Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé mercredi une cure d'austérité radicale pour accélérer la réduction des importants déficits publics, dont une baisse de 5% du salaires des fonctionnaires, sous la pression de l'UE et des marchés.
"Ce n'est pas facile pour le gouvernement d'approuver" ces décisions, a reconnu M. Zapatero devant les parlementaires, en détaillant des mesures par nature impopulaires qu'il s'était engagé à adopter dimanche au sommet de l'Eurogroupe dans le cadre du plan massif de soutien à zone euro.
L'Espagne est l'un des pays qui est le plus sous la pression des marchés en raison de la dégradation de ses finances publiques et constituait un des points faibles de la crédibilité financière de la zone euro, pour certains analystes.
L'exécutif socialiste s'était engagé à prendre des mesures additionnelles d'austérité pour un montant de 15 milliards d'euros, en plus du plan préexistant de 50 milliards d'euros pour ramener les déficits publics de 11,2% du PIB en 2009 à 3% du PIB en 2013.
Cet objectif n'est pas modifié, mais les 15 milliards d'euros supplémentaires (5 mds en 2010 et 10 mds en 2011) permettront de réduire les déficits d'un demi-point de PIB supplémentaire en 2010 et d'un point en 2011.
Ces nouvelles mesures ont une "incidence sociale évidente", a reconnu le chef du gouvernement socialiste, confronté à un paysage social déjà sinistré par un taux de chômage supérieur à 20% de la population active.
Le gouvernement va donc notamment réduire de 5% en moyenne les salaires des fonctionnaires à partir de juin 2010 et les geler en 2011. Les hauts salaires de la fonction publique seront plus lourdement affectés. Les membres du gouvernement vont baisser leur salaire de 15%.
Il va aussi geler la revalorisation des retraites en 2011, sauf les plus basses, supprimer en 2011 l'aide à la naissance de 2.500 euros qu'il avait instaurée en 2007 pour soutenir la natalité.
L'exécutif socialiste va aussi réduire de 600 millions d'euros l'aide au développement en 2010-2011, un domaine dans lequel il se voulait à la pointe des pays riches.
L'investissement public sera diminué de 6,045 milliards d'euros d'ici 2011 et le gouvernement va demander aux régions et aux municipalités de faire 1,2 milliard d'euros d'économies additionnelles.
Le gouvernement, qui il y a encore une semaine, excluait toute mesure d'austérité supplémentaire, pour ne pas gêner la timide reprise économique, a reconnu que ces mesures affecteraient de "quelques décimales" à la baisse la croissance de l'économie espagnole en 2011.
Madrid tablait sur une croissance du PIB de 1,8 en 2011, une prévision supérieure à celles du FMI et de la Commission européenne, qui a contribué à faire douter les marchés sur la capacité de l'Espagne à atteindre ses objectifs officiels.