Technicolor a repris des couleurs hier à la Bourse de Paris. Le titre du groupe technologique a affiché la plus forte hausse parmi les valeurs éligibles au SRD avec un gain de 8,29% à 0,601 euro après avoir annoncé la finalisation de la dernière phase de sa restructuration financière. L'action a retrouvé vendredi à 0,544 euro ses plus bas de juillet 2009. Thomson a réalisé les opérations financières lui permettant de réduire sa dette de 45% à 1,5 milliard d'euros. Le groupe doit maintenant réussir son redressement opérationnel et présenter une stratégie convaincante.
Dans le détail, le groupe a réalisé une augmentation de capital de 347,5 millions d'euros souscrite à hauteur de 58,4% par les actionnaires existants et le solde par les créanciers senior de Technicolor. Concrètement, ces derniers ont abandonné une partie de leurs créances en échange d'actions nouvelles.
Par ailleurs, sur le nombre total de 638 millions d'obligations remboursables en actions (ORA) à souscrire par compensation de créance par les créanciers seniors, 11 783 690 seront acquises par les actionnaires, soit 15,6% des ORA qui leur étaient offertes.
« Cette opération de marché constitue la dernière phase de la restructuration financière du groupe », a souligné Technicolor. Elle lui permet de renforcer la structure de son bilan en réduisant de 45% sa dette financière d'environ 2,9 à 1,5 milliard d'euros.
Le règlement-livraison et l'admission aux négociations sur le marché Euronext Paris des actions nouvelles et des ORA sont prévues pour le 26 mai 2010.
A cette date, le capital de Technicolor sera détenu à hauteur de 27,4% par l'ensemble des créanciers seniors. Ces derniers détiendraient 66,2% du capital après remboursement de l'ensemble des ORA en actions et 72,5% du capital si les DPN étaient intégralement remboursées par émission d'actions nouvelles à un prix de 0,66 euro par action. Les DPN (Disposal Proceeds Notes) sont des obligations liées aux produits de cessions d'actifs. Le groupe a pris comme hypothèse, à titre illustratif, l'absence de produits nets de cessions des activités non stratégiques.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
ORA (obligations remboursables en : Les obligations remboursables en actions (ORA) constituent un instrument d'emprunt qui prévoit, pour le débiteur, la possibilité de rembourser son emprunt à échéance au moyen d'actions. Une société cotée peut émettre des obligations remboursables avec ses propres actions, ou bien avec les actions d'une autre société dans laquelle elle détient une participation.
Les points forts de la valeur
- Ex-Thomson, le groupe a pris le nom de Technicolor début février. Ce nom est à l'origine une marque appartenant au groupe depuis début 2001 et qui jouit d'une forte notoriété.
- Au-delà de ce changement de nom, le groupe s'apprête à connaître un nouveau démarrage avec le lancement, au cours du mois d'avril ou mai, des opérations financières marquant la conclusion du processus de restructuration de son bilan.
- Le groupe bénéficie d'un profil diversifié suite à son repositionnement sur l'ensemble de la chaîne de l'image, au travers notamment de services aux créateurs de contenu et diffuseurs (studios de cinéma, diffuseurs de chaînes de télévisions, opérateurs télécoms...).
- Le groupe bénéficie d'un des premiers portefeuilles de brevets au monde et d'une expertise technologique reconnue dans son domaine.
Les points faibles de la valeur
- Une stratégie credible fait défaut au groupe.
- La visibilité reste faible sur le redressement des ventes
- Il s'avère difficile d'anticiper le rythme de déploiement de la révolution numérique ainsi que le modèle gagnant sur lequel elle va déboucher, ce qui crée un manque de visibilité sur le dossier.
- Les spécialistes s'interrogent sur la capacité du groupe à renouveler son portefeuille de brevets et à développer ses propres innovations en dehors des opérations de croissance externe.
Comment suivre la valeur
- L'objectif est du groupe de restaurer une structure d'actionnariat varié et stable. Certains analystes estiment que le Fonds d'investissement stratégique (FSI) pourrait s'inviter au tour de table.
- Le titre est considéré comme une valeur dollar, du fait de sa forte exposition à l'Amérique du Nord (environ 40% des ventes). Il est donc sensible à la conjoncture américaine.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
L'activité du marché mondial de l'électronique grand public devrait rester stable cette année. C'est ce qui ressort des études menées par la Consumer Electronics Association (CEA) et l'institut de recherche GfK. Les ventes devraient se replier de 3% en Amérique du Nord et de 9% en Europe de l'Ouest. En revanche, elles devraient progresser de 10% en Chine, et de 9% dans le reste de l'Asie. Les consommateurs ont généralement tous les mêmes exigences : ils recherchent de l'Internet mobile, de la connectivité sans fil et un contenu différencié, par exemple les applications des smartphones. Les innovations séduisent également beaucoup. Ainsi, sur les cinq dernières années, la part de marché des téléviseurs à écrans LCD dans les ventes totales de l'industrie a bondi de 6% à 25%. En 2010, les dépenses des consommateurs occidentaux et asiatiques devraient atteindre le même niveau, pour représenter 36% chacune du total des ventes mondiales. A plus long terme, les spécialistes misent sur une forte hausse des dépenses des consommateurs asiatiques, qui devraient dépasser celles des consommateurs occidentaux.