Les quelque 400 salariés de PSA Peugeot Citroën à Melun-Sénart ont exprimé inquiétude et colère mercredi, au lendemain de l'annonce de la fermeture du site en 2012 dans le cadre d'un plan de mobilité.
A l'embauche du matin, des dizaines de salariés du site, situé à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), affichaient des visages fermés, tandis que quelques voitures débarquaient sur le parking avec klaxons et sifflets mais sans débordements.
L'annonce de la fermeture doit intervenir le 20 avril en comité central d'entreprise extraordinaire, mais elle a été confirmée dès mardi soir par la direction qui entend la "gérer progressivement" par de la mobilité interne et des départs volontaires.
Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a souligné que cette fermeture ne contrevenait pas au plan de soutien à l'automobile car il ne prévoyait aucun licenciement et ne visait pas un "site de production".
"L'ensemble de ses salariés vont se voir proposer une solution en interne et l'activité va être rapatriée sur le site de Vesoul (Haute-Saône) qui est le plus grand site de pièces détachées en Europe", a-t-il assuré.
En novembre 2009, le président du directoire du groupe, Philippe Varin, avait déclaré qu'il n'y avait "aucun projet de plan de restructuration, ni de nouveau plan de départs chez PSA".
Salah Traikia, père de famille et salarié sur le site depuis 10 ans, a confié à l'AFP être "en colère" et "triste" car il aimerait "pouvoir rester travailler ici". "On a cru la direction quand elle nous disait qu'il n'y aurait pas de fermeture, on n'aurait pas dû", a-t-il regretté.
Du côté de la CFTC, syndicat majoritaire à Moissy-Cramayel, qui distribuait des tracts à l'entrée du site mercredi matin, l'heure est à "l'information des salariés" et, a expliqué à l'AFP son délégué Vincent Bailly, à la recherche d'"un projet bis pour garder des activités sur le site".
Stéphane d'Anastasio, responsable d'équipe et depuis 1996 sur le site, dit lui qu'il "s'y attendait, comme beaucoup". "Je suis déprimé, dégoûté, ils ont parlé de nous reclasser mais quand on a une famille, c'est difficile de partir", a-t-il dit.
"Une chose est sûre, c'est que nous serons au comité central d'entreprise pour nous faire entendre", prévient un autre salarié.
La CFDT a réagi par un communiqué dans lequel elle estime que "les salariés de Melun sont sacrifiés pour faire des bénéfices". Pour elle, PSA aurait pu "conserver Melun pour tout l'approvisionnement de la France (y compris la région parisienne) et utiliser Vesoul pour le reste du monde".
La CGT a réclamé quant à elle la nomination d'experts indépendants et dénoncé la "stratégie à court terme" de PSA, appelant les salariés à tenir des assemblées générales, lors d'une conférence de presse organisée, pour marquer le coup, au siège de la Confédération à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
"Les 400 salariés de Melun restants vont devoir choisir entre la peste et le choléra: soit accepter des mutations dans des conditions encore obscures, soit quitter l'entreprise avec le couperet de la fermeture", a lancé Bruno Lemerle, délégué CGT de PSA à Vesoul.
"Arithmétiquement le compte n'y est pas car on nous annonce 400 emplois en moins à Melun-Sénart, et 100 en plus à Vesoul", a-t-il ajouté.
Et Younes Mekideche, délégué CGT à Melun-Sénart, a pour sa part dénoncé "l'hypocrisie d'un plan de départ +volontaire+ qui est en fait +forcé+ car on n'a pas le choix".