En hausse de 3,43% à 149,45 euros, Vallourec signe la plus forte hausse du CAC 40, soutenu par le regain d'intérêt des investisseurs pour les valeurs considérées cycliques. De plus, le marché accueille favorablement les propos encourageants du président du directoire, Philippe Crouzet, formulés dans la presse lundi matin. Selon le patron du fabricant de tubes soudure, le groupe a touché le point bas en volumes au premier trimestre et son activité a retrouvé une tendance favorable. Vallourec reçoit des signaux contrastés selon les régions.
Deux de ses gros moteurs de croissance, les Etats-Unis et le Brésil, sont bien repartis, assure-t-il. L'Asie va bien aussi. "Il y a peut-être même un risque de surchauffe dans cette région. Reste l'Europe où la conjoncture domestique est moins bonne, mais qui constitue aussi pour Vallourec une base d'exportation", explique-t-il à "La Tribune".
Pour le groupe, la chute de l'euro est une bonne nouvelle. "Car ce que nous produisons en Europe est en bonne partie exporté. Il faut réaliser que l'euro a dévalué de près de 20%. Avant la création de l'euro, une dévaluation de 20% était qualifiée de dévaluation compétitive ! Cette dévaluation était nécessaire : à 1,50 dollar pour 1 euro, l'industrie européenne était sur une trajectoire de suicide collectif".
Concernant l'impact de la marée noire dans le golfe du Mexique, cette catastrophe se traduira sans doute par un durcissement des réglementations et un renforcement des dispositifs de sécurité, estime Vallourec.
"Cela devrait conduire NOS clients à relever leurs spécifications techniques et entraîner le marché vers une demande plus premium, avec une prime plus importante attachée aux références techniques et à la technologie. Ceci devrait donc être plutôt favorable à des acteurs comme Vallourec qui ont une longue expérience, de très solides références et un fort axe de recherche & développement", conclut Philippe Crouzet.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 31.12.2009 : 4.465 millions d'euros (-31%)
Au 31.12.2008 : 6.437 millions (+4.8%)
Résultats
Au 31.12.2009 : Résultat d'exploitation : 786,3 millions (-48%;) Résultat net part du groupe : 517,7 millions (-46%)
Au 31.12.2008 : résultat d'exploitation : 1.521,8 (-6,2%) ; résultat net part du groupe : 967,2 millions (-1.9%)
Prévisions
Le groupe prévoit qu'en 2010, les effets de la crise continueront à affecter les résultats. La fin du mouvement de déstockage dans la plupart des marchés et la nette reprise de l'activité Pétrole et Gaz aux Etats-Unis sont des éléments positifs. Néanmoins, l'activité nergie électrique devrait rester faible tout au long de l'année et il subsiste une forte incertitude concernant le calendrier et l'ampleur de la reprise des autres marchés, liés à l'activité économique mondiale.
Globalement, Vallourec anticipe que le chiffre d'affaires et le résultat brut d'exploitation du premier semestre 2010 seront tous deux sensiblement inférieurs à ceux du second semestre 2009. Les volumes de vente devraient néanmoins rebondir à partir du deuxième trimestre 2010.
Stratégie
Cette année, Vallourec continuera à déployer son programme de réduction de coûts et mettra en oeuvre son plan d'investissements stratégiques, destiné à améliorer son offre de services et à renforcer sa présence sur des marchés à fort potentiel de croissance. Le programme d'investissements reste chargé avec des dépenses de 677 millions l'an dernier. Cette année il s'élèvera environ 900 millions d'euros.
Grâce à la solidité de son bilan, Vallourec est en mesure de saisir de nouvelles opportunités de développement dans les solutions tubulaires premium.
Evènements financiers
- Le groupe a récemment investi dans le gaz non conventionnel, énergie dont la demande est en plein essor aux Etats-Unis, à travers 650 millions de dollars (478 millions d'euros) consacrés à la construction d'une nouvelle unité sur son site de Youngstown, dans l'Ohio. Le groupe espère qu'avec ce produit haut de gamme il pourra réaliser des marges plus élevées.
- Vallourec va également mettre en service à l'automne une usine intégrée au Brésil et accroître ses capacités en France pour les tubes dédiés aux centrales nucléaires.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Vallourec bénéficie d'un savoir-faire remarquable, qui reste reconnu par ses clients.
- La fiabilité de ses tubes permet au groupe de pratiquer des prix élevés, ce qui profite à sa rentabilité en temps de crise. En 2009 sa marge brute d'exploitation (rapport entre l'excédent brut d'exploitation et le chiffre d'affaires) a atteint 22% (contre 26,3% en 2008), et la marge opérationnelle 17,6% grâce à son positionnement sur les tubes à plus forte valeur ajoutée et à des mesures d'adaptation de son outil industriel aux conditions de marché.
- Par un programme d'investissement important, Vallourec prépare activement l'après-crise.
- La flexibilité financière du groupe est très importante et son activité a dégagé l'an passé un flux de trésorerie de 1,6 milliard d'euros, ce qui lui a permis de se désendetter totalement et d'afficher au 31 décembre 2009 une trésorerie nette de 407 millions d'euros, à comparer à une dette nette de 346 millions d'euros à fin 2008.
