Une erreur s'est glissée dans notre dépêche précédente concernant la fonction de Gilles Pélisson. Ce dernier est bien PDG d'Accor. Le texte corrigé suit.
Avec une hausse de 3,61% à 42,44 euros, Accor a enregistré aujourd'hui la seconde plus forte hausse des valeurs du CAC 40. Les investisseurs ont salué une rumeur selon laquelle le groupe Lucien Barrière serait introduit en bourse prochainement. D'après le site d'information financière Wansquare, l'IPO du groupe de casinos, d'hôtels et de restaurants pourrait prendre place dès la fin du mois de juin ou le début du mois de juillet. Accor espère réduire fortement son endettement en procédant à cette introduction en bourse. Lazard, la Société Générale et Natixis seraient les banquiers introducteurs.
Accor détient 49% de Lucien Barrière, et avait fait savoir en février qu'il souhaitait se désengager de ce groupe. Lors de la publication des résultats annuels, Gilles Pélisson, PDG d'Accor, avait fixé la date de cette cession à «avant la fin de l'année 2010».
CM-CIC a réitéré sa recommandation Acheter et son objectif de cours de 42 euros sur la valeur. Le broker explique que la cession de Lucien Barrière pourrait permettre à Accor de réduire la dette de sa division «hôtels et activités annexes» et de recentrer celle-ci sur son core business.
En l'état actuel des choses, la dette nette du groupe s'élève à 1,6 milliard d'euros. Lors de la scission des activités d'Accor, la dette devrait se répartir à hauteur de 1,2 milliard d'euros pour l'hôtellerie et 0,4 milliard pour les services. Les cessions d'activités non stratégiques devraient permettre d'alléger la dette de l'hôtellerie.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 30.09.2009 : 5.258 millions d'euros (-8,9%)
Au 30.06.2009 : 3.410 millions d'euros (-9,3%)
Au 31.12.2008 : 7,73 milliards d'euros, - 4,7% mais en progression de 2,8% à périmètre et changes constants.
Résultats/=
Au 30.06.2009 : Résultat avant impôt et éléments non récurrents : 182 millions d'euros (-53,7%) ; Résultat net part du groupe : perte de 150 millions d'euros (contre un profit de 310 millions au premier semestre 2008)
Au 31.12.2008 : Résultat avant impôt et éléments non récurrents : 875 millions d'euros (-3,5%) ; Résultat net part du groupe : 575 millions d'euros (-34,9%)
Prévisions
Le groupe a récemment maintenu son objectif de résultat avant impôt et éléments non récurrents pour l'année 2009 compris entre 400 et 450 millions d'euros.
Pour 2010 le groupe est très prudent en se basant sur le fait que la reprise dans l'hôtellerie n'intervient généralement que 3 à 6 mois après un rebond du PIB.
Stratégie
Depuis quelques années, à l'instar de ses concurrents internationaux comme Marriott, Accor cède une partie des murs de ses hôtels et se concentre sur des accords de gestion ou de franchise de ses établissements. L'objectif de cette politique, combinée à des réductions de coûts, est d'accroître la capacité de la branche Hôtellerie à générer du cash. Le groupe a ainsi modifié le modèle économique de cette activité en réduisant son intensité capitalistique (stratégie de l' «asset right ») et en se positionnant comme un gestionnaire de marques.
Accor désire également centrer son développement sur l'hôtellerie économique et moyen de gamme, l'Europe et les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
Evènements financiers
Le 16 décembre dernier, le conseil d'administration a voté la scission entre les deux grands métiers du groupe, l'hôtellerie et les services prépayés (tickets restaurants, cartes prépayées, cartes cadeaux). Ce projet est porté par les deux principaux actionnaires, les sociétés d'investissement Colony Capital et Eurazeo, qui détiennent ensemble environ 30% du capital d'Accor. L'objectif est de mieux valoriser ces deux activités en Bourse.
Les actionnaires devront se prononcer sur la scission lors d'une assemblée générale extraordinaire à travers un vote à la majorité des deux tiers. Cette assemblée devrait se tenir au premier semestre 2010.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- A fin septembre 2009, le groupe a tiré partie de son positionnement sur l'hôtellerie économique et le milieu de gamme, qui lui permet de limiter les effets de la crise pour sa branche Hôtellerie. A cela s'est ajoutée la bonne performance de la division Services prépayés, la seule à bénéficier d'une croissance de son activité à données comparables (+3,6%) ;
- Un certain nombre d'experts considèrent que la scission est très pertinente car aucune SYNERGIE n'existe entre les deux métiers du groupe. L'opération devrait aussi permettre à chaque métier d'être plus lisible pour les investisseurs ;
- Accor bénéficie d'une structure financière solide avec un gearing de 30% à fin 2008 ;
- Le partenariat avec MasterCard devrait renforcer la croissance de l'activité Services, alors que celle-ci résiste mieux à la crise ;
- 66% de l'excédent brut d'exploitation provient des activités les moins cycliques : l'hôtellerie économique et les services prépayés ;
- Après avoir été interrompue suite à la crise, la politique de cession des murs d'hôtels, désormais reprise, devrait accroître la rentabilité des capitaux investis dans l'Hôtellerie ;
- Même si le groupe est engagé dans un plan de réduction des coûts, le dividende versé en 2009 reste inchangé.
Faiblesses
- Accor réalise la majeure partie de son activité dans le secteur hôtelier, qui subit de plein fouet les effets de la crise ;
- Certains experts soulignent les risques que fait peser sur le long terme la scission. En effet, jusqu'à présent, les Services, activité plus rentable et moins cyclique, finançaient le développement de l'Hôtellerie et lui permettaient de mieux résister à la crise ;
- L'inquiétude des investisseurs quant à la scission est également liée à la dette globale du groupe, qui devrait être ensuite logée au sein de la division des Services ;
- En septembre dernier, Standard & Poor's a placé sous surveillance avec implication négative les notes à long terme BBB et court terme A-3 d'Accor, tenant compte de la baisse cyclique dans l'activité hôtelière ainsi que des incertitudes suite à la séparation possible de sa branche services prépayés d'avec l'activité hôtelière ;
- Sur les neuf premiers mois, l'Hôtellerie haut et milieu de gamme et l'Hôtellerie économique aux Etats-Unis ont été fortement impactées par l'ENVIRONNEMENT dégradé ;
- Le groupe est peu diversifié géographiquement et tire plus de 60% de ses revenus de l'Europe (France incluse).
La valeur et son secteur
Principales activités
Deux grands métiers : l'Hôtellerie (marques Sofitel, Pullman, MGallery, Novotel, Mercure, Suitehotel, Ibis, All seasons, Etap Hotel, Formule 1 et Motel 6) et les Services (avantages aux salariés et aux citoyens, récompenses et fidélisation, gestion des frais professionnels).
Le secteur
Le secteur est affecté par la crise économique, qui a un impact particulièrement négatif sur l'hôtellerie haut de gamme, très dépendante des flux touristiques internationaux. A cette tendance s'ajoute l'affaiblissement du dollar par rapport à l'euro qui pénalise les touristes américains. Par contre, les voyageurs européens sont avantagés lorsqu'ils voyagent vers les Etats-Unis. Grâce à la faiblesse du dollar, les prix sont, pour eux, historiquement bas.
La valeur dans son secteur
Leader européen dans l'hôtellerie, leader mondial dans les services aux entreprises et aux collectivités publiques.
Comment suivre la valeur
Son activité d'hôtellerie rend la valeur cyclique, la crise économique actuelle pesant sur son chiffre d'affaires.
Les indices sectoriels à suivre sont le taux d'occupation des hôtels et le RevPar, revenu par chambre disponible.
La scission probable, et son impact sur la valeur du titre, sont à surveiller étroitement. Son impact sur l'activité Hôtellerie est également à examiner car le programme de cessions de murs d'hôtels, devrait être accéléré pour optimiser la génération de cash-flows de cette branche. Un nouveau plan d'économies pourrait être mis en place.
Actionnaires
Dernier dividende versé
1,65 euro par action sur le résultat 2008
Taux de distribution des dividendes
63,5%
Taux de croissance du dividende par action
Inchangé par rapport à l'année précédente
Rendement
5%
Estimation du prochain dividende par action
0,80 euro pour 2009
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
Démarrée au second semestre de l'an passé, la reprise devrait se confirmer cette année, selon l'OMT. Cet organisme table sur une croissance de 3% à 4% et prévoit que le tourisme en Asie bénéficiera du plus fort rebond. La croissance en Europe sera, elle, plus modérée tandis que le continent africain tirera partie de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. La croissance mondiale du nombre de touristes pourrait même être revue à la hausse, compte tenu de l'augmentation de 2% enregistrée lors du dernier trimestre 2009. Ce regain d'optimisme résulte de la conjugaison d'un ensemble de facteurs positifs, notamment le retour de la confiance des entreprises et des consommateurs, des taux d'intérêt et d'inflation qui demeurent à de bas niveaux, et de nombreux événements internationaux dont les Jeux olympiques d'hiver de Vancouver et l'exposition universelle de Shanghai. Les éléments d'incertitude, expliquant que le secteur ne devrait pas beaucoup recruter cette année, ne sont néanmoins pas à négliger. La reprise économique mondiale reste fragile et les menaces terroristes demeurent.