En hausse de 4,63% à 11,30 euros, Manitou signe la deuxième plus forte performance du srd derrière Sperian (+15%), soutenu par des perspectives encourageantes. Le spécialiste des chariots tout terrain a pourtant accusé de fortes pertes l'an dernier. "2009 a été une année sans précédent avec un chiffre d'affaires divisé par deux et une production industrielle divisée par quatre", a commenté le directeur général du groupe Jean-Christophe Giroux, cité dans le communiqué.
Durement frappé par la crise en raison du caractère cyclique de son activité, Manitou a essuyé en 2009 une perte nette de 131,3 millions, contre un bénéfice de 4,1 millions en 2008. La perte opérationnelle s'est établie à 145,9 millions d'euros, contre un bénéfice de 45 millions un an plus tôt. L'Ebitda récurrent est ressorti en perte de 35,9 millions, contre + 132 millions en 2008 tandis que le chiffre d'affaires a décliné de 46% à 684,1 millions. Les analystes interrogés par Thomson-Reuters tablaient en moyenne sur une perte nette de 104,6 millions et un chiffre d'affaires de 673,5 millions.
Pour autant, a souligné le dirigeant, le groupe a remboursé en seulement 12 mois la moitié de sa dette à 243,2 millions d'euros; Manitou a une année d'avance sur son échéancier de remboursement et son ratio de gearing s'établit à 73%.
L'apurement des comptes est donc pour une large part réalisé, a souligné Gilbert Dupont. Le groupe de se tourner vers l'avenir, a ajouté la société de bourse. Enregistre un rebond technique des commandes, la direction a confirmé son objectif d'une croissance du chiffre d'affaires 2010 de 5% à 10% et d'un retour à l'Ebitda à l'équilibre.
"Même si les signaux d'une reprise réelle restent difficiles à lire, nous rentrons dans une nouvelle phase avec une organisation allégée, un leadership intact et de nouvelles ambitions pour notre activité, NOS réseaux et nos clients", a précisé Jean-Christophe Giroux.
Au vue de ces "indications encourageantes pour 2010", le broker a modifié son opinion sur la valeur d'Alléger à Accumuler avec un objectif de cours relevé de 9,7 à 11,9 euros. "
"Même si toutes les incertitudes ne sont pas encore levées, le cours actuel nous paraît constituer un point d'entrée pour jouer le redressement du groupe dans une optique de long terme".
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Manitou propose aujourd'hui la gamme de produits la plus importante du marché.
- Le groupe consacre une large place à la R&D et propose des engins innovants.
- Manitou est présent sur les marchés émergents, très dynamiques.
- L'acquisition de l'américain Gehl devrait lui permettre de se positionner favorablement en Amérique du Nord, où il bénéficiera d'une taille critique pour fournir les réseaux de loueurs. Les deux groupes possèdent une complémentarité des gammes et des zones géographiques.
Les points faibles de la valeur
- Le marché des biens d'équipement traverse une crise très profonde. Le groupe ne donne pas d'objectif de retour aux bénéfices. Les analystes ne prévoient pas de reprise des investissements avant 2011.
- Le groupe a d- encore passer de nouvelles charges pour dépréciation des actifs de sa filiale américaine Gehl. Cette société a été acquise au prix fort au début de la crise.
-Les composants entrant dans l'assemblage des chariots tout terrain subissent une inflation importante.
Comment suivre la valeur
- Il est important de surveiller l'évolution des tarifs de la concurrence, sur lesquels Manitou sera plus ou moins forcé de s'aligner s'il veut conserver ses parts de marché.
- La baisse de la livre favorise le britannique JCB, principal rival de Manitou.
- Le groupe s'est engagé dans un plan d'économies pour faire face aux nouvelles conditions de marché.
- La réduction de l'endettement du groupe et la restructuration de la dette de Gehl devraient rassurer le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
D'après la Fédération des industries mécaniques (FIM), la mécanique française a subi une chute historique de 15% de son chiffre d'affaires, à 98 milliards d'euros, en 2009. Ce secteur, qui emploie 650.000 personnes, a enregistré un recul de 5,5% de ses effectifs. Cette évolution n'est pas spécifique à la France. Elle a touché même le très puissant secteur des biens d'équipement allemand, qui représente un cinquième de la production mondiale. La machine-outil allemande (qui représente 920.000 salariés) a d- affronter un plongeon de 24,8% de ses facturations, à 160,1 milliards d'euros, un niveau inférieur à celui de 2006. Les usines allemandes ont tourné en moyenne à 70% de leur capacité l'an dernier, contre 89% un an auparavant. La branche a perdu 30.000 postes. C'est la pire performance depuis un demi-siècle. Ce secteur, très dépendant de la demande internationale, a pâti d'un retrait de 25,5% de ses exportations. La Chine est devenue le premier client étranger du secteur, avec une augmentation de 4,2% des ventes, à 10,3 milliards d'euros. Elle a ainsi devancé les marchés nord-américains (-30,6%) et français (-27,1%). Les commandes ont, elles, baissé de 38%.