Le procès pour corruption et espionnage industriel du responsable de Rio Tinto et trois collaborateurs chinois s'est achevé mercredi à Shanghai, mais Canberra et la communauté d'affaires internationale devront attendre pour connaître le jugement.
Stern Hu, directeur du bureau à Shanghai de Rio Tinto et trois employés chinois du géant minier anglo-australien, Liu Caikui, Wang Yong et Ge Minqiang, comparaissaient depuis lundi.
Leur arrestation en juillet avait interloqué et inquiété le monde des affaires, notamment les investisseurs étrangers qui travaillent parfois dans des zones de "flou" juridique dans ce pays. Elle a également tendu les relations entre Pékin et Canberra.
Mais le procès semble avoir étayé au moins une partie des accusations, relatives aux faits de corruption. Selon les avocats, les quatre accusés ont plaidé coupable dans ce volet du dossier, tandis que la presse officielle chinoise s'est faite l'écho de témoignages accablants sur le versement de dizaines de millions de yuans de pots-de-vin.
A l'issue de deux jours et demi d'audiences, un porte-parole du tribunal et plusieurs avocats ont refusé de supputer sur la date à laquelle celui-ci pourrait faire connaître sa décision.
Les jugements ne sont généralement pas annoncés dans la foulée des procès en Chine et le ministre australien des Affaires étrangères Stephen Smith, cité par des médias, a estimé mercredi que plusieurs jours pourraient s'écouler avant une annonce.
L'examen des accusations de vols de secrets commerciaux s'est tenu à huis clos, sans même un représentant consulaire australien, bien que les autorités de Canberra aient insisté pour y assister --et s'assurer de l'équité du processus.
Pékin a repoussé ces demandes, soulignant que les accusés seraient traités selon la loi, et arguant d'accords sino-australiens existants.
Zhang Peihong, un des avocats de Wang Yong, a affirmé qu'un des accusés --mais pas son client-- avait plaidé coupable de vol de secret commercial.
Officiellement ouverte au public, la partie réservée à l'étude des charges de corruption n'a été accessible qu'à une poignée de médias officiels et les informations parvenues à la presse étrangère sont venues des avocats.
Selon ces derniers, les quatre employés de Rio Tinto ont bel et bien plaidé coupables de corruption, tout en contestant certains aspects du dossier, notamment les montants des pots-de-vin touchés.
Stern Hu est accusé, comme Ge Minqiang, d'avoir touché 6 millions de yuans (près de 650.000 euros), Liu 3 millions, tandis que Wang Yong aurait lui reçu plus de 70 millions.
Ces accusations pourraient leur valoir jusqu'à 15 ans de prison selon un avocat, mais la peine serait bien plus lourde s'ils étaient fonctionnaires.
Selon le quotidien d'Etat National Business Daily, des témoins ont raconté que des dizaines de millions de yuans en liquide avaient été remis en main propre aux employés de Rio Tinto, emballés dans des cartons, sacs et autres conteneurs.
Wang Yong aurait affirmé qu'il avait en fait emprunté cet argent à l'un des hommes les plus riches de Chine, Du Shuanghua, ancien patron d'un groupe sidérurgique de la province du Shandong, Rizhao Iron & Steel group.
Mais selon le journal, Du a démenti devant le tribunal et dit avoir versé neuf millions à l'accusé, pour obtenir un traitement préférentiel, lors de l'achat du minérai de fer.
Stern Hu de son côté a admis une partie des accusations devant le tribunal, avait indiqué le consul général d'Australie Tom Connor au premier jour du procès.
A Pékin pour un forum économique, le patron de Rio Tinto, Tom Albanese, avait dit "attendre respecteusement le résultat du processus légal chinois", tout en faisant part de sa "grande préoccupation".