Pénalisé par des résultats annuels décevants et des perspectives jugées trop sobres, Remy Cointreau (-2,19% à 41,60 euros) chancelle en Bourse. La très bonne performance de la branche Cognac, un élixir de plus en plus apprécié en Asie, a été atténuée par le bond des dépenses publicitaires et l'effondrement du champagne à l'export. En temps de crise, les consommateurs abandonnent le champagne, vins de fête par excellence, pour se replier sur des boissons plus alcoolisées. Dans un ENVIRONNEMENT économique qu'il juge incertain, le numéro deux français groupe n'a pas formulé de perspectives.
Rémy Cointreau dit maintenir le cap de sa stratégie de valeur et de long terme. Le groupe concentrera ses investissements sur le développement de ses grandes marques.
Le propriétaire de la célèbre marque de cognac Rémy Martin a réalisé au titre de son exercice 2009/2010 clos au 31 mars 2010 un résultat net, part du groupe, de 86,3 millions d'euros, stable par rapport à l'année précédente qui bénéficiait notamment d'un effet positif non-récurrent de 13,6 millions d'euros d- à la sortie de Maxxium.
Le résultat opérationnel a progressé de 7,2% à 140 millions d'euros. La marge opérationnelle s'établit à 18,4% (organique) contre 19,2% l'an passé, reflétant principalement l'accroissement des investissements publi-promotionnels.
Le consensus FacSet tablait de son côté sur un résultat net de 87 millions, une marge opérationnelle de 28% et un résultat opérationnel de 146,6 millions.
Un dividende de 1,30 euro par action sera proposé au vote des actionnaires lors de l'assemblée générale des actionnaires qui aura lieu le 27 juillet 2010, avec l'OPTION d'un paiement en actions à hauteur de 50% du dividende ou d'un paiement intégral en numéraire.
Gilbert Dupont a réagi à cette publication en confirmant son opinion Accumuler et son objectif de cours de 47,5 euros. Le broker a souligné que le consensus de résultat opérationnel courant 2010/2011 restait prudent à 170,6 millions d'euros. Selon la société de bourse, l'exercice en cours devrait être soutenu par le dollar alors que le marché du Cognac restera dynamique.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Rémy Cointreau se positionne sur le segment haut de gamme, en se concentrant sur la croissance de ses marques phares, soutenue par d'importants investissements promotionnels.
- Le groupe profite de la reprise en main de la distribution de ses marques. Rémy Cointreau contrôle désormais plus de 80 % de son chiffre d'affaires.
- Rémy Cointreau bénéficie du dynamisme des pays asiatiques, de la Chine notamment, où la consommation de cognac haut de gamme ne faiblit pas.
- Plus généralement, le groupe bénéficie de sa forte exposition sur les pays émergents (22% du CA 2008/09) d'autant que le mouvement de « premiumisation » y est important.
- La dette nette a été maîtrisée et les incertitudes sur le respect des covenants ne devraient désormais plus avoir lieu d'être.
Les points faibles de la valeur
- Les analystes restent prudents à court terme en raison d'un climat de consommation encore tendu sur 2010 et de la sensibilité du groupe au dollar qui devrait pénaliser plus fortement les comptes à partir du second semestre de l'exercice 2009/10.
- Les analystes retiennent un scénario de reprise molle pour 2009/10 et 2010/11, notamment sur les Etats-Unis et l'Europe, avant un plus franc rebond en 2011/12.
- Du fait de sa taille réduite par rapport à ses concurrents, Rémy Cointreau fait figure d'outsider et n'a pas les moyens de grandir significativement par croissance externe.
- Le groupe est fortement dépendant du cognac, qui représente près de la moitié chiffre d'affaires. Les signes de reprise sur ce marché sont pour le moment considérés comme 'techniques'.
Comment suivre la valeur
- Deux éléments primordiaux influencent la consommation de spiritueux. D'une part, les revenus et la confiance des ménages, d'autre part, l'évolution des modes.
- Les ventes de fin d'année représentent une part importante du chiffres d'affaires.
- Les résultats du groupe sont sensibles aux variations de change, dans la mesure où Rémy Cointreau réalise la majeure partie de son chiffre d'affaires en dehors de la zone euro.
- L'attrait spéculatif de la valeur est aujourd'hui limité par le refus affirmé de la famille d'envisager toute cession de son contrôle.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Agroalimentaire
Le nouveau leader mondial de la confiserie est né avec le rachat du confiseur britannique Cadbury par l'américain Kraft Foods, numéro deux mondial de l'agroalimentaire. Cette OPA hostile a atteint le montant de 13 milliards d'euros. Quant au leader mondial du secteur, Nestlé, il a racheté pour 3,7 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) les pizzas surgelées de Kraft en Amérique du Nord. Le surgelé est devenu, en effet, un de ses axes stratégiques de développement. Le groupe détient déjà plus de 6% du marché mondial, tous produits confondus. Le géant suisse a également choisi un créneau porteur car les pizzas surgelées séduisent les ménages, enclins à limiter leurs dépenses alimentaires. La concentration du secteur peut s'expliquer par un environnement qui demeure ardu pour les groupes agroalimentaires. C'est pourquoi certains analystes estiment que des entreprises vont être tentées d'aller gagner de la croissance grâce à des acquisitions.