Eiffage bondit de 13,91% à 41,20 euros à la Bourse de Paris après l'annonce du rachat par sa filiale Eiffarie du solde de 13,73% d'APRR (Autoroutes Paris Rhin Rhône) auprès de fonds. Le marché juge favorablement cette opération qui permet au groupe de BTP et de concessions d'aborder plus sereinement le refinancement d'Effarie. En effet, le consortium détenu à parité entre Eiffage et la société d'investissement Macquarie doit refinancer une dette de 3,7 milliards d'euros à l'HORIZON 2013.
Dans une note publiée ce matin, CA Cheuvreux estime donc que l'opération constitue à ce titre le premier catalyseur à une réévaluation d'Eiffage. Le broker souligne par ailleurs que la consolidation d'APRR dans les comptes d'Eiffarie va permettre à ce dernier de bénéficier d'allégements fiscaux.
Selon le bureau d'études, l'intégration d'APRR réduit la décote qui pèse sur Eiffage. Il estime que l'impact positif pour l'action pourrait avoisiner les 4,5 euros. L'analyste a néanmoins maintenu son opinion Sous-performance et son objectif de cours de 39,50 euros sur le titre.
De son côté, Aurel estime que l'opération devrait être relutive d'environ 3% sur Eiffage sur la base de l'intégration fiscale que la société de Bourse évalue à environ 70 millions d'euros.
Les transactions devraient être réalisées d'ici le 24 juin 2010. Elles portent sur 13,73% du capital d'APRR acquis au prix unitaire de 55 euros par action, coupon attaché, soit un montant total de 854 millions d'euros.
Une fois ces opérations réalisées, Eiffarie détiendra plus de 95% du capital et des droits de vote d'APRR et a l'intention de lancer, sous réserve de l'accord de l'AMF, une offre publique de retrait, suivie d'un retrait obligatoire au prix de 54,16 euros par action, soit le prix unitaire des transactions ci-dessus ajusté du dividende de 0,84 euro qui sera payé le 30 juin 2010.
De son côté, APRR gagne 7,74% à 54,79 euros, pour se rapprocher de la valeur de l'offre de retrait.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- L'équipe dirigeante actuelle est la même que celle qui a mené le redressement lors de la crise des années 1990.
- L'acquisition d'APPR a permis au groupe de devenir le numéro deux français et numéro trois européen des concessions autoroutières, et de rééquilibrer son portefeuille d'opérations vers des activités à caractère récurrent et donc moins sensibles à la conjoncture.
- Les commandes publiques constituent un soutien pour le chiffre d'affaires. Un important flux de PPP (Partenariat Public-Privé) est attendu courant 2010, ce qui devrait améliorer la visibilité.
- Eiffage ne devrait pas lancer d'offre pour acquérir les minoritaires d'APRR.
- La bataille boursière et judiciaire qui a opposé pendant près de 2 ans le groupe à l'un de ses actionnaires, l'espagnol Sacyr, a pris fin mi-2008. Des institutionnels sont entrés au capital.
Les points faibles de la valeur
- Les métiers d'Eiffage présentent traditionnellement de faibles marges.
- Même si une chute brutale d'activité de type 1995-96 semble écartée par la direction, Eiffage reste pénalisé par la faiblesse de la demande émanant du tertiaire et les incertitudes sur les Travaux Routiers. Les plans de relance auront des effets sur l'activité mais probablement pas avant 2011.
- Le groupe est peu présent à l'étranger avec 80% du chiffre d'affaires réalisé en France.
- Les positions d'Eiffage en Espagne et les acquisitions en Europe de l'Est sont affectées par la crise.
- Les problèmes non résolus au niveau de la structure de contrôle d'APRR sont également sources de prudence : Eiffage, qui a rassemblé ses intérêts dans APRR autour d'un holding Eiffarie, est visiblement en conflit avec Macquarie, qui poursuit une logique d'investisseur financier et non d'industriel.
Comment suivre la valeur
- Une bonne part de l'activité d'Eiffage, à l'image du secteur de la construction et du bâtiment dans son ensemble, dépend de la conjoncture économique, du niveau des taux d'intérêt (coût du crédit) et du climat (plus ou moins propice aux lancements de chantiers).
- Par ailleurs, les choix budgétaires des Etats en matière d'infrastructures jouent un rôle non négligeable dans l'évolution du carnet de commandes du groupe.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - BTP
En 2010, les professionnels estiment que le nombre de mises en chantier devrait se redresser et atteindre 365.000, niveau toutefois bien inférieur aux 463.000 réalisées en 2007. Les projets d'acquisition seront certainement mis à mal par la montée du chômage jusqu'à mi-2010, même si certains dispositifs de soutien au secteur ont été maintenus. Parmi eux, le doublement du prêt à taux zéro (PTZ) pour l'achat d'un logement neuf et le dispositif de soutien à l'investissement locatif Scellier, mis en place début 2009, ont un impact particulièrement positif. De plus, si les taux d'intérêt sont au plus bas, ils risquent fortement de remonter au second semestre, ce qui pénalisera la capacité d'emprunt d'un certain nombre de ménages. Dans ce contexte, le président de la Fédération des promoteurs constructeurs, a appelé les pouvoirs publics à poursuivre leur soutien aux accédants à la propriété. L'an passé, ces derniers n'ont représenté que 35.000 ventes sur les 105.000 réalisées par les promoteurs.