Rhodia a publié un résultat net part du groupe de 28 millions d'euros au quatrième trimestre contre -28 millions l'année dernière. L'EBITDA récurrent s'est élevé à 200 millions d'euros contre 141 millions d'euros au quatrième trimestre 2008. « La gestion efficace des prix dans un contexte de baisse des coûts de matières premières et d'énergie a généré un impact net positif de 92 millions d'euros, contribuant ainsi à rétablir la rentabilité à son niveau d'avant crise », a précisé le groupe chimique.
Le chiffre d'affaires a, lui, reculé de 5,2% à 1,083 milliard d'euros ; la hausse des volumes de 8% ne permettant pas de compenser la chute de 11% des prix.
Dans les conditions économiques actuelles, Rhodia prévoit en 2010 une amélioration significative de sa rentabilité avec un EBITDA récurrent en hausse d'au moins 35% par rapport à 2009.
« Si les pays émergents ont largement recouvré leur dynamique, la croissance en Europe reste incertaine », a précisé le groupe chimique. Dans ce contexte, Rhodia poursuivra ses programmes d'amélioration de la compétitivité. Le groupe a réalisé 114 millions d'économies en 2009 et prévoit une réduction de ses frais fixes de 130 millions d'euros en 2010, comparée à sa base de coûts de 2008.
Le versement d'un dividende de 0,25 euro par action sera proposé à la prochaine assemblée générale des actionnaires.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
EBITDA : L'EBITDA (Earnings Before Interest, Tax, Depreciation and Amortization) est un concept anglo-saxon, proche conceptuellement de l'EBE français : Excédent Brut d'Exploitation. Il désigne le solde entre les produits et les charges d'exploitation, mais ne prend pas en compte les amortissements et les provisions.
Les points forts de la valeur
- Le groupe a opéré un repositionnement en profondeur avec la cession des branches les moins rentables et la réorganisation autour de six pôles. Rhodia est l'un des trois premiers acteurs mondiaux de la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base.
- Le groupe a souvent fait preuve d'une bonne capacité à répercuter la hausse des matières premières et du dollar sur ses prix, préservant ainsi ses niveaux de rentabilité.
- Rhodia réalise 45% de ses ventes dans les pays émergents (notamment en Chine et au Brésil) et compte poursuivre son développement dans ces zones. C'est un avantage comparatif face à ses concurrents.
- Rhodia a développé une activité de revente de crédit carbone (CER). 30% du chiffre d'affaires du groupe s'inscrit dans une démarche de développement durable.
Les points faibles de la valeur
- Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar.
- Pour 2010, les tendances restent encore incertaines. La sortie de crise est marquée par d'importantes disparités régionales et sectorielles. Le groupe espère néanmoins profiter de la dynamique des marchés émergents.
- La structure bilantielle du groupe, avec notamment des capitaux propres négatifs, reste le principal point faible. La question de l'endettement financier est néanmoins en passe d'être résolue. La direction a renégocié la dette. Elle dépasse aujourd'hui de peu le milliard d'euros, soit le plus faible niveau depuis la création de Rhodia.
Comment suivre la valeur
- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique et extrêmement volatile.
- Les analystes jugent les perspectives 2010 déjà intégrées dans les cours.
- Le groupe résiste mieux que ses concurrents à la crise. Son statut d'acteur incontournable du secteur pourrait être renforcé en sortie de crise.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Standard & Poor's estime qu'en 2010, parmi les entreprises européennes, les sociétés chimiques devraient subir un taux de défaut particulièrement élevé. Les professionnels estiment que l'industrie chimique européenne devrait enregistrer un recul de 12,4% en 2009, la chimie française subissant, pour sa part, une baisse de 11,5%. Pour 2010 le marché devrait très significativement se redresser avec des taux de croissance de 4,7% pour l'Europe et de 5,5% pour la France. La chimie de base souffre d'une pression accrue sur les prix tandis que la chimie de spécialités doit faire évoluer son modèle. En effet, selon la société de consulting Booz & Cie, non seulement la crise limite la demande pour les produits innovants, qui tirent les prix à la hausse, mais de nouveaux entrants venus de Chine et d'Inde menacent leurs positions concurrentielles. D'après Standard and Poor's les producteurs de gaz industriels, les spécialistes des cosmétiques et des produits phytosanitaires (pesticides) sont les mieux lotis.