- Le nouveau dirigeant du groupe, Philippe Crouzet, qui est issu de Saint-Gobain, a l'expérience des industries cycliques.
- Les investissements réalisés au Brésil devraient lui procurer un avantage concurrentiel important.
Faiblesses
- La crise a lourdement touché l'activité de Vallourec, qui a chuté de 31% l'an passé, pour atteindre 4,47 milliards d'euros.
- L'exercice 2010 devrait encore être difficile pour le groupe et devrait même marquer un point bas, avec une baisse à la fois du chiffre d'affaires et de l'excédent brut d'exploitation au premier semestre.
- L'incertitude qui pèse sur Vallourec est liée au moment auquel il sera en mesure d'accompagner la croissance attendue de l'activité par une hausse généralisée des prix, ce qui lui permettra de retrouver les niveaux de résultats d'avant la crise.
- Toutes les divisions ne sont pas concernées par la reprise car si l'activité liée au pétrole et au gaz, première source de revenus pour Vallourec, présente des signes d'amélioration, l'énergie électrique rencontre toujours des difficultés. Le groupe prévoit que le chiffre d'affaires de cette branche devrait être significativement inférieur cette année à celui de 2009.
- Comme toute valeur cyclique, Vallourec est sensible au retournement de conjoncture. Dans le passé, le marché mondial des tubes pour l'énergie a subi de graves excédents de capacités, amplifiant la chute des prix.
- Le dividende a été ramené à 3,50 euros par action, contre 6 euros au titre de 2008. Toutefois le taux de distribution de 38,6% est légèrement supérieur à l'objectif fixé en 2003 (un tiers du résultat net).
- Le capital du groupe est très morcelé : Bolloré, qui détient seulement 4,8% du capital ne peut être considéré comme un actionnaire de référence.
La valeur et son secteur
Principales activités
Quatre principaux marchés : Energie, dont Pétrole et Gaz Pétrochimie; Mécanique; Automobile.
Le secteur
Les commandes des tubes pour les centrales électriques reculent, du fait des reports d'investissement dans les centrales thermiques, en Chine ou en Europe. Aux tats-Unis, le niveau des forages (pour le gaz) reste très déprimé. Vallourec et plusieurs autres grands noms du secteur parapétrolier comme CGG Veritas et Technip ne visent une amélioration du marché qu'à partir de la seconde partie de l'année 2010.
La valeur dans son secteur
Co-leader mondial du marché des tubes en acier sans soudure, destinés principalement aux secteurs du Pétrole et du Gaz, de l'Energie électrique ainsi qu'à d'autres applications industrielles, avec environ 10 % de part de marché.
Leader mondial des solutions tubulaires premium destinées principalement aux marchés de l'énergie.
Comment suivre la valeur
- L'activité cyclique est très sensible à l'évolution de la conjoncture, en particulier aux Etats-Unis.Les performances du groupe sont sensibles à l'évolution du dollar car les coûts de production de ses usines européennes sont majoritairement libellés en euros, alors que leurs revenus s'établissent en dollars.
- La division Pétrole et Gaz représentant 50% du chiffre d'affaires sur l'année 2009, le groupe est très sensible au prix de baril de pétrole. Ce dernier détermine avec un décalage de six mois à un an le niveau d'investissement des compagnies pétrolières dans l'exploration-production, et la demande de tubes de forage. Dans le cas d'un cours élevé du pétrole le titre est donc favorisé.
-Du fait d'un capital éclaté le groupe est facilement opéable. Il présente donc un caractère spéculatif.
Rémunération des actionnaires
Dividendes versés
3,5 euros (contre 6 euros par action au titre de l'exercice 2008)
Taux de distribution des dividendes
38,6% du résultat net part du groupe
Taux de croissance du dividende par action
-45,5%
Rendement (dividendes / Cours)
4,6%
Estimations de dividendes par action
2,65 euros en 2010
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
La Commission Européenne a publié une liste de 14 métaux ou familles de métaux qui sont importants pour l'économie de l'Union européenne (UE), et dont l'approvisionnement pourrait être menacé par des tensions politiques ou des pénuries. Ce document servira de base à un plan présenté à l'automne prochain, destiné à améliorer l'approvisionnement en matières premières de l'UE. Ce plan comprendra trois axes : le renforcement des accords avec les pays producteurs de ces métaux, le développement du potentiel minier sur le sol européen, et une meilleure maîtrise du recyclage. Les métaux jouent un rôle essentiel dans la conception de produits innovants, tels que les voitures électriques, les ampoules LED, les écrans plats. Les besoins en indium, nécessaire à la fabrication de ce type d'écrans, devraient représenter en 2030 plus de trois fois la production de 2006. En dépit de ces besoins accrus, l'accès à certains minerais pourrait devenir plus difficile à l'avenir, faisant ainsi peser une menace sur le développement de l'économie européenne. La Chine, qui contrôle 95% de la production mondiale des terres rares, a déjà commencé à réduire ses exportations.