La Grèce a réussi mardi à placer 1,625 milliard d'euros de bons du Trésor à six mois, une opération qui a suscité une forte demande et marqué son retour sur les marchés après le déblocage en mai du plan d'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.
Le résultat de cette émission, considérée par les experts comme un test pour le pays, qui traverse une crise financière d'une gravité inédite, "est un premier message positif", a commenté à l'AFP l'analyste MaNOS Hatzidakis de la société de courtage Pigasos.
Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a aussi exprimé sa "satisfaction", qualifiant l'opération de "succès", devant la presse à Bruxelles, où il participait à une réunion des grands argentiers européens.
L'émission a été largement sursouscrite, suscitant une demande de 4,546 milliards d'euros, alors que la Grèce souhaitait obtenir 1,25 milliard d'euros, a annoncé l'organisme grec de gestion de la dette (Pdma).
Le taux que la Grèce a dû consentir aux investisseurs mardi, de 4,65%, a toutefois été légèrement supérieur aux 4,55% fixés lors de la dernière émission de bons du Trésor à six mois le 13 avril, qui avait permis de lever 1,560 milliard d'euros contre 1,2 milliard attendu au départ.
Le rendement était aussi bien moindre lors de la précédente émission du même type en janvier, à 2,2% pour les titres à un an et à 1,38% pour ceux à six mois.
M. Papaconstantinou a toutefois relevé que le taux de 4,65% était "inférieur à celui consenti dans le cadre du mécanisme de soutien" de l'UE et du FMI.
"Au vu du montant levé, le taux n'est pas douloureux, et il est de toute manière inférieur à celui que l'on attendait, soit 5%", a jugé M. Hatzidakis.
Le succès de l'émission montre que "la confiance des marchés est peut-être en train de revenir graduellement", a pour sa part commenté dans une note Ben May, analyste de Capital Economics.
"Mais la Grèce est encore loin de pouvoir compter sur les marchés pour couvrir l'ensemble de ses besoins de financement", a-t-il relevé.
Le ministre grec a reconnu que le pays avait reculé devant l'OPTION d'émettre des titres sur un an, "car le prix ne nous plaisait pas (...) il aurait pu s'établir autour de 7%".
A la veille de cette émission, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn avaient exprimé leur "satisfaction" pour la mise en oeuvre de la cure de rigueur grecque.
"Les résultats du plan de redressement sont impressionnants et au-dessus de nos attentes", a indiqué M. Juncker. "Je suis confiant en ces résultats, ce qui va permettre l'octroi de la deuxième partie du prêt en septembre" (par le FMI et les pays de la zone euro)", a-t-il ajouté.
M. Rehn a souligné que la consolidation de l'économie grecque est "sur les rails", rappelant que le déficit public a atteint 9,645 milliards d'euros au premier semestre 2010, en baisse de 46% sur un an, pour un objectif sur l'année de -40%.
Une mission conjointe du FMI, de l'UE et de la BCE doit procéder fin juillet-début août à une nouvelle évaluation de la mise en oeuvre du plan de redressement, en échange duquel la zone euro et le FMI ont accordé à la Grèce des prêts de 110 milliards d'euros sur trois ans.
Selon le calendrier du Pdma, des bons du Trésor à un an et à six mois, pour un montant total de 2,16 milliards d'euros, arrivent à échéance d'ici le 16 juillet. Une semaine plus tard, ce sera le cas de bons du Trésor à trois mois d'un montant de 2,4 milliards d'euros.