Les députés ont entamé mercredi le texte visant à encadrer le crédit à la consommation, source de surendettement pour 800.000 ménages en France, Christine Lagarde (Economie) l'ayant corsé pour demander plus aux banques, accusées par la gauche d'être seules responsables.
"Nous voulons encourager le crédit qui a permis de soutenir la consommation. Pour autant, nous souhaitons protéger nos concitoyens contre un certain nombre de points noirs", a indiqué Mme Lagarde en citant "la publicité tapageuse, les cartes fidélité qui vous entraînent dans du crédit consommation, le crédit sans garde-fou, sans vérification".
"J'ai souhaité aller plus loin, les banques et les établissements financiers doivent aussi jouer un rôle", a-t-elle dit.
Dans la matinée, la ministre a présenté plusieurs amendements de dernière minute "pour que les ménages en surendettement ne se trouvent pas en risque de fermeture de compte", une fois les banques informées du dépôt d'un dossier de surendettement.
Elle a également souhaité que les banques proposent aux ménages surendettés "des services adaptés", sans plus de précision. Elle défendra par ailleurs une mesure afin "que le plan de redressement des ménages surendettés soit opposable à l'intégralité des créanciers" et une autre afin "d'engager les banques à soutenir le micro-crédit".
Ces mesures restent toutefois en retrait des propositions de nombreux parlementaires, de droite comme de gauche. Beaucoup réclament par exemple la création d'un fichier positif recensant l'ensemble des crédits aux particuliers.
Le principe, défendu par certains UMP, le Nouveau Centre et le PS, avait d'ailleurs été adopté en commission des Lois avant d'être rejeté par celle des Affaires économiques. Le débat a ressurgi dans l'hémicycle. François Loos (UMP) a souligné les "inconvénients" d'un tel fichier, jugé en revanche nécessaire par Eric Diard (UMP).
Patrick Ollier (UMP) a lui aussi estimé que "si on n'est pas capable de mettre ce fichier positif en place, il sera difficile de maîtriser réellement la manière dont les ménages vont vers un surendettement catastrophique".
Deux amendements qu'il "soutient" donnent un an ou 18 mois au gouvernement pour "réfléchir à la création" de ce ficher.
A gauche, Jean-Pierre Brard (app. PCF) s'en est pris directement aux "banques et grands groupes, premiers bénéficiaires des crédits à la consommation". Et de pointer le gouvernement qui "n'entend pas remédier à cette situation" car "un tel changement de cap serait étonnant après l'octroi aux banques depuis le début de la crise de dizaines de milliards d'euros sans contrepartie".
François Brottes (PS) a accusé lui le gouvernement de "non assistance à personne en danger" pour "refuser d'affronter une remise en cause totale de ce mode de crédit de l'arnaque". Quand "nos concitoyens les plus dans la galère sont les plus sollicités pour dégager des profits bancaires, je pense que nous atteignons là le seuil de l'indécence!", s'est-il insurgé.
Selon lui, "le retard pris dans cette réforme du crédit à la consommation est criminel".
Dans la majorité, quelques uns crient eux aussi à l'urgence. M. Ollier a plaidé pour "l'adoption rapide" du texte, présenté à l'Assemblée neuf mois après son adoption au Sénat.
Entre-temps, le cap des 200.000 dossiers traités par les commissions de surendettement a été franchi, a-t-il indiqué. Une augmentation de 16,1% par rapport à 2008.