En repli de 2,27% à 509 pence, BP affiche la plus mauvaise performance de l'indice Footsie. Hier, le titre de la compagnie pétrolière britannique avait clôturé sur un gain de 5,85%, dopé par le succès de son opération de colmatage du puits à l'origine de la fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique. Mais aujourd'hui, l'annonce selon laquelle le coût total de la marée noire s'élevait pour l'instant à 930 millions de dollar a refroidi les investisseurs qui redoutent une forte augmentation de la facture.
Le groupe a pris en compte les frais de confinement et de nettoyage versés aux Etats côtiers, les dommages déjà remboursés et les opérations pour tenter de colmater la fuite de pétrole. Pour le reste, BP a précisé qu'il était trop tôt pour estimer les coûts potentiels et les responsabilités associés à l'incident.
La compagnie poursuit actuellement son opération de colmatage "Top Kill" qui pourrait durer encore entre 24 et 48 heures supplémentaires. L'opération ne sera un réel succès que lorsque le puits sera scellé par du ciment. Pour l'heure, une explosion de la valve endommagée est encore possible, ce qui rendrait la fuite plus grave.
Le succès de "Top Kill" est primordial pour BP dont la gestion de la crise est de plus en plus critiquée. Barack Obama a admis hier le manque de rapidité de l'opération de nettoyage des côtes et a mis en doute «l'honnêteté» de BP sur «l'ampleur des dégâts».
De son côté, Credit Suisse a souligné dans une note publiée ce matin que le flot de pétrole déversé dans le Golfe du Mexique depuis 37 jours était plus important qu'annoncé par BP initialement. Aujourd'hui, 23,3 millions de gallons de pétrole se sont répandus, contre 10,8 millions de gallons lors de la catastrophe de l'ExxonValdez.
Devant l'accélération du rythme de la fuite, le broker a relevé sa fourchette de coûts de la catastrophe pour BP de 2,8-8,5 milliards de dollars à 4-9,8 milliards de dollars. Ce montant pourrait atteindre 17,6 milliards de dollars en raison des risques d'un relèvement des indemnités versées aux habitants et entreprises pénalisés par la catastrophe. Il souligne que ce montant n'intègre pas les éventuelles amendes et sanctions financières.
Soulignant l'impact négatif de la marée noire sur les comptes du groupe, Credit Suisse a abaissé son objectif de cours sur le titre BP de 643,6 pence à 578 pence tout en réitérant son opinion Surperformance.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
fitch ratings souligne que les majors pétrolières européennes seraient fragilisées si le cours du baril de pétrole rechutait. Depuis le mois d'octobre, ce cours évolue entre 70 et 80 dollars. De nombreux analystes estiment que le cours du pétrole pourrait baisser au second trimestre du fait de la fin des plans de relance dans les économies développées, et d'une demande en retrait au printemps. Fitch considère que l'industrie pétrolière européenne doit non seulement affronter une baisse de la demande de produits pétroliers mais aussi des marges de raffinage, tombées à leur plus bas niveau en 15 ans. Toutefois, l'AIE (Agence internationale de l'énergie) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole cette année. Elle devrait croître de 1,8% par rapport à 2009, tirée par les pays émergents comme la Chine, contre 1,7% prévu auparavant. En 2009 cette demande avait enregistré une baisse historique de 1,5%. En 2010, la consommation devrait atteindre 86,5 millions de barils par jour. Dans les pays de l'OCDE, l'AIE prévoit une stagnation de la consommation, après une chute de 4,4% en 2009.