Les ventes de voitures neuves ont de nouveau reculé en juin, en raison de la réduction de la prime à la casse, laissant augurer un cru 2010 moyen après le faste de l'année 2009.
Les immatriculations de voitures neuves ont enregistré un repli de 1,2% en juin par rapport au même mois de 2009, en données brutes. Mai avait marqué un renversement de tendance, avec une chute de 11,5% après plus d'un an de hausse.
En cause, la baisse de la prime à la casse en début d'année, de 1.000 euros en 2009 à 700 euros, et désormais à 500 euros depuis le 1er juillet.
Le marché est "finalement assez équilibré", constate François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
"On a une sortie progressive (de la prime à la casse), donc une diminution progressive" des ventes, observe-t-il, en jugeant que "le système d'étalement de prime à la casse a franchement bien fonctionné".
Un avis partagé par Flavien Neuvy, responsable de l'Observatoire Cetelem de l'automobile: "le repli s'opère en bon ordre". "Le contrecoup de la prime à la casse a été plutôt bien géré jusqu'à présent (avec) un repli qui reste modéré sur le mois et un premier semestre qui reste positif comme prévu", estime-t-il.
Sur les six premiers mois, les immatriculations de voitures neuves restent en hausse de +5,4% en données brutes, avec 1.212.492 unités.
Les constructeurs s'accordent pour prévoir une baisse autour de 10% sur l'année, les prévisions variant entre 2,050 et 2,080 millions de voitures.
"C'est un marché qui reste très élevé, plus qu'en 2007 et 2008, en haut d'une moyenne de cycle de dix ans", souligne Bernard Cambiez, directeur commercial France de Renault.
"Le marché des flottes (professionnelles) pousse très fort", indique M. Cambiez, qui note aussi un maintien de l'effet prime à la casse avec des "clients (qui) ont voulu bénéficier sur juin des 700 euros" de prime.
"L'effet d'opportunité a joué à plein", constate aussi Olivier Veyrier, directeur de Peugeot France, qui a enregistré 20% de commandes supplémentaires en juin, avec un niveau élevé pour les petites 207 et 107.
Chez les constructeurs français, le recul en juin a affecté tant PSA Peugeot Citroën (-5,6%) que le groupe Renault (-1%), mais sur le semestre, les ventes des deux groupes montent.
"La marque Dacia explose et Renault continue à progresser", se félicite M. Cambiez, qui indique que les ventes du groupe montent de près de 21% au premier semestre pour un marché en hausse de seulement 5,4%, avec des succès pour la famille Mégane-Scénic et la Dacia Sandero.
Chez Citroën, Xavier Chardon, directeur commercial France, relève que le marché "se maintient fortement quand on a des nouveautés". Il souligne que la petite berline chic DS3, lancée en mars, a "déjà dépassé (ses) objectifs annuels à fin juin" avec 17.000 commandes.
Peugeot a aussi progressé de 10,2% en six mois, note M. Veyrier.
Mais pour Flavien Neuvy, "il y a quand même beaucoup d'incertitudes pour les prochains mois liées au contexte économique qui reste difficile (...) La vraie question qui se pose, c'est pour 2011".
"Les prochains mois s'annoncent compliqués (...) Les réseaux de distribution soutiennent à bout de bras les ventes pour éviter un effondrement en octroyant d'importants rabais, mais les perfusions prendront fin tôt ou tard", prévient aussi Philippe Gattet, du cabinet Xerfi.