
Le géant américain de l'automobile General Motors a mis fin mercredi à un an et demi de feuilleton en décidant d'assumer seul la restructuration d'Opel/Vauxhall, avec la suppression annoncée de 8.000 emplois en Europe.
Dans une volte-face qui devrait être la dernière, Opel a retiré toutes les demandes d'aides publiques réclamées aux pays européens où il est implanté, tirant les conséquences de la fin de non-recevoir opposée par Berlin à ses demandes de garanties publiques mercredi dernier.
"L'argent (pour restructurer Opel) viendra de General Motors", a indiqué le patron du constructeur allemand, Nick Reilly, au cours d'une conférence de presse téléphonique.
GM, contrôlé à 61% par l'Etat américain, va mettre la main à la poche et apporter la totalité des 3,3 milliards d'euros de la restructuration.
C'est 1,4 milliard de plus que ce qu'il comptait mettre au pot avant cette douche froide.
Jusqu'ici, Opel soulignait que GM s'était redressé grâce à l'argent des contribuables américains, que le groupe ne pouvait dépenser hors des Etats-Unis.
Mais après six mois de poker infructueux avec l'Allemagne tiraillée entre son désir de sauvegarder des emplois et sa volonté de donner une image de rigueur, le constructeur a perdu patience.
Il renonce à obtenir de l'aide du Royaume-Uni et de l'Espagne, malgré des signaux positifs : Opel ne se voyait pas "entrer à nouveau dans un processus bureaucratique assez long", a dit M. Reilly.

"General Motors fait des bénéfices et a les moyens" de restructurer sa filiale, a réaffirmé mercredi le ministre allemand de l'Economie, Rainer Brüderle, qui s'estime "conforté dans (sa) décision" de ne pas aider Opel.
De fait, pour l'instant Opel "n'a aucune intention de changer (son) plan de restructuration", a assuré M. Reilly. Le plan prévoit la suppression de 8.000 emplois sur 46.000 en Europe.
Le constructeur emploie environ 25.000 salariés en Allemagne et prévoit 3.900 suppressions d'emploi dans le pays.
"General Motors a fait preuve de clarté et mis fin aux incertitudes et aux conjectures pour les salariés", a déclaré le président du comité d'entreprise d'Opel, Klaus Franz, cité dans un communiqué.
Le constructeur a assuré que les accords conclus avec les salariés, qui prévoient 265 millions d'euros d'économies par an jusqu'en 2014 en échange d'investissements et du lancement de nouveaux modèles, tenaient toujours.
Tout reste à faire pour Opel, et sa jumelle Vauxhall au Royaume-Uni, qui veut désormais mettre "rapidement en oeuvre" son plan.
La marque à l'éclair, en perte de vitesse depuis des années et tournée vers les marchés européens dont les perspectives de croissance sont faibles, a promis d'investir 11 milliards d'euros en cinq ans en nouveaux modèles.
"Nous avons l'intention d'accroître nos ventes (hors d'Europe) et de régénérer la marque dans certains pays", a expliqué M. Reilly, qui dit par ailleurs ne pas craindre une cannibalisation par d'autres marques du groupe, comme Chevrolet et Cadillac, également vendues en Europe.
Le feuilleton Opel a débuté en novembre 2008 lorsque le constructeur avait demandé pour la première fois des aides publiques.
Sorti de faillite, GM a décidé en novembre de ne plus vendre sa filiale et de la restructurer lui-même, au grand dam de Berlin et de la chancelière Angela Merkel qui s'était fortement engagée dans un achat par l'équipementier canadien Magna.