deux crans la note souveraine du pays en avril (A-), déclenchant la colère du gouvernement de Lisbonne qui avait dénoncé une "attaque" des marchés, tout en se disant déterminé à assainir les finances publiques.
"Ce n'est pas la peine de récriminer les agences de notation. Nous devons faire notre travail afin de réduire notre dépendance du financement extérieur", a réagi mardi le président portugais Anibal Cavaco Silva.
Le gouvernement socialiste, qui s'était engagé à ramener son déficit sous la barre des 3% en 2013, a annoncé début juillet son intention de le faire dès 2012, grâce à la mise en oeuvre d'un programme d'austérité basé sur une réduction drastique de la dépense publique et une hausse générale des impôts.
Après un déficit record de 9,3% du PIB l'an dernier, le gouvernement socialiste compte le ramener à 7,3% cette année, pour une dette publique à 83,5% du PIB.
L'annonce de Moody's intervient à la veille d'un retour sur les marchés. L'Etat portugais s'apprête à lancer mercredi deux émissions obligataires "d'un montant compris entre 1 et 1,5 milliard d'euros avec une échéance jusqu'en juin 2012 et juin 2019".
Alors que la pression sur les marchés obligataires s'était un peu relâchée ces derniers mois, "un léger regain de volatilité sur le marché de la dette publique portugaise" n'est pas exclu, selon M. Sabuco.
Peu avant 15H00 GMT, le taux des obligations portugaises à deux ans bondissait de 12 points de base à 3,145% et celui des titres à dix ans grimpait de 8 points de base à 5,439%.
Dans la foulée de la dégradation de la note souveraine du Portugal, Moody's a également abaissé la note de plusieurs entreprises publiques telles que Refer (responsable du réseau ferroviaire), Parpublica (participations financières de l'Etat), REN (gestionnaire du réseau électrique) et la télévision RTP.