Le Parlement a définitivement adopté jeudi le collectif budgétaire qui autorise la France à apporter sa garantie à 111 milliards d'euros affectés au fonds de sauvegarde de l'euro, après un vote du Sénat conforme à celui de l'Assemblée.
Après les députés lundi, le Sénat a adopté --par 309 voix contre 24-- le collectif budgétaire qui transcrit le plan de sauvegarde conclu le 9 mai par les chefs d'Etat et de gouvernement des 16 pays de la zone euro.
La majorité a sans surprise voté pour, ainsi que les groupes socialiste et RDSE (à majorité radicaux de gauche), même si celui-ci a émis "des réserves". Le groupe CRC-SPC (communistes et apparentés) a voté contre.
A l'Assemblée aussi, seul le groupe PCF et apparentés ainsi que quelques voix isolées, comme celles de Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP), avaient voté contre le texte.
La ministre des Finances Christine Lagarde a expliqué que ce texte avait "pour objectif de donner à la France les moyens juridiques et budgétaires de remplir ses engagements européens". Et en commentant le contexte actuel de crise, elle a admis que si l'Europe était "une réalité", "sa construction économique et politique (était) un combat quotidien".
"C'est à nous, membres de la zone euro, d'agir et de démontrer la solidarité de la zone en dépit du scepticisme de certains", a déclaré le ministre du Budget, François Baroin. "Nous pensons que l'épreuve actuelle est l'occasion d'un resserrement durable des liens entre les pays européens".
Alors que les parlementaires français avaient adopté, il y a à peine quelques semaines, un premier projet de loi de finances rectificative permettant un prêt de la France à la Grèce, M. Baroin a souligné que les Européens "ne pouvaient se contenter d'un sauvetage au cas par cas", mais avaient adopté "une approche globale et coordonnée".
Les ministres des Finances européens avaient décidé le 9 mai la mise en place d'un dispositif doté de 500 milliards d'euros pour préserver la stabilité de l'euro, auxquels s'ajoutait un apport de 250 milliards du FMI.
La France s'était engagée à apporter à ce fonds une garantie de 111 mds d'euros, soit sa quote-part dans la BCE, majorée de 20%.
Au Sénat, l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement (RDSE) a lancé: "la crise était prévisible. La monnaie unique était un canard sans tête: c'était une évidence, maintenant ça nous saute à la figure!".
Se déclarant "partisan de la défense de la zone euro pour empêcher les effets domino", il a cependant approuvé le dispositif proposé "mais pas l'envers de la médaille". "La purge imposée aux pays sera contreproductive", a-t-il averti.
De même, la socialiste Nicole Bricq a apporté le soutien de son groupe "à l'engagement de la France", avec des réserves. "Les craintes des marchés ne sont pas calmées, a-t-elle lancé. On ne sait pas, du reste, qui l'on veut rassurer: les marchés, l'Allemagne, les agences de notation? En tout cas, pas les Français, à qui on promet la rigueur", a-t-elle ajouté en pointant "les risques de récession".
Justifiant son "non", le PCF Thierry Foucaud a dénoncé "la volonté du gouvernement fançais de se positionner parmi les meilleurs élèves de l'Europe libérale dans ce qu'elle a de plus détestable pour le respect de la volonté populaire".
L'UMP Philippe Marini, rapporteur de la commission des finances, s'est félicité que la France soit "le second Etat, après l'Allemagne, dont le Parlement approuve le plan de stabilité de l'Europe et de l'euro".