Michelin aborde avec "vigilance" une année 2010 "pleine d'incertitudes", après avoir vu son bénéfice divisé par trois l'an dernier, et va relancer les investissements pour répondre à la demande dans les pays émergents.
L'année 2010 s'annonce "pleine d'incertitudes avec très peu de visibilité sur les marchés et avec une hausse du prix des matières premières", ce qui "va requérir de notre part une grande vigilance", a prévenu Michel Rollier, gérant de groupe de pneumatiques, en présentant les résultats annuels.
Touché de plein fouet par les difficultés des constructeurs automobiles et la crise économique, le groupe a accusé une baisse de 9,8% de son chiffre d'affaires à 14,807 milliards d'euros.
Le bénéfice net part du groupe a reculé à 106 millions d'euros, contre 360 millions en 2008.
Ce résultat a pâti de charges de restructuration importantes, liées aux fermetures d'usines annoncées en France, aux Etats-Unis et au Japon et au plan de départs volontaires en France.
La chute des volumes vendus a atteint -14,8%, un "recul historique", sans équivalent dans l'histoire de Michelin, a relevé M. Rollier.
Toutefois, ce recul a été "sensiblement atténué" par la politique de prix du groupe et par la résistance de la marque, positionnée dans le haut de gamme.
Après une année de "baisse historique" des marchés, Michelin se montre encore très prudent pour 2010.
Le deuxième semestre a amorcé une reprise technique des ventes dans les pneus de voiture et camionnettes, liée à la fin du déstockage des distributeurs, et à l'amélioration des ventes de voitures soutenues par les primes à la casse.
Mais les chiffres du dernier trimestre restent inférieurs au niveau de 2007. Seule la croissance de la Chine fait vraiment exception.
Dans le secteur du pneu poids lourd, les chiffres restent "extrêmement négatifs" partout dans le monde, alors que la crise économique a pesé sur le transport, malgré là aussi un "rebond technique".
Dans ce contexte, la priorité va rester aux liquidités. Michelin s'est fixé pour objectif en 2010 de dégager un flux de trésorerie positive (free cash flow), comme il l'a fait en 2009 à hauteur de 1,4 milliard d'euros.
Le groupe va parallèlement poursuivre les réductions de coûts et "renforcer son potentiel de développement" dans les pays en forte croissance, Chine, Inde et Brésil. L'objectif est d'y réaliser 40% du chiffre d'affaires.
Dès 2010, Michelin va fortement relancer ses investissements, qui avaient été réduits de moitié l'an dernier à 672 millions d'euros.
De 1,1 à 1,2 milliard d'euros vont être investis cette année, notamment dans les projets de nouvelles usines en Chine, en Inde et au Brésil. Le même ordre de grandeur d'investissement sera maintenu en 2011.
Face à la reprise des hausses de prix des matières premières, Michelin va continuer à les répercuter sur ses prix. Des hausses ont été engagées en février en Amérique du Nord et d'autres suivront en Europe au deuxième trimestre.
Michelin table néanmoins sur un impact négatif des matières premières de 235 millions d'euros cette année, alors qu'un mouvement de baisse lui avait permis d'économiser 318 millions l'an dernier.
Malgré la chute des ventes et l'impact de la sous-utilisation des usines l'an dernier, le bénéfice opérationnel non récurrent a atteint 862 millions en 2009. Un résultat inférieur à 2008, mais traduisant une petite amélioration de la marge à 5,8%.
A la Bourse de Paris, l'action Michelin perdait 2,10% à 50,92 euros à 16h25 (15h25 GMT), dans un marché en baisse de 0,57%.