La chancelière allemande Angela Merkel a appelé jeudi à sauver l'euro sous pression en raison de la crise grecque et de la dette européenne, ainsi qu'à renforcer la structure de l'Union européenne.
"Si l'euro échoue, ce n'est pas seulement la monnaie qui échoue mais bien plus, c'est l'Europe qui échoue et avec elle l'idée de l'Union européenne", a mis en garde la chancelière conservatrice à Aix-La-Chapelle (ouest), lors de la remise du prix Charlemagne au Premier ministre polonais Donald Tusk.
Les gouvernements de la zone euro ont promis de veiller à la stabilité de l'euro et "nous devons tenir cette promesse", a ajouté Mme Merkel alors que la monnaie unique subit actuellement les inquiétudes des marchés financiers.
La chancelière a répété que la crise de l'euro constituait "la plus grande épreuve" pour l'UE depuis 1990, et peut-être même depuis la signature du traité fondateur de Rome en 1957.
Selon elle, cette crise doit servir à renforcer l'UE.
"Nous avons une monnaie commune mais nous n'avons pas d'Union économique et politique", a-t-elle déploré, tout en considérant qu'un jour "tous les Etats membres de l'Union européenne auront l'euro comme moyen de paiement".
La chancelière, qui a elle-même reçu en 2008 le prix Charlemagne pour son engagement en faveur de l'Europe, a dit espérer que l'UE osera aussi "d'autres avancées, par exemple une armée européenne commune".
Le prix Charlemagne honore chaque année depuis 1950 des personnalités ayant contribué à faire avancer la cause européenne.
En 2002, le prix était même revenu à la monnaie unique.
Il récompense cette année M. Tusk pour son combat contre les tendances nationalistes en Europe orientale et pour avoir été un fervent partisan de la ratification par son pays du traité européen de Lisbonne.
Chef du gouvernement polonais depuis novembre 2007, Donald Tusk est le troisième Polonais en douze ans, après le pape Jean-Paul II en 2004 et l'ancien ministre des Affaires étrangères, Bronislaw Geremek en 1998, à se voir attribuer cette récompense.
M. Tusk a estimé que la crise dans la zone euro était une "grande chance" pour que l'Europe en sorte renforcée.
La chancelière lui a rendu hommage pour son engagement d'"Européen convaincant et convaincu", sa politique clairement tournée vers "la tolérance et la diversité" ainsi que la "coopération au lieu de la confrontation".
Parmi les anciens lauréats du Prix Charlemagne figurent notamment Jean Claude Juncker (2006), Bill Clinton (2000), Tony Blair (1998), Jacques Delors (1992) et François Mitterrand/Helmut Kohl (1988).