Prudential est violemment sanctionné sur le marché londonien : le titre dévisse de 11,45% à 533,90 points dans un marché par ailleurs bien orienté. L'indice DJStoxx européen de l'assurance gagne en effet dans le même temps 0,84%. Ce mouvement reflète les craintes des investisseurs, alors que l'assureur britannique a confirmé le rachat d'AIA, une filiale d'assurance-vie d'American International Group en Asie. Le titre Prudential a été suspendu pendant plusieurs heures dans l'attente d'une communication officielle du groupe concernant cet accord.
L'assureur a indiqué que le montant de la transaction s'élèverait à 35,5 milliards de dollars (26 milliards d'euros). 25 milliards de dollars seront versés en numéraire tandis que les 10,5 milliards restants seront payés en actions. Le montant numéraire du deal sera financé par le biais d'une augmentation de capital de 20 milliards de dollars et par l'émission de cinq milliards de dollars de dette garantie.
Prudential a affirmé qu'il s'agissait d'une «opportunité unique et stratégiquement satisfaisante de créer le numéro un de l'assurance en Asie du Sud Est».
Un argument qui ne semble pas avoir convaincu le marché, qui s'inquiète du montant important du deal et de l'effet dilutif de l'augmentation de capital à venir.
Du côté d'AIG, cette opération représente la cession la plus importante depuis que l'Etat fédéral l'a sauvé de la faillite fin 2008 en versant plus de 180 milliards de dollars d'aides publiques.
AIA regroupe 60 milliards de dollars d'actifs en Asie. La filiale possède un réseau de 250 000 agents et 20 000 salariés.
Prudential, fusionné avec AIA, devrait devenir le numéro un en termes de part de marché au Vietnam, aux Philippines, à Singapour, en Thaîlande, en Chine, en Malaisie, à Hong Kong, ainsi qu'en Indonésie, selon l'agence Reuters.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
Les agences de notation ont récemment souligné la fragilité du marché français de l'assurance et en particulier la faible rentabilité des assureurs. Ainsi, selon Fitch Ratings, le défi pour les assureurs français (en vie comme en non-vie) sera de restaurer leur rentabilité, et donc leur solvabilité, alors que l'ENVIRONNEMENT financier reste incertain. L'agence de notation a donc récemment maintenu la perspective négative qu'elle avait attribuée au secteur en octobre 2008. Ce point de vue est corroboré par l'analyse de Mood'ys, qui a placé en octobre dernier, le marché français sous perspective négative, ce qu'il avait déjà fait auparavant pour l'assurance européenne. L'agence insiste sur le fait que l'assurance française, qui a bien traversé la crise, pourrait souffrir en 2010-2011 de plusieurs facteurs négatifs : une demande en baisse, une rentabilité opérationnelle sous pression et une exposition aux risques toujours importante. Moody's estime même que la demande pour l'assurance-vie devrait reculer à long terme, essentiellement pour les supports en unités de compte. La concurrence renforcée, en vie comme en non-vie, devrait fragiliser les marges.