BP chute de 12,90% à 430,95 pence à Londres, pénalisé par l'échec annoncé ce week-end de "Top Kill", sa tentative de colmatage du puits à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique. La Bourse de Londres étant fermée lundi, les investisseurs réagissent ce matin avec retard à cette très mauvaise nouvelle. En outre, la compagnie pétrolière britannique a relevé son estimation de coût de la marée noire de 930 millions de dollars à 990 millions de dollars, toutes dépenses confondues.
Responsable de la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis selon la Maison-Blanche, BP se prépare à tenter de poser une deuxième cloche de confinement au-dessus du puits défectueux après deux tentatives ratées.
Mais la compagnie britannique a évoqué l'hypothèse que les opérations en cours soient retardées en raison de conditions météorologiques dégradées. La saison des ouragans débute officiellement mardi dans la région.
Le groupe continue en parallèle de creuser deux puits secondaires censés atténuer la pression du puits principal. Ils ont été mis en chantier début mai, et leur installation est prévue pour le mois d'août. Dans cette attente, les experts redoutent que le pétrole ne continue à s'écouler.
Depuis le début de la marée noire liée à l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril, le cours de BP a perdu un tiers de sa valeur et chaque jour qui passe alourdit la note de BP. D'autant que les amendes et dommages et intérêts que pourraient payer la compagnie risquent d'augmenter à mesure que le temps passe et que les litres de pétrole souillent l'environnement.
Vendredi avant l'annonce de l'échec de l'opération "Top Kill", Credit Suisse avait déjà relevé sa fourchette de coûts de la catastrophe pour BP de 2,8-8,5 milliards de dollars à 4-9,8 milliards de dollars. Ce montant pourrait atteindre 17,6 milliards de dollars en raison des risques d'un relèvement des indemnités versées aux habitants et entreprises pénalisés par la catastrophe. Il souligne que ce montant n'intègre pas les éventuelles amendes et sanctions financières.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
fitch ratings souligne que les majors pétrolières européennes seraient fragilisées si le cours du baril de pétrole rechutait. Depuis le mois d'octobre, ce cours évolue entre 70 et 80 dollars. De nombreux analystes estiment que le cours du pétrole pourrait baisser au second trimestre du fait de la fin des plans de relance dans les économies développées, et d'une demande en retrait au printemps. Fitch considère que l'industrie pétrolière européenne doit non seulement affronter une baisse de la demande de produits pétroliers mais aussi des marges de raffinage, tombées à leur plus bas niveau en 15 ans. Toutefois, l'AIE (Agence internationale de l'énergie) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole cette année. Elle devrait croître de 1,8% par rapport à 2009, tirée par les pays émergents comme la Chine, contre 1,7% prévu auparavant. En 2009 cette demande avait enregistré une baisse historique de 1,5%. En 2010, la consommation devrait atteindre 86,5 millions de barils par jour. Dans les pays de l'OCDE, l'AIE prévoit une stagnation de la consommation, après une chute de 4,4% en 2009.