"Schneider aura intégré Areva Distribution au début 2011", indique Jean-Pascal Tricoire, le président du directoire de Schneider Electric, dans une interview au journal "Les Echos". En fusionnant les équipes, Schneider va créer un pôle énergie de près de 20.000 salariés et d'environ 4,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont quasiment la moitié dans les pays émergents. Ce sera le numéro un mondial de la moyenne tension. Cette acquisition va faire du groupe un leader mondial du "smart grid" ( réseaux intelligents).
Jean-Pascal Tricoire souligne que les capacités de financement du groupe lui permettent de faire très largement cette opération. Schneider n'a pas besoin d'augmentation de capital. Par ailleurs, il table sur des synergies de 120 millions d'euros par an.
Schneider et Alstom ont annoncé la finalisation de leur acquisition de T&D. L'opération, annoncée fin 2009 pour un prix valorisant la société à 4,1 milliards d'euros. L'accord prévoit les transferts des activités transmission, qui représentent deux tiers du total, à Alstom, et distribution, c'est-à-dire le reste, à Schneider.
Interrogé sur la baisse de l'euro, le dirigeant souligne que la baisse de l'euro a un effet positif lorsque Schneider consolide ses résultats. Lorsque l'euro perd 1 % par rapport au dollar, son gain est d'environ 8 millions d'euros. "D'un point de vue plus général, la baisse de la monnaie unique est une très bonne chose pour l'Europe, car le niveau de l'euro était trop élevé", ajoute Jean-Pascal Tricoire.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 31.12.2009 : 15.793 millions d'euros (-15.7% de croissance organique)
Au 31.12.2008 : 18.311 millions d'euros (+5.8%)
Résultats
Au 30.06.2009, EBITDA : 791 millions d'euros (-41,8%) ; résultat net : 346 millions d'euros (-59,3%)
Au 31.12.2008, EBITDA : 2.754 millions d'euros (+7,5%) ; résultat net : 1.723 millions d'euros (+6,3%)
Prévisions
En 2010, le groupe anticipe que la croissance devrait être soutenue par une meilleure dynamique dans les nouvelles économies et par le rebond des investissements dans l'industrie et les centres de données. Néanmoins il considère aussi que la demande devrait rester atone sur les marchés matures, compte tenu d'un ENVIRONNEMENT économique toujours incertain.
Dans les conditions économiques actuelles, Schneider Electric vise un retour à une croissance modérée à un chiffre à taux de change et périmètre comparables, pour le chiffre d'affaires et une amélioration de la rentabilité avec une marge EBITA d'environ 14% avant coûts de restructuration (et avant tout impact d'intégration d'Areva Distribution), contre 12,9% en 2009.
Stratégie
A travers son nouveau plan stratégique, «One», le groupe a l'ambition de réduire les coûts de 1,6 milliard d'euros d'ici à 2011. En 2009, les coûts ont déjà été réduits de 646 millions d'euros. Un seul poste n'a pas été touché : les dépenses de recherche-développement, stables par rapport à l'année précédente car le groupe préfère continuer à investir pour préparer le futur.
Le plan stratégique prévoit également que le groupe devienne leader des « nouvelles économies » en 2011, date à laquelle il compte réaliser la moitié de ses coûts de production dans les pays émergents. Pour Schneider Electric, l'efficacité énergétique constitue une opportunité de croissance et de différentiation. Le président du directoire, Jean-Pascal Tricoire, mise beaucoup sur le « smart » et le « green » grid - l'électricité intelligente et verte. Il élargit ainsi considérablement sa cible de clientèle en se positionnant aussi bien auprès des producteurs d'énergie (par exemple, pour convertir l'énergie solaire), des entreprises et des particuliers (domotique).
L'autre objectif du plan « One » est de simplifier l'organisation du groupe, qui a mené plus de cent acquisitions entre 2003 et 2008. Il doit par exemple diminuer les références de produits.
Evènements financiers
Alstom et Schneider Electric ont été choisis pour reprendre la branche de transmission et distribution d'électricité (T&D) d'Areva. Cette opération devrait être finalisée au printemps 2010.
Cette acquisition permet à Schneider Electric, déjà présent dans la distribution d'électricité, de devenir le second acteur mondial sur le marché de la moyenne tension électrique, devant Siemens et juste après ABB.
Le groupe espère un effet positif sur le bénéfice net par action dès la première année et un impact relutif de 5 à 10% par la suite. Il espère finaliser le rachat au printemps 2010.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Le groupe bénéficie de positions solides dans ses activités et dans les pays émergents. Il devrait, en particulier tirer partie de sa présence en Chine : dans ce pays, le PIB devrait croître de 10,8% l'année prochaine.
- Malgré la crise, sa marge opérationnelle, avant coûts de restructuration, est restée à un niveau élevé en 2009, atteignant 12,9%. Sa baisse a été limitée à 3,1 points, alors que le chiffre d'affaires a reculé de 15,7%.
- Des signes de redressement se sont déjà manifestés sur le quatrième trimestre, avec un chiffre d'affaires en baisse de 10% en données comparables, contre un repli de près de 16% sur l'ensemble de l'année.
- Sur l'année 2009, dans un environnement pourtant dégradé, le groupe est parvenu à améliorer son cash-flow libre, en hausse de 13,6% pour atteindre quasiment 2 milliards d'euros.
- Grâce à cette forte génération de trésorerie, l'endettement net a été réduit de 38% à 2 812 millions d'euros (4 553 millions d'euros en 2008), soit une amélioration de 17,5 points du ratio dette nette / capitaux propres, qui s'établit à 23,7% au 31 décembre 2009.
- La réorientation vers l'efficacité énergétique permettra à Schneider de bénéficier de l'augmentation des dépenses de certains gouvernements en faveur de l'écologie, en particulier aux Etats-Unis.
- La reprise partielle d'Areva T&D, autofinancée en intégralité, qui renforce les positions concurrentielles de Schneider, offre un potentiel de valorisation au titre.
Faiblesses
- L'agence de notation Moody's a dégradé de "stable" à "négative" sa perspective sur la notation 'A3/Prime-2' attribuée au groupe Schneider.
- Le groupe a subi une dégradation de ses performances l'an passé.
- L'activité d'Automatisme et de contrôles, étroitement liée à l'investissement industriel, a été très affectée par la dégradation de la conjoncture économique avec une chute de 21,3% de son activité organique en 2009.
- Schneider pâtit d'un cycle d'activité court (avec un carnet de commandes qui ne représente que 1 à 2 mois de ventes) ce qui renforce le manque de visibilité.
- Le niveau du dividende par action a suivi la baisse des performances du groupe : le dividende par action s'établit à 2,05 euros contre 3,45 euros un an auparavant, même si le taux de distribution est en forte hausse (60% contre 49% un an auparavant).
- Certains investisseurs considèrent que l'action, dont le cours a beaucoup progressé sur les derniers mois (hausse d'environ 30% sur les 6 dernies mois) ne présente pas de potentiel de valorisation, et que son prix intègre désormais les éléments positifs.
La valeur et son secteur
Principales activités
Distribution électrique (58% du chiffre d'affaires), Automatismes et contrôles (27%), Energie sécurisée (15%).
Le secteur
Pour 2010, le suisse ABB, reste prudent même s'il constate un rebond de la demande dans les équipements de moyenne tension. Il a maintenu son objectif de marge opérationnelle comprise entre 11% et 16% pour 2010, après avoir affiché un niveau de 13% en 2009. Les prévisions de l'allemand Siemens sont en ligne avec celles d'ABB car il prévoit que la marge opérationnelle de sa division de distribution d'électricité devrait se situer entre 11% et 15%, après avoir atteint 13,9% au premier trimestre 2009-2010.
La valeur dans son secteur
Fait partie des leaders mondiaux dans chacun de ses métiers : leader mondial des équipements électriques basse tension et numéro deux pour la moyenne tension (après l'opération relative à Areva T&D).
Comment suivre la valeur
- Les équipementiers électriques sont très sensibles à l'évolution du marché immobilier. De plus, de par sa présence en Europe et en Amérique du Nord (qui représentent tous deux 68% de son activité sur l'année 2009), le groupe est très sensible à l'évolution de la conjoncture sur ces deux continents.
- Schneider souhaitant sensiblement accélérer sa présence dans les pays émergents, les acquisitions sont à surveiller.
Rémunération des actionnaires
Dernier dividende versés
2,05 euros par action
Taux de distribution des dividendes
60%
Taux de croissance du dividende par action
-41%
Rendement
2,6%
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
D'après la Fédération des industries mécaniques (FIM), la mécanique française a subi une chute historique de 15% de son chiffre d'affaires, à 98 milliards d'euros, en 2009. Ce secteur, qui emploie 650.000 personnes, a enregistré un recul de 5,5% de ses effectifs. Cette évolution n'est pas spécifique à la France. Elle a touché même le très puissant secteur des biens d'équipement allemand, qui représente un cinquième de la production mondiale. La machine-outil allemande (qui représente 920.000 salariés) a d- affronter un plongeon de 24,8% de ses facturations, à 160,1 milliards d'euros, un niveau inférieur à celui de 2006. Les usines allemandes ont tourné en moyenne à 70% de leur capacité l'an dernier, contre 89% un an auparavant. La branche a perdu 30.000 postes. C'est la pire performance depuis un demi-siècle. Ce secteur, très dépendant de la demande internationale, a pâti d'un retrait de 25,5% de ses exportations. La Chine est devenue le premier client étranger du secteur, avec une augmentation de 4,2% des ventes, à 10,3 milliards d'euros. Elle a ainsi devancé les marchés nord-américains (-30,6%) et français (-27,1%). Les commandes ont, elles, baissé de 38%.