Les entreprises israéliennes, confrontées à la crise sur le Vieux continent, misent de plus en plus sur la Chine, l'Inde, la Corée du sud et le Japon comme marchés alternatifs pour leurs exportations de haute technologie.
"La faiblesse économique de l'Europe nous contraint à regarder vers l'Est et la Chine en particulier", a diagnostiqué le ministre des Finances Youval Steinitz lors d'une récente visite dans ce pays.
Les menaces de contagion du "syndrome grec", qui se sont déjà soldées par une chute de 12,5% de l'euro face au shekel israélien depuis le début de l'année, inquiètent de plus en plus les exportateurs israéliens.
"A long terme, les exportations vers l'Europe risquent de ne plus être rentables, c'est pourquoi nous devons rechercher de nouveaux marchés notamment dans le Sud-Est asiatique, car la récession en Europe pourrait être longue et douloureuse", affirme Danny Tsiddon un responsable de la Leumi, la deuxième banque israélienne.
"Si la crise s'aggrave en Europe, qui absorbe environ un tiers de nos exportations, il ne fait aucun doute que nous devrons réviser à la baisse les prévisions de croissance de la Banque d'Israël, qui étaient de 3,7% pour cette année et de 4% en 2011", reconnaît Shraga Brosh, président de l'Association des industriels israéliens.
"Cette situation nous pousse à explorer d'autres horizons", explique Dany Catarivas, responsable des relations internationales au patronat israélien. Ce basculement a d'ores et déjà commencé, surtout pour les entreprises spécialisées dans les secteurs de pointe, comme les télécommunications, l'informatique, la technologie de l'eau, la biotechnologie mais aussi les armes.
En l'espace de 20 ans, la part de l'Asie dans le commerce extérieur d'Israël (non compris les échanges militaires) est passée de 11% à 20%, tandis que celle de l'Europe chutait de 46% à 29%. Durant la même période, le volume des exportations vers l'Asie a grimpé de 764%.
Signe des temps : M. Steinitz a annoncé la prochaine création dans plusieurs grandes villes chinoises de "centres Einstein". Ces centres doivent fournir l'assistance d'experts légaux, de traducteurs notamment, aux chefs d'entreprises israéliennes désireux de s'implanter en Chine.
Le président Shimon Peres va lui aussi participer à ces efforts de promotion en effectuant une visite le mois prochain en Corée du sud.
Israël est devenu un des principaux fournisseurs d'armes de l'Inde, avec des exportations annuelles évaluées à 1,2 milliard de dollars par des experts étrangers.
La récente intégration d'Israël au sein de l'Organisation du commerce et du développement économique (OCDE) devrait favoriser cette ouverture.
"Les Japonais par exemple apprécient ce qu'ils considèrent comme une garantie de crédibilité et de certificat de bonne conduite de notre économie", ajoute Dany Catarivas.
Selon lui, un certain nombre de fonds d'investissements institutionnels et de fonds de pension aussi bien américains, japonais, australiens, sud-coréens, qui n'avaient le droit d'intervenir que dans les pays membres de l'OCDE peuvent désormais opérer en Israël.
Pour accompagner le mouvement, des discussions préliminaires ont commencé pour conclure des accords de libre échange avec l'Inde et la Corée du sud, indique un responsable des Finances.
"Nous sommes le seul pays au monde à avoir conclu des accords de libre échange avec l'Union européenne, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Ce dispositif a été complété à la fin avril après l'entrée en vigueur d'un accord du même genre avec les pays membres Mercosur (Brésil, Uruguay, Argentine et Paraguay)", se félicite-t-il.