Daimler est stable (-0,04% à 35 euros) après avoir gagné 1,52% hier, soutenu par la perspective d'un rapprochement industriel avec Renault et probablement l'alliance Renault-Nissan. La signature d'un partenariat serait favorable aux deux entités. Le constructeur allemand a clairement besoin d'un partenaire comme Renault pour élargir sa gamme vers des petits modèles. Il satisferait ainsi plus facilement les exigences des nouvelles normes environnementales tout en réalisant des économies d'échelle sur ces petits modèles, Classe A et B et surtout Smart, dont le développement a coûté très cher.
Les discussions engagées depuis plusieurs mois à l'initiative de Daimler seraient sur le point d'aboutir. Selon le "Financial Times", la mise en place d'un partenariat stratégique devrait se traduire par une alliance capitalistique. Le P-DG de Renault en ferait en effet une condition préalable à tout accord tandis que le patron de Daimler serait moins réticent qu'auparavant.
Le scénario évoqué par le FT est celui d'une prise de participation croisée entre Renault et Daimler de l'ordre de 3%. D'après la presse japonaise du jour, l'échange capitalistique pourrait également concerner Nissan, allié à Renault qui en détient 44%.
Pour l'heure, Renault et Daimler refusent de commenter les négociations en cours et ne confirment pas ces informations. Mais, selon le "Figaro", Renault aurait convoqué un conseil d'administration le 6 avril pour finaliser ce dossier. L'objectif serait de pouvoir annoncer un accord dans la foulée aux actionnaires de Daimler et de Renault, dont les assemblées générales se tiennent respectivement le 14 et le 30 avril.
Une prise de participation croisée entre Renault et Daimler signifierait que l'obstacle constitué par l'écart de valorisation entre les deux groupes (10 milliards d'euros pour le français et 37 milliards pour l'allemand au cours actuel) a été contourné", souligne le quotidien français. Dans cette perspective estime Oddo Securities, l'entrée de Nissan (27 milliards d'euros de capitalisation boursière) pourrait constituer une solution. Une telle opération serait probablement de nature à accélérer la cession par Renault de sa participation de 3,3 milliards d'euros dans Volvo.
Selon Oddo, la signature d'un accord industriel entre Daimler et l'alliance Renault-Nissan serait très intéressante : étalement de coûts de développement croissants (notamment du fait du renforcement des contraintes environnementales) sur des volumes plus importants.
Pour le broker, la signature d'un accord capitalistique n'est pas une fin en soi, mais doit être vue comme un moyen, une condition nécessaire, aux yeux de Renault et Nissan pour engager des coopérations stratégiques avec un nouveau partenaire.
"Cet accord, s'il se concrétisait, ne pourrait que conforter notre position à l'Achat sur Renault et améliorer notre vision sur Daimler sans toutefois changer toutefois notre recommandation Alléger. Nous préférons aujourd'hui BMW dans le segment Premium", conclut l'analyste.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobiles - Constructeurs
Les perspectives ne sont pas bonnes pour le marché automobile cette année. En France, les spécialistes estiment que de nouvelles réductions d'effectifs devraient intervenir à la fois chez les constructeurs et leurs grands fournisseurs. Elles s'établiraient entre 10.000 et 15.000. L'arrêt du dispositif de primes à la casse devrait provoquer une chute du marché de 10% en 2010. Selon les analystes d'Euler Hermes, les constructeurs devraient réduire l'activité de leurs usines automobiles à partir du printemps, une fois que les derniers véhicules commandés avant la baisse de la prime à la casse auront été achevés. Pour faire face à un recul de la demande, les intervenants multiplient les promotions. Ainsi Renault a compensé l'arrêt de la prime à la casse en rajoutant 300 euros de réduction jusqu'à fin février. A mi-décembre 2009, Peugeot a doublé cette prime. Si elle a un impact commercial certain, cette stratégie est toutefois risquée car elle a une influence négative sur la rentabilité des constructeurs. En Europe, les professionnels estiment que les immatriculations de voitures neuves devraient chuter entre 8% et 10% pour 2010.