Suspendu depuis le 8 juin, Rodriguez Group a repris la cotation aujourd'hui avec un bond de 10,03% du titre à 4,17 euros. Le fabricant cannois de yachts de luxe a annoncé ce matin la démission de son président Alexandre Rodriguez, mis en examen et écroué la semaine dernière dans le cadre d'une affaire de banditisme. Le groupe souligne dans un communiqué que la procédure judiciaire en question concerne Alexandre Rodriguez à titre personnel et ne vise pas l'activité du groupe, « qui fait régulièrement l'objet d'audits légaux et de contrôles de la part des autorités compétentes », souligne-t-il.
Le conseil de surveillance s'est réuni et a désigné Gérard Rodriguez pour assurer la présidence du groupe.
L'interpellation de l'ancien directeur s'est déroulée dans le cadre d'un coup de filet qui a permis d'arrêter plusieurs figures du grand banditisme marseillais. La plupart des interpellations se sont déroulées sur un yacht appartenant au groupe Rodriguez. Les enquêteurs ont saisi quatre yachts, 200 000 euros en liquide, des faux papiers, des armes de poing, des véhicules et un lot important de montres de luxe. Alexandre Rodriguez, soupçonné selon la presse locale d'entretenir une relation amicale avec les présumés malfaiteurs, est détenu à la prison de la Farlède dans le Var.
Le titre Rodriguez avait déjà été suspendu pendant un an lors de la procédure de sauvegarde du groupe. La cotation avait repris le 8 avril, et avait suscité l'engouement du marché, avec une hausse de plus de 100%.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Rodriguez Group commercialise des yachts de luxe. Le groupe est également le numéro un mondial de la location et de l'intermédiation dans la vente de yachts. Par activité, les ventes de bateaux neufs représentent 69 % du chiffre d'affaires, et celles de bateaux d'occasion 22 %. Enfin, les services (location et intermédiation) représentent 9% de l'activité.
Les points forts de la valeur
- Evoluant sur la niche des yachts de luxe, le groupe s'adresse à une clientèle très haut de gamme quasi-insensible aux retournements conjoncturels. A ce titre, Rodriguez présente donc un caractère défensif.
- Avec un carnet de commandes étoffé, Rodriguez offre une bonne visibilité sur son activité.
- L'activité de services du groupe est très rentable.
- Rodriguez bénéficie d'un statut de valeur de luxe alliant croissance et rentabilité.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe a eu du mal à faire accepter au marché qu'il ne pourrait soutenir son rythme de développement des années 2000 (+30 % du chiffre d'affaires par an en moyenne).
- Le groupe est handicapé par ses erreurs de communication et son absence de prévisions chiffrées.
- La famille fondatrice garde le contrôle de la majorité des droits de vote, rendant le titre non opéable.
- Le groupe est exposé à la faiblesse du dollar.
- Rodriguez ne s'est pas (encore) développé en Asie.
Comment suivre la valeur
- Compte tenu de son positionnement sur le très haut de gamme, la valeur est qualifiée d'acyclique par les analystes financiers. Attention toutefois, elle est souvent assimilée - à tort - par le marché, à une valeur du tourisme, et a tendance, à ce titre, à se comporter en Bourse comme une valeur de ce secteur.
- Traditionnellement le premier semestre pèse peu dans la constitution du chiffre d'affaires annuel.
- La vente de bateaux neufs affiche des croissances plus régulières que celle de bateaux d'occasion.
- Le nombre de grandes fortunes (patrimoine supérieur à 30 millions de Dollars d'actifs financiers) estimé à plus de 70.000 personnes reste élevé par rapport au nombre de bateaux produits dans le monde.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
Démarrée au second semestre de l'an passé, la reprise devrait se confirmer cette année, selon l'OMT. Cet organisme table sur une croissance de 3% à 4% et prévoit que le tourisme en Asie bénéficiera du plus fort rebond. La croissance en Europe sera, elle, plus modérée tandis que le continent africain tirera partie de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. La croissance mondiale du nombre de touristes pourrait même être revue à la hausse, compte tenu de l'augmentation de 2% enregistrée lors du dernier trimestre 2009. Ce regain d'optimisme résulte de la conjugaison d'un ensemble de facteurs positifs, notamment le retour de la confiance des entreprises et des consommateurs, des taux d'intérêt et d'inflation qui demeurent à de bas niveaux, et de nombreux événements internationaux dont les Jeux olympiques d'hiver de Vancouver et l'exposition universelle de Shanghai. Les éléments d'incertitude, expliquant que le secteur ne devrait pas beaucoup recruter cette année, ne sont néanmoins pas à négliger. La reprise économique mondiale reste fragile et les menaces terroristes demeurent.