En hausse de 4,78% à 41,85 euros, Zodiac Aerospace signe l'une des plus fortes progressions de l'indice SBF120, soutenu par son refus de fusionner avec Safran. Mardi dernier, Safran avait proposé un "rapprochement industriel" entre les deux équipementiers aéronautiques, basé principalement sur un échange de titres, mais sans avancer d'éléments de valorisation. Dimanche, le conseil de surveillance de Zodiac a rejeté à l'unanimité la proposition, soulignant l'absence de synergies. Fort d'un actionnariat de référence très lié, Zodiac a rejeté fermement l'hypothèse d'une OPA hostile de Safran.
Dans une interview accordée aux "Echos", Olivier Zarrouati, le président du directoire de Zodiac, affirme en premier lieu avoir confiance dans la parole donnée. Il rappelle que le courrier de Safran évoque "une discussion amicale". De plus, il souligne que l'Etat, actionnaire à 30% de Safran, ne serait sans doute guère partant pour se lancer dans une bataille boursière qui affaiblirait les deux champions nationaux du secteur.
Pour Olivier Zarrouati, un tel rapprochement n'apporterait aucune synergie. Du point de vue industriel, explique le dirigeant, Zodiac ne partage avec Safran que 4 % de son chiffre d'affaires (la distribution électrique). "Nous ne voyons pas comment une fusion reposant sur des synergies aussi limitées pourrait être créatrice de valeur pour les actionnaires de Zodiac".
Cette absence de synergie se retrouve également sur le point commercial. "Notre constat, c'est que la taille critique se mesure métier par métier, et pas dans la globalité. Or nous l'avons dans chacun de NOS métiers, ce qui nous permet de dégager des marges à deux chiffres", souligne Olivier Zarrouati.
Et de souligner qu'une fusion "serait négative d'un point de vue managérial entre, d'un côté, une culture très empreinte de société nationale, et de l'autre, une entreprise familiale, entrepreneuriale, flexible, et qui vit sur un plus petit pied".
Pourtant, l'hypothèse d'un rachat de Zodiac (2,2 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2009) par Safran (10,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires 2009) circule depuis des années. Safran n'a d'ailleurs jamais caché son intérêt pour un tel rapprochement.
Hier, en réponse au refus de Zodiac, Safran s'est de nouveau dit convaincu par "l'évidence de l'intérêt industriel et de la pertinence stratégique pour toutes les parties prenantes d'un rapprochement dans le contexte du mouvement inévitable de consolidation des équipementiers aéronautiques de premier rang".
Selon CA Chevreux, l'offre de Safran a peu de chance de son concrétiser. En revanche, elle devrait soutenir le titre Zodiac dans la mesure où elle attire l'attention des investisseurs sur l'attrait du groupe pour d'autres prédateurs.
De son côté, en repli de 1,77% à 21,935 euros, Safran affiche la plus mauvaise performance de l'indice SBF 120. A l'instar de Zodiac, CA Cheuvreux a souligné le manque de synergies entre les deux groupes.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La notoriété de la marque Zodiac est extrêmement forte partout dans le monde.
- La croissance par acquisitions est un axe majeur de la stratégie du groupe. Zodiac sélectionne des sociétés ayant une compétence reconnue dans leur domaine et qui sont complémentaires pour développer des synergies commerciales. Il renforce ainsi ses leaderships et améliore sa compétitivité grâce aux synergies industrielles.
- C'est l'une des entreprises du secteur aéronautique qui sera la plus sensible à la reprise du cycle en raison de son exposition importante à l'aviation d'affaires et régionale.
- Sa situation financière est saine.
- L'activité après-vente (40% du chiffre d'affaires) affiche une capacité de résistance en période de retournement. Elle est regroupée depuis septembre 2008 au sein de « Zodiac Service » dont la plateforme est désormais opérationnelle.
- Le pacte d'actionnaires des familles historiques du groupe Zodiac renforce la visibilité sur l'actionnariat.
Les points faibles de la valeur
- Zodiac est plus exposé que ses pairs à l'aéronautique civile. Les difficultés persistantes sur certains programme (A 380, B 787) rendent incertaines le nombre de livraisons possibles.
- Les équipementiers aéronautiques ont un comportement cyclique « tardif ». Le plein impact de la crise se fera sentir en 2010. La reprise du secteur n'est pas attendue avant 2011.
Comment suivre la valeur
- Zodiac est une valeur de croissance. Elle dépend du cycle général du secteur aéronautique civil.
- Zodiac est une valeur « dollar » : une baisse de 10 cents de la parité euro-dollar coûte à Zodiac 1 point de rentabilité opérationnelle courante. A l'inverse, une hausse a un effet positif.
- L'exercice 2009-2010 sera un exercice de transition.
- Les rumeurs de rapprochement avec Safran ont été démenties.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) estime que le chiffre d'affaires de ses entreprises membres devrait rester stable en 2010, année de transition marquée par une remontée des cadences de production en fin d'année. L'activité devrait se redresser en 2011, en fonction de l'évolution macroéconomique des pays émergents. Toutefois du fait de recettes libellées en dollars alors que leurs coûts sont majoritairement en euros, les entreprises françaises pâtissent d'une faiblesse structurelle majeure. Cette dernière provient de la robustesse de la monnaie européenne par rapport au billet vert, malgré son repli actuel. Les concurrents sont principalement américains actuellement et ils proviendront aussi des pays émergents à l'avenir. Dans un ENVIRONNEMENT qui devient de plus en plus concurrentiel l'enjeu est d'être capable de conserver une avance technologique (en premier lieu sur la Chine) grâce à l'innovation. Ainsi, selon le Gifas, les investissements de l'industrie aéronautique et spatiale françaises devraient s'accroître de 11% en 2010, à 1,1 milliard d'euros. Ces investissements ont progressé de 2,8% en 2009.