Vilmorin a connu mardi l'une des seules hausses de l'indice sbf 120 dans un marché parisien déprimé. Lors de sa journée d'information financière, Vilmorin a séduit les investisseurs en annonçant tabler sur une croissance soutenue de son activité au quatrième trimestre (avril à juin) de l'exercice en cours. Cette tendance devrait lui permettre de dégager une croissance « soutenue » du chiffre d'affaires annuel consolidé, contre une croissance « mesurée » attendue auparavant.
Le groupe a notamment évoqué au dernier trimestre une forte accélération de la croissance de l'activité potagère pour l'ensemble de ses unités.
Il a par ailleurs souligné le rattrapage du décalage d'activité relevé au troisième trimestre en Amérique du Nord pour les semences de maîs, accentué par la prise de parts de marché.
Vilmorin annonce en outre avoir procédé à plusieurs acquisitions : la société américaine Trio Research, spécialisée dans la recherche sur le blé, ainsi que les activités de recherche dans le maîs du groupe argentin DonMario. Vilmorin et DonMario sont déjà partenaires dans le blé à travers une entreprise commune.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Vilmorin, quatrième semencier mondial, a défini trois axes majeurs de développement : accélérer la croissance dans certaines régions, notamment l'Asie, gagner des parts de marché dans le maîs grâce à l'innovation en commercialisant ses propres traits OGM et renforcer son leadership sur le marché du blé avec des semences à forte valeur ajoutée.
- Les tendances de fond du secteur sont porteuses : évolution démographique, changement des modes alimentaires et réduction des surfaces cultivées dans le monde.
- Afin d'améliorer sa rentabilité, le groupe a engagé un processus d'optimisation de son portefeuille produits avec un recentrage stratégique sur les marchés professionnels.
- Les tendances pour les semences potagères (deux fois plus margées que les semences grandes cultures) restent très favorables.
- Les efforts de Vilmorin en R&D sont importants, l'objectif étant de pouvoir développer à l'HORIZON 2014 ses propres plantes transgéniques de soja ou de maîs. Le budget de R&D représente 10% du chiffre d'affaires et le groupe multiplie les partenariats pour améliorer les caractéristiques des semences commercialisées.
Les points faibles de la valeur
- L'ENVIRONNEMENT reste difficile. Malgré un rebond, les cours des céréales sont encore loin des sommets atteints en 2008.
- Le groupe a encore de grandes marges de progrès face à l'américain Pioneer, leader du marché du maîs en Europe.
- Le marché du maîs est très volatil aux Etats-Unis, où Vilmorin réalise près de 25% de ses ventes dans l'activité grandes cultures.
- Le groupe est soumis aux aléas climatiques. Son activité est par ailleurs saisonnière.
- Le groupe dispose toujours d'une faible visibilité sur les arbitrages qui seront réalisés entre semences de fermes et semences commerciales et entre maîs/soja.
- L'augmentation de capital lancée au printemps 2010 sera plus dilutive que prévu.
Comment suivre la valeur
- Les résultats de Vilmorin dépendent de l'évolution des surfaces cultivées, elle-même liée à la consommation de légumes par habitant, qui est notamment influencée par la hausse du niveau de vie.
- Le groupe est sensible à la volatilité des prix des matières premières agricoles.
- La bataille des grands semenciers mondiaux sur le maîs et le blé s'accentue. La complexité accrue dans l'élaboration des futures semences génétiques requiert des capitaux considérables et demande également de fortes implantations commerciales. La récente augmentation de capital était donc une nécessité pour Vilmorin.
- La stratégie de partenariat et de sélectivité menée par le groupe est pour l'instant efficace mais, à terme, la concentration dans le secteur pourrait se poursuivre afin d'accentuer les synergies et d'approcher les budgets des trois premiers acteurs du secteur.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Agroalimentaire
Le secteur de l'agroalimentaire, second employeur en France, regroupe plusieurs segments de marché (conserves, biscuits, produits laitiers, plats cuisinés, produits surgelés et boissons alcoolisées et non alcoolisées). Il inclut également l'industrie du tabac. Les innovations lancées par les industriels cherchent essentiellement à lutter contre le développement des marques de distributeurs. Les spécialistes estiment que le secteur est pénalisé par un manque de visibilité du fait de coûts de matières premières très volatils, cette volatilité étant alimentée par un retour de la spéculation. Après un recul de leurs marges en 2009, les intervenants du secteur devraient attendre 2011 pour bénéficier d'un redressement de leur profitabilité. Parmi les géants mondiaux du secteur la diversification est de mise.