La bourse de Paris prolonge son rebond aujourd'hui dans le sillage des marchés américains. Les valeurs bancaires, qui ont enregistré hier des hausses confortables, sont de nouveau bien orientées aujourd'hui. Ainsi, Dexia s'accorde 3,56% à 3,17 euros, tandis que Société Générale et BNP Paribas progressent respectivement de 2,67% et 2,40%. De son côté, Crédit Agricole avance de 1,33%. La tendance est en effet favorable aux valeurs financières. Hier, la banque américaine State Street a revu à la hausse ses objectifs pour le deuxième trimestre, qui dépassent largement les attentes des analystes.
Autre source de satisfaction sur les marchés : les précisions fournies par le Comité européen des contrôleurs bancaires (CEBS) sur les « stress tests » auxquels seront soumises certaines grandes banques européennes. Ce sont finalement 91 établissements qui seront testés, a ainsi révélé le comité. Les banques françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE et Société Générale font partie de cette liste. Les résultats de ces tests, qui visent à évaluer la capacité de résistance financière des banques en cas de crise, seront publiés le 23 juillet.
Le CEBS précise que l'exercice sera conduit « banque par banque », en utilisant des scénarios macroéconomiques communément acceptés. L'organisme évoque des tests reproduisant des « conditions difficiles sur les marchés financiers et un choc sur les taux d'intérêt afin de reproduire une augmentation de la prime de risque » sur les marchés obligataires.
Concrètement, ces scénarios prévoient un choc de 3 points de pourcentage sur le PIB des pays européens par rapport aux croissances actuelles prévues par la Commission européenne sur les deux années à venir. Ils prévoient par ailleurs, sur la dette souveraine, des conditions similaires à celles qu'ont connu le marché au début du mois de mai 2010.
Les précisions fournies par le CEBS a toutefois déçu certains analystes qui attendaient davantage de détails, notamment sur le plan des obligations souveraines.
Par ailleurs, Credit Suisse a relevé sa recommandation sur les banques européennes de Sous-pondérer à Pondérer en ligne. Le broker estime notamment que le risque de crédit lié aux dettes souveraines hors Grèce est surévalué.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas est devenue une véritable banque européenne depuis le rachat de Fortis. Avec deux marchés domestiques en plus, le groupe a 540 milliards d'euros de dépôts, soit la base la plus importante de la zone euro. Il devient aussi numéro un en banque privée et numéro quatre en gestion d'actifs pour la zone euro.
- Ce leadership lui permet de bénéficier d'une situation de liquidité favorable du fait de sa faible dépendance au marché interbancaire et d'un coût de refinancement compétitif.
- BNP Paribas fait partie des groupes bancaires de taille mondiale qui ont le mieux traversé la crise.
- Le groupe a enregistré, dans un contexte économique pourtant dégradé, d'excellents résultats en 2009 grâce à de bonnes performances opérationnelles dans l'ensemble de ses activités.
- Anticipant le nouveau cadre réglementaire Bâle III, conséquence de la crise, le groupe a pris soin d'augmenter ses fonds propres, afin d'éviter notamment une augmentation de capital.
- La banque est l'un des établissements les plus vertueux sur le plan des bonus versés aux opérateurs de marché en 2009. La part des revenus allouée aux rémunérations dans la banque de financement et d'investissement a été ramenée de 40% à 27,7% l'an dernier.
- Le groupe redistribue environ un tiers de ses résultats en dividende.
Les points faibles de la valeur
- Bien que sortie renforcée de la crise comparé aux autres acteurs du secteur, la banque est très volatile en Bourse à l'image de l'ensemble du secteur financier depuis 2008.
- Le manque de visibilité sur les normes prudentielles à venir pèse sur la valeur. Ce nouveau cadre réglementaire pourrait ralentir le développement de la banque d'investissement en fixant davantage d'exigences sur les fonds propres des banques.
- Les inquiétudes sur la dette souveraine des Etats périphériques de la zone euro pèsent également sur la valeur. Mais les engagements commerciaux de BNP Paribas en Grèce et son exposition à la dette du pays sont très limités par rapport à la taille de la banque.
=/Comment suivre la valeur/=
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios les plus suivis.
- En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments: (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail.
- Le coût du risque est à surveiller.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon Moody's, les banques européennes ont un niveau de fonds propres suffisant pour absorber les pertes qui pourraient résulter de leurs portefeuilles de créances en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande. Les 30 banques européennes étudiées par l'agence de notation ont un ratio de fonds propres moyen de 9%. Ces établissements peuvent compter sur l'intervention de la Banque Centrale Européenne, qui a décidé d'acheter des obligations de pays qui subissent un fort déficit budgétaire. Sous la pression des marchés, notamment inquiets des difficultés économiques de l'Espagne, les pays de l'Union Européenne vont publier les résultats des tests de résistance des banques d'ici fin juillet. L'an passé, les tests avaient démontré que les banques européennes étaient suffisamment capitalisées pour affronter une détérioration sévère des conditions macroéconomiques. Aujourd'hui, la crise de la dette souveraine oblige à récidiver. Cette initiative permettra de mettre en lumière les banques les plus fragiles du système européen, posant ainsi la question de leur recapitalisation